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"On est des artistes, pas des sportifs" : les spécialistes du breakdance sceptiques sur l'entrée de leur discipline aux JO

Le breakdance fait partie des quatre disciplines proposées comme sports invités aux Jeux olympiques de Paris en 2024. Mais les danseurs craignent que cela dénature leur pratique.

Article rédigé par franceinfo - Claire Leys, édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un danseur de breakdance à la "Paris battle pro", à La Seine musicale à Paris, le 23 février 2019 (illustration). (LUCAS BARIOULET / AFP)

Pour ou contre l'entrée du breakdance aux Jeux olympiques ? Le comité d'organisation des JO 2024 à Paris le souhaite, mais les danseurs sont loin d'être aussi enthousiastes, à l'image de ceux rencontrés à une compétition internationale, Juste debout, qui se déroule dimanche 3 mars dans la capitale, à l'AccorHotels Arena.

"La danse, c'est une poésie, comme de la peinture, estime Dimitri, professeur de hip-hop à Avignon. Quand on regarde une toile, c'est magnifique, on voit les détails, les contours, les ombres, plein de choses. En fait c'est ça la danse." Le danseur craint que la dimension artistique ne disparaisse si le breakdance arrive aux Jeux olympiques. D'ailleurs, les danseurs ne veulent pas dire qu'ils pratiquent un sport : c'est de l'art, une culture, une danse.

J'ai peur que la jeunesse se dise que c'est surtout que de la performance physique.

Dimitri, professeur de hip-hop

à franceinfo

Même son de cloche chez Emmanuel Oponga, qui fait partie du jury de Juste debout. Pendant la compétition, il n'accorde pas systématiquement ses points aux meilleures acrobaties. Ce qui compte pour lui, c'est l'émotion du danseur : "On réagit au cœur, c'est l'instant T. Il ne suffit pas simplement de faire la plus belle figure. Quelqu'un qui fera peut-être une figure moins belle que l'autre, il peut aussi gagner, parce que sur l'instant T, il a peut-être une meilleure danse, il arrive à improviser sur cette musique qu'il ne connaissait pas avant. Nous avons peur que, si le breakdance rentre aux JO, ça devienne plus comme de la gymnastique que de la danse."

"Ce n'est pas un sport, c'est un art à caractère sportif", complète Bruce Ykanji, le fondateur de Juste debout. Pendant la compétition, il donne de l'importance à un critère bien précis, qu'il sera difficile d'intégrer aux Jeux olympiques selon lui : l'émotion. S'il ne s'oppose pas fermement à l'entrée du breakdance aux JO, c'est quelque chose qui n'a pas vraiment de sens : "On est vraiment des artistes, pas des sportifs, même si on a des muscles. Les danseurs classiques ont des muscles aussi, les danseurs de jazz aussi, mais pour autant ils ne sont pas aux JO."

Aujourd'hui, il y a des évaluations, mais qui sont basées principalement sur l'émotion.

Bruce Ykanji, fondateur de Juste debout

à franceinfo

Impossible de trouver un danseur complètement convaincu à l'idée de voir le breakdance aux JO en 2024. Mais les passionnés de hip-hop ont encore un peu de temps pour changer d'avis. Le comité international olympique rendra sa décision finale en décembre 2020.

Le reportage de Claire Leys

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