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Vous aussi, devenez sponsor d'un sportif

Grâce au "crowdfunding", l'équipe de bobsleigh de Jamaïque a récolté 150 000 euros pour se rendre aux JO de Sotchi. Si le financement participatif des internautes se répand, il n'atteint pas forcément cette échelle.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
L'équipe de bobsleigh jamaïcaine lors des JO de Salt Lake City (Etats-Unis), en 2002.  ( REUTERS)

Les Jeux olympiques en Russie n'ont pas encore commencé que l'anecdote fait déjà partie des belles histoires de Sotchi : l'équipe jamaïcaine de bobsleigh a financé son voyage sur les bords de la mer Noire grâce au crowdfunding, le financement participatif des internautes. En quelques jours, ces derniers ont rassemblé plus de 150 000 euros, de quoi acheter le billet d'avion des successeurs de Rasta Rockett.

Une exception dans un monde où "50 à 71% des projets atteignent leurs objectifs de financement par les internautes, pour un montant moyen de 2 000 euros", rappelle Loïc Yviquel, cofondateur de Sponsorise.me, leader du crowdfunding sportif en France, contacté par francetv info. Retour sur quelques histoires éclairantes de cette pratique à la mode.

Le crowdfunding, Wimbledon a commencé en 1920

Les sites de crowdfunding les plus connus, comme Kickstarter ou MyMajorCompany, n'ont pas dix ans, mais l'idée, elle, a des décennies. Outre-Manche, les patrons du tournoi de tennis de Wimbledon n'ont pas cherché loin quand il a fallu financer de nouveaux courts : les spectateurs eux-mêmes. Tous les cinq ans depuis 1920, le tournoi met en vente 2 500 obligations. Comptez 60 000 euros pour une obligation du court central, 25 000 pour investir dans le court n°1. Ce qui, mine de rien, rapporte 71 millions d'euros à chaque fois. Chaque obligataire a une chance d'obtenir (sur tirage au sort) deux places pour chaque jour de tournoi pendant cinq ans. Avec la possibilité de revendre les tickets : certaines places, idéalement situées près de la Royal Box, se sont arrachées 100 000 euros pour la finale victorieuse d'Andy Murray en 2013, note TennisEarth (en anglais). Prochaine souscription au printemps 2014. Mais sachez que la liste d'attente est longue, très longue. 

Ce modèle fait saliver plus d'un organisateur : la rénovation du temple du rugby anglais, Twickenham, a été financée sur ce modèle, et la Fédération française de rugby envisage d'avoir recours à ce système pour son grand stade d'Evry, note le Journal du dimanche

Le bobsleigh jamaïcain, l'exception qui confirme la règle

Les émules de Rasta Rockett n'ont eu qu'à claquer des doigts pour récupérer 150 000 euros. L'équipe de bobsleigh féminine d'Australie a, elle aussi, récolté 20 000 euros pour investir dans un nouvel engin. "Le sport féminin est considérablement moins bien subventionné que le sport masculin, ce qui le rend particulièrement sensible au 'crowdfunding', analyse Jim May, le responsable stratégie de Sportaroo, une plateforme de financement participatif australienne, sur le site QuoraC'est aussi un bon plan pour les sports de niche, qui n'intéressent pas beaucoup les médias."

Rasta Rockett, OK, mais les Belgian Bulletts, vous connaissez ? L'équipe féminine de bobsleigh belge a tenté d'améliorer son matériel avant les JO en lançant un appel aux dons... qui s'est soldé par un échec. Elles iront à Sotchi avec leur vieux bobsleigh. Vous y repenserez quand les Australiennes les battront à Sotchi.

On peut trouver un baquet à un pilote de F1

Le pilote de F1 Kamui Kobayashi fête sa 3e place au Grand Prix du Japon, le 7 octobre 2012.  (TORU YAMANAKA / AFP)

Ce mode de financement permet en général de dégager de petites sommes. Sauf quand l'appel est lancé par le pilote de F1 japonais Kamui Kobayashi. Ce dernier, très populaire dans son pays depuis un podium miraculeux lors d'un Grand Prix du Japon, a réussi à lever 1,3 million d'euros en créant le site www.kamui-support.org (en japonais). Evincé de son écurie fin 2012, il a mis à profit son année loin des circuits pour démarcher les sponsors, fort de cette popularité. Et ça marche : il a décroché un volant au sein de la petite écurie Caterham, où les pilotes doivent apporter de l'argent pour courir. Le plus fort, c'est que Kobayashi n'a promis à ses généreux fans qu'un petit bracelet...

Des contreparties plus folles les unes que les autres

Dans un marché du crowdfunding estimé à 3 milliards d'euros dans le monde, d'après le cabinet Deloitte (en anglais), le mode d'action privilégié par les internautes est le don. Mais un don pas tout à fait désintéressé. Une carte postale ou une photo dédicacée si vous mettez une dizaine d'euros. Pour les plus généreux, les sportifs se montrent imaginatifs. La championne de moto brésilienne Sabrina Paiuta offre une remorque de moto à un donateur prêt à débourser 3 000 euros ; la skieuse française Sandrine Aubert dispense un cours de ski à toute une entreprise pour 1 000 euros ; la joueuse de tennis israélienne Julia Glushko, 90e au classement WTA, vous envoie sa raquette dédicacée pour 700 euros ; et l'équipe de luge américaine vous emmenait dans ses bagages à Sotchi pour 30 000 euros (mais n'a pas trouvé preneur). La palme revient au kayakiste Eric Deguil qui a proposé pour 600 euros "un saut d'une cascade de 8 mètres en kayak biplace (avec caméra embarquée) et une session au stade d'eaux vives de Pau avec le champion !"

Le club de rugby du RC Toulon ambitionne de battre le record d'Europe de crowdfunding : chaque supporter peut acheter un pavé à son nom dans le Hall of Fame du rugby toulonnais. Sans surprise, tous les pavés "premier prix" à 50 euros, mais aussi les moins bien placés, se sont arrachés. "Ce qui nous a surpris, c'est que les pavés les plus chers sont tous partis, raconte Loïc Yviquel. Beaucoup de supporters ne pensaient jamais avoir accès à une telle chance, et ils sont prêts à mettre 500 euros pour avoir leur nom au plus près des champions." 

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