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La sécurité des JO de Londres vire au fiasco

LONDRES - Problèmes de recrutement, de formation, défaillances dans les aéroports… A dix jours de l'ouverture des Jeux olympiques, les failles dans la sécurité s'avèrent nombreuses et inquiétantes.

Article rédigé par Vincent Daniel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Des soldats britanniques vont assurer la sécurité des Jeux olympiques de Londres pour pallier les défaillances de la société de sécurité G4S. (JULIAN SIMMONDS / REX / SIPA)

A J-10 de la cérémonie d'ouverture, le dispositif de sécurité des Jeux olympiques de Londres est sérieusement mis en cause. Une série de défaillances rendues publiques questionnent la sécurité de l'événement. Et la déclaration rassurante du président du Comité international olympique (CIO) n'y fait rien. "J'ai toute confiance en la capacité des organisateurs à assurer une bonne sécurité aux Jeux", a expliqué Jacques Rogge, dimanche 15 juillet. Presque la moitié des Britanniques (45%) jugent leur pays mal préparé pour accueillir les JO, selon un sondage publié lundi. Tour d'horizon de ces failles.

• Un personnel insuffisant

G4S, la plus importante société de gardiennage privée au monde, a été choisie par le CIO pour recruter et former une partie des agents de sécurité pour les JO de Londres. Un contrat de 360 millions d'euros pour 10 400 vigiles fournis par G4S (sur un total de 23 500). Mais trois semaines avant le début des Jeux, les autorités britanniques ont appris que la société ne pourrait finalement fournir que 4 000 agents. "Nous reconnaissons que nous avons sous-estimé la tâche", s'est excusé le directeur général de G4S, samedi 14 juillet sur la BBC.

Conséquence : 3 500 soldats ont été appelés en renfort. Au total, 17 000 militaires participeront à la sécurisation des Jeux. Avec ce redéploiement, l'armée britannique est contrainte de prolonger d'un mois la mission de certains militaires en Afghanistan, révèle The Independant (article en anglais). G4S est, elle, passible d'une amende 10 à 20 millions de livres (13 à 25 millions d'euros) pour ne pas avoir honoré son contrat, et devra en plus assumer le coût lié au déploiement des 3 500 soldats. Lundi, le titre du groupe, qui emploie 650 000 personnes dans le monde, a perdu plus de 9% en Bourse.

• Un personnel jeune et inexpérimenté

Mais le scandale G4S ne s'arrête pas là. Les médias britanniques ont révélé que le processus de recrutement du géant de la sécurité laissait à désirer. "Des employés de G4S ont décrit le processus d'embauche comme une 'vraie blague'", rapporte La Presse, un quotidien québécois. The Guardian (article en anglais) fait état d'un recrutement "chaotique". G4S n'aurait pas hésité à recruter des étudiants de 17 ou 18 ans, inexpérimentés, au terme de cinq minutes surréalistes d'entretien : "Il y avait (…) un test olfactif où on m'a demandé de sentir de l'eau et de la vodka et de dire laquelle des deux avait la plus forte odeur" ; "Certains candidats ne pouvaient épeler leur propre nom, le staff a dû les aider" ; "Certains ne savaient pas ce qu'étaient des références pour un emploi." Au total, ils seraient 3 300 agents de 18 ou 19 ans à avoir été recrutés par G4S, selon le Daily Mail (article en anglais).

Une recrue de G4S explique au quotidien britannique n'avoir reçu ni uniforme, ni planning. Il ne pense pas non plus bénéficier d'une formation, alors qu'il devra assurer les contrôles sur les machines à rayons X. Jeudi, G4S a diffusé en urgence des annonces pour recruter au sein de l'association britannique des policiers retraités, précisant toutefois qu'aucun diplôme n'était obligatoire. 

• Des tests inquiétants dans les aéroports 

Principale source d'inquiétude : la sécurité à l'aéroport de Londres Heathrow, qui accueille en temps normal plus de 60 millions de passagers par an. Là aussi, les recrues sont inexpérimentées, selon le Guardian. Les agents ratent des passagers qui devraient être contrôlés par l'antiterrorisme. Pas rassurant quand on sait que le chef du contre-espionnage britannique a estimé que les JO étaient "une cible alléchante" pour les terroristes. Un constat partagé par John Vince, inspecteur en chef des frontières et de l’immigration. Jeudi 12 juillet, il a suivi une inspection à l’aéroport d’Heathrow. Il en a conclu que les nouvelles recrues mettaient plus de temps à contrôler les voyageurs et que leurs questions de sécurité étaient moins pertinentes. 

Les nouveaux agents de sécurité reçoivent une formation express (un jour au lieu des six à huit semaines habituelles, comme le rapporte 20 Minutes.fr). Et ces personnes inexpérimentées représentent actuellement plus de la moitié des agents de contrôle. 

• Des missiles sur les toits qui effraient la population

L'installation de missiles antiaériens sur les toits de tours HLM londoniennes à proximité d'installations olympiques a mis en colère la population. Cela a plus fait paniquer que rassuré. Les habitants redoutent "que l’installation d’une batterie de missiles (…) amplifie le risque de voir la tour elle-même prise pour cible en cas d’attaque terroriste", a expliqué l’avocat des résidents.

"Il n'y a pas eu de consultation, pas de porte-à-porte. Vous vous réveillez juste un matin avec une brochure qui vous explique qu'on va placer des missiles sur votre toit. Cette batterie est censée rassurer, mais cela crée beaucoup d'anxiété", indique un journaliste britannique au Figaro.

Des missiles sur les toits de Londres (Chloé Rémond - France 2)

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