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Patinage artistique : pourquoi la médaille d'or fait polémique ?

Loin d'être favorite, la Russe Adelina Sotnikova a crée la surprise en remportant la médaille d'or en patinage artistique. Ce qui n'a pas manqué d'éveiller les soupçons.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La Russe Adelina Sotnikova, 17 ans, a crée la surprise en remportant la médaille d'or en patinage artistique. (ADRIAN DENNIS / AFP)

La médaille d'or surprise de la Russe Adelina Sotnikova, jeudi 20 février à Sotchi, a soulevé une avalanche de réactions et de soupçons. Douée, mais encore loin d'avoir fait ses preuves, certains estiment qu'elle aurait été avantagée pour faire plaisir au pays hôte.

Les Italiens crient au scandale. Les Sud-Coréens refusent la médaille d'argent de leur championne, Kim Yu-Na, médaillée d’or des Jeux de 2010. Une pétition a même été lancée. Alors pourquoi une telle polémique ? 

Parce que la Russe n'était pas favorite

A 17 ans seulement, et pour ses premiers JO, la patineuse russe a crée la surprise. Sa meilleure performance, jusqu'à présent, avait été de décrocher la deuxième place lors des Euro 2013 et 2014. Classée 9e aux Mondiaux de mars 2013, elle a amélioré à Sotchi son meilleur score de la saison en totalisant 224,59 points devant Kim Yu-na (219,11) et l’Italienne Carolina Kostner (216,73).

En Italie, la presse n'a pas manqué de se déchaîner contre ce qui est perçu comme une injustice. "Est-ce qu'on nous a refusé l'or ?", s'est interrogée la Gazzetta dello Sport, avant d'ajouter qu'"à Sotchi Kim Yu-na et Carolina Kostner ont présenté l'exercice le plus esthétique, il est facile de parler de scandale." La presse sud-coréenne crie, elle aussi, à l'injustice. "Kim Yu-na pleure après le camouflet russe", titre l'édition en ligne du Joongang Ilbo"C'est un résultat injuste".

Les Sud-Coréens se sont aussitôt mobilisés sur internet et dans les heures qui ont suivi, des centaines de milliers d'internautes ont pris d'assaut le site de pétition en ligne Change.org, demandant aux juges de revoir leurs notes. Six heures seulement après son lancement, la pétition avait enregistré 700 000 signatures.

Parce que le jury éveille les soupçons  

L'un des neuf juges n'est autre que l'Ukrainien Yuri Balkov, suspendu un an pour son implication dans le scandale des JO de Nagano en 1998. La juge canadienne Jean Senft avait enregistré et diffusé une conversation téléphonique, dans laquelle il lui demandait de favoriser les patineuses ukrainiennes en retour de son vote pour le duo canadien. Une autre juge, Alla Shekhovtsova, est la femme du directeur général de la Fédération russe de patinage artistique, Valentin Piseyev. De quoi donner quelques arguments à ceux qui crient au complot.

Pour sa part, l'ancienne triple championne olympique Irina Rodnina, qui a allumé la flamme olympique lors de la cérémonie d'ouverture, a rejeté toute possibilité de truquage. "Je ne comprends pas cette controverse", a réagi la députée pro-Kremlin, dans Sovietsky Sport. "C'est vraiment pour chercher le scandale. Les juges représentent différents pays et fédérations. Je suis certaine qu'il n'y a pas de complot russe."

Les experts s'accordent à dire que la patineuse russe a dominé l'épreuve techniquement, même si elle a commis une faute en posant les deux pieds à la réception d’un saut. Mais pour L'Equipe.fr, concernant les composantes artistiques, la Russe est loin du niveau de ses concurrentes. Le journal se demande "Comment [les juges] ont-ils pu se fourvoyer autant ?"

Parce que ce sport est habitué aux scandales

Il n'est pas rare que les épreuves de patinage artistique des JO soient entachées de soupçons. Dans un article (en anglais), Christine Brennan, journaliste de USA Today et spécialiste de la discipline, estime que la situation est encore plus grave que le scandale de 2002 à Salt Lake City. Une juge française, Marie-Reine Le Gougne, avait alors révélé avoir vendu sa voix à la Russie. Mais la spécialiste du patinage ajoute qu'"il est impossible de prouver qu'il y a eu favoritisme puisque depuis 2004, les votes sont anonymes".

De son côté, le Comité international olympique (CIO) a tenu à calmer le jeu. Interrogé sur la possibilité d'une enquête, son porte-parole Mark Adams a expliqué que "la première étape serait qu'il y ait une plainte d'un comité nationale et ça n'est pas encore le cas".

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