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Sotchi : les températures douces, une épreuve pour les athlètes

Les JO d'hiver sont les plus chauds de ces vingt dernières années. Qu'est-ce que ça change pour les sportifs ?

Article rédigé par Ariane Nicolas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
L'Australien Russell Henshaw tire la langue après les qualifications de ski slopestyle à Sotchi (Russie), le 13 février 2014. (MIKE BLAKE / REUTERS)

"Chauds. Froids. Les tiens." Les JO de Sotchi n'ont pas volé leur devise. La ville hôte des Jeux olympiques d'hiver, située près de la mer Noire, connaît des températures très douces. Trop, selon certains. Mercredi 12 février, il faisait 12 °C au parc olympique, situé au niveau de la mer, où se déroulent les épreuves de glace. En montagne, le thermomètre a grimpé jusqu'à 3 °C sur le site de ski de fond, à 7 °C dans l'aire d'arrivée du ski alpin et à 8,2 °C dans l'enceinte de la piste de bobsleigh et de luge. Avec quelles conséquences pour les athlètes ?

"C'est comme skier sur de la fourrure"

Il n'est pas rare que les Jeux olympiques d'hiver soient confrontés à une météo peu hivernale. En 2010, des hélicoptères avaient dû transporter de la neige en urgence à Vancouver (Canada), les pistes ayant été dégradées par la pluie et des températures très douces. Mais l'avant-goût d'été dans lequel baigne Sotchi est exceptionnel. Comme le note le Wall Street Journal (en anglais), les JO de Sotchi sont les plus chauds depuis au moins 20 ans. Résultat, la qualité de la neige laisse à désirer.

En début de semaine, plusieurs athlètes de combiné nordique se sont plaints des tremplins de saut à ski du site de Russkie Gorki. C'est le complexe situé à la plus basse altitude (600 m) de ces Jeux. "C'est comme skier sur de la fourrure", a estimé l'Américain Billy Demong. "Les skis accrochent à la neige, et ça ralentit tout."

Jeudi matin, le 10 km dames s'est révélé une torture pour les fondeuses, contraintes de skier en manches courtes et parfois, en dehors du tracé prédessiné. "C'était très éprouvant, on est toutes épuisées. La neige est trop molle", a regretté la Française Célia Aymonnier, classée 27e. Comme nombre de ses concurrentes, la favorite de la course, la Norvégienne Marit Bjoergen s'est écroulée à l'arrivée. Elle a finalement terminé 4e de la course.

La Norvégienne Marit Bjoergen s'écroule après avoir franchi la ligne d'arrivée du 10 km dames en ski de fond, le 13 février 2014. (FRANCE 2 / FRANCETV INFO)

Des sports plus ou moins concernés

Toutes les disciplines ne pâtissent pas de ce redoux de la même manière. Pour les épreuves qui croisent deux disciplines, par exemple, comme le super-combiné (descente et slalom) ou le combiné nordique (tremplin et ski de fond), l'enjeu est d'ordre physique. "Il sera difficile pour les descendeurs purs de creuser l'écart", estime l'Américain Bode Miller, quintuple médaillé olympique.

Parti dernier de la compétition de half-pipe, mardi, le snowboardeur star Shaun White s'est estimé lesé, selon le Daily Mail (en anglais). "Une fois que tout le monde est passé dessus, la neige ressemble à de la bouillie", a-t-il jugé, amer d'être arrivé seulement 4e. Pour éviter que les athlètes du super-combiné s'élançant en dernier ne soient pénalisés par une neige transformée en soupe, le départ de cette épreuve a été avancée d'une heure (à 7 heures du matin), vendredi.

Pour les disciplines nordiques, le défi est plutôt matériel, notamment en matière de fartage (revêtement des skis), si important dans la performance du fondeur, du biathlète et du spécialiste du combiné nordique. 

Lundi soir, avant la poursuite messieurs du biathlon, les quelques gouttes de pluie qui sont tombées pour la première fois depuis le début des JO ont rendu piégeux l'un des virages du parcours, entraînant la chute de nombreux concurrents, notamment celle du Canadien Jean-Philippe Le Guellec, alors en tête.

Un risque de pénurie de neige ?

Les températures printanières devraient rester équivalentes, ces prochains jours. Au point de menacer les épreuves ? Même en cas de persistance du redoux, "il n'y aura pas de fonte massive dans les dix jours à venir, cela ne s'est jamais vu", tempère Jean-Louis Tuaillon, l'un des responsables de Rosa Khoutor, la station de ski alpin des JO. "Il n'y a pas de nuages la nuit , donc la neige durcit de nouveau de façon importante", limitant les pertes liées à la fonte, poursuit-il. 

Des experts ont été recrutés pour raffermir le manteau neigeux, notamment à l'épreuve de half-pipe. La piste, détériorée par endroits, a été recouverte d'une fine couche de sel, de produits chimiques et d'eau. La réaction endothermique permet alors d'avoir de la neige dure en surface, au moins pendant quelques jours. Reste une solution radicale, qui commence à être utilisée : puiser dans les 400 000 m3 de neige naturelle stockés depuis des mois sous d'épaisses bâches. Un remède de cheval qui n'empêchera pas les athlètes de crever de chaud sous leurs combinaisons.

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