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Suppressions de postes au ministère des Sports : "Une saignée complètement inacceptable"

Le député Nouvelle gauche Régis Juanico réagissait dimanche sur franceinfo à la suppression annoncée de 1 600 postes au ministère des Sports d'ici 2022.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le député Nouvelle gauche Régis Juanico à l'Assembléee nationale le 1er août 2017. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Le député Nouvelle gauche Régis Juanico a estimé, dimanche 9 septembre sur franceinfo, que la suppression annoncée de 1 600 postes relevant du ministère des Sports d'ici à 2022 était une "saignée complètement inacceptable". Selon le coprésident à l'Assemblée du groupe de travail sur les Jeux olympiques de Paris 2024, la feuille de route confiée à la nouvelle ministre Roxana Maracineanu est "libérale", "brutale" et "pas du tout adaptée aux objectifs qui font qu'on se mobilise aujourd'hui pour les Jeux olympiques et paralympiques de 2024".

franceinfo : Parleriez-vous, vous aussi, de "brutalité" pour cette lettre de cadrage qui envisage de supprimer 1 600 postes au ministère des Sports d'ici 2022 ?

Régis Juanico : Oui, bien évidemment, même si une lettre de cadrage n'est pas un budget définitif. L'an dernier, la lettre de cadrage prévoyait bien 7% de budget en moins, il y a eu 5%. C'est aussi notre rôle d'alerter, en tant que parlementaires, la ministre, et je suis étonnée que la ministre n'ait pas eu ces éléments de cadrage de la part du Premier ministre ou même de la part de Laura Flessel, d'ailleurs on comprend mieux pourquoi cette dernière est partie. Quand vous avez un rapport comme CAP 22, qui dit que le ministère des Sports n'est pas forcément très utile et peut disparaître, vous voyez bien que la feuille de route est extrêmement claire : elle est libérale, elle est brutale, et elle n'est pas du tout adaptée aux objectifs qui font qu'on se mobilise aujourd'hui pour les Jeux olympiques et paralympiques de 2024.

Vous craignez la disparition du ministère des Sports, avec la disparition de 1 600 postes et la prise en charge des conseillers techniques et sportifs directement par les fédérations ?

Oui, ça représente 120 millions d'euros d'aides de l'État, à travers ces postes de conseillers techniques et sportifs (CTS), qui sont à la fois des gens qui accompagnent des sportifs de haut niveau, mais aussi des conseillers techniques qui sont dans nos territoires, et qui accompagnent les clubs et les ligues dans le développement de leur activité. Quand vous touchez aux CTS, vous touchez à l'essence même du modèle sportif français. C'est tout simplement une saignée, qui est complètement inacceptable, car toutes les fédérations n'ont pas les moyens de pouvoir se payer des conseillers techniques et sportifs. Les fédérations de lutte ou de canoë-kayak par exemple n'en ont pas les moyens.

Comment ça se passe dans d'autres pays européens ?

Il y a différents modèles, plus ou moins autonomes. Et en France, il y a une agence du sport qui doit se développer, mais l'idée ne devrait pas être de faire disparaître totalement le ministère des Sports et l'État d'une politique publique qui est fondamentale, notamment pour la santé publique. Le budget des Sports, tous crédits confondus, c'est 500 millions d'euros. Si vous rajoutez les profs d'EPS à l'école, c'est 3 milliards d'euros. Mais c'est une goutte d'eau budgétaire, et on veut faire payer à ce ministère un prix qui n'est pas du tout sa part réelle dans le budget de la nation.

Mais il faut bien que ce ministère-là fasse aussi des économies, non ?

Quand vous êtes une part ridicule du budget de la nation, pourquoi vous mettre aussi à contribution alors que c'est une politique fondamentale pour laquelle on a dit qu'on voulait trois millions de pratiquants supplémentaires d'ici à 2024, et 80 médailles aux Jeux. Quand on a des objectifs ambitieux, on met des moyens ambitieux. Là, 1 600 CTS en moins, c'est 120 millions d'euros en moins, alors que depuis un an, il y a déjà une baisse des moyens financiers. C'est pas possible !

Y a-t-il a encore une chance selon vous que les coupes soient moins brutales qu'annoncé ?

Il ne fallait pas écrire une lettre de cadrage en ces termes, qui sont extrêmement brutaux. Il ne fallait pas écrire le rapport Cap 22, il fallait pas faire une circulaire pour réorganiser les services Jeunesse et Sports dans tous les territoires. Est-ce que c'est plié? Non, on va se battre. Il y a un mouvement sportif qui est très mobilisé, on le voit dans nos territoires, dans nos communes, les clubs ne comprennent pas le fossé entre les moyens et les ambitions. Ils sont extrêmement mobilisés, on va s'appuyer sur eux, sur les bénévoles, sur nos dirigeants dans les clubs, sur les éducateurs sportifs qui font qu'aujourd'hui on a des résultats comme à la Coupe du monde ou comme notre équipe de handball. C'est grâce à eux, s'il n'y avait pas ces éducateurs à la base, on n'aurait pas de très hautes performances.

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