JO d'hiver 2018 : à Pyeongchang, le vent bouscule sportifs et organisateurs
Des rafales à plus de 100 km/h ont été enregistrées dans la nuit de dimanche à lundi. La situation va durer encore deux jours, selon un prévisionniste de Météo France, joint par franceinfo.
Des portes couchées au sol, des télésièges qui virevoltent dans les airs, des skieurs qui se mettent à l'abri… Depuis deux jours, les Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang (Corée du Sud) font face à un concurrent inattendu et coriace : le vent. Plusieurs épreuves ont déjà dû être reportées et ce n'est que le début. Franceinfo vous résume la situation entre quatre questions.
D'où vient ce vent ?
La Corée du Sud est en ce moment balayée par des flux d'ouest qui balaient ses montagnes et notamment Jeongseon, où se déroulent les épreuves olympiques de ski. "A 1 500 m d'altitude, on a enregistré cette nuit des rafales à 110 km/h, explique Emmanuel Demaël, prévisionniste à Météo France. Elles ont atteint entre 80 et 90 km/h à 500 m."
En altitude, le thermomètre est descendu jusqu'à -20°C. "En ressenti, c'est pire. On est sur des températures entre -30 et -35°C." Question : la situation va-t-elle durer ? Oui, précise le prévisionniste à franceinfo. "Ça va continuer encore les deux prochains jours. Il faudra attendre la nuit de mercredi à jeudi pour voir un faiblissement du vent."
Quelles sont les conséquences ?
Plusieurs épreuves ont déjà dû être reportées. C'est le cas de la descente messieurs. Initialement prévue samedi, elle aura finalement lieu jeudi. C'est aussi jeudi que le géant dames – dans lequel la Française Tessa Worley fait partie des favorites – a été reprogrammé, après son report dans la nuit de dimanche à lundi.
Belle pagaille aussi sur le slopestyle féminin. A cause du vent, les organisateurs ont préféré annuler purement et simplement les qualifications... et envoyer directement les 27 snowboardeuses en finale. Elle a eu lieu cette nuit, dans des conditions encore loin d'être idéales. Le Phoenix Snowpark a été le théâtre de nombreuses chutes. La Française Lucile Lefèvre, qui en a fait les frais, n'a pas pu faire mieux que vingt-cinquième.
Comment les organisateurs réagissent-ils ?
Pour Mark Adams, le porte-parole du Comité international olympique, "la sécurité des athlètes est notre priorité". Il explique être "en contact étroit avec les fédérations internationales. Nous sommes très, très confiants dans le fait que les fédérations et les athlètes savent ce qu'ils peuvent faire et ce qu'ils ne doivent pas faire."
Et pour éviter de surcharger les salles d'attente des médecins de Pyeongchang, le comité local d'organisation des JO recommande aux spectateurs de "s'habiller chaudement" et de "porter des bonnets et des gants". Selon un journaliste du Monde sur place, des kits autochauffants sont également distribués aux reporters.
Kits de survie autochoffants pour mains (en rose) et poitrine (en bleu). Quand tu sens que tu vas passer une belle soirée #PyeongChang2018 pic.twitter.com/F5T8Wq2qEq
— Clément Martel (@martelclem) 12 février 2018
Et comment les athlètes vivent-ils cette météo ?
Ce n'est jamais agréable de voir son épreuve annulée au dernier moment. "Je suis un peu surprise que la course soit annulée, on nous avait dit que ce géant allait se faire. J'étais vraiment dedans, prête à courir même avec le vent", a réagi la Française Tessa Worley, en apprenant le report de la première manche du slalom géant. Avant d'admettre que les organisateurs n'y pouvaient pas grand-chose : "Si la décision a été prise c'est que c'est une bonne décision." C'est aussi que ce pense le sauteur à ski polonais Dawid Kubacki, seulement 35e de l'épreuve, un brin agacé face aux changements de cap et de force des vents.
Qu'est-ce qu'on peut y faire ?
David Kubackien conférence de presse
Beaucoup de sauteurs à ski auraient certainement apprécié un report de leur épreuve, samedi 10 février. Frigorifiés malgré les couvertures déposées sur les épaules par leur staff technique, ils ont été obligés d'attendre longtemps leur tour en haut de la rampe de lancement. "C'était gelé comme de la glace", s'est exclamé l'Autrichien Michael Hayböck, malgré tout 17e du concours. L'épreuve s'est terminée avec plus d'une heure de retard sur le planning.
Les biathlètes engagés sur le sprint, dimanche, ont eux aussi dû jouer avec le vent. Au niveau des cibles, il a été enregistré "entre deux et quatre mètres par seconde", écrit Le Monde.
On s'attendait à affronter des rafales et au final on a affronté un vent plus faible, ce qui fait qu'on a une correction à faire sur la visée.
Antonin Guigonnat, biathlète françaisen conférence de presse
Ayant un peu plus de recul sur la situation que les concurrents, les entraîneurs acceptent mieux la décision du report. "Les conditions de neige sont plutôt très bonnes, mais il y a énormément de vent", reconnaît le chef du groupe technique dames de l'équipe de France, Romain Velez. Outre la sécurité des athlètes, ce report des épreuves est une question de "loyauté de la course", selon lui.
Que les athlètes se rassurent, ce n'est pas la première fois que la météo fait des caprices lors des Jeux olympiques d'hiver. Lors des Jeux de Nagano (Japon) il y a 20 ans, les chutes de neige et le brouillard avaient perturbé le programme des épreuves de ski. "La descente avait été repoussée trois fois en cinq jours mais avait pu avoir lieu au milieu des JO", rappelle à juste titre nos confères du Monde.
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