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Journée internationale du sport au service du développement et de la paix - Marlène Harnois : "Le sport casse toutes les barrières"

Le mardi 6 avril se déroule la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix, créée par l'ONU. A cette occasion mais pas seulement, Marlène Harnois, médaillée de bronze en taekwondo aux Jeux Olympiques de Londres en 2012, s'implique au sein de l'organisation Peace and Sport auprès de populations en difficulté. Entretien.
Article rédigé par Jean-Baptiste Lautier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Didier Drogba et Marlène Harnois, deux membres de l'organisation Peace and Sport

Le sport est un vecteur de valeurs importantes, au-delà même de la simple pratique sportive. L’ONU a tenu à apporter sa pierre à l'édifice en créant en 2013 cette journée internationale du sport au service du développement et de la paix, placée à la date du 6 avril. De nombreuses associations partenaires s’impliquent sur ces questions en faisant appel à des champions actuels ou passés, comme Didier Drogba (ancien footballeur ivoirien) ou Sya Kolisi (premier capitaine noir de l'équipe d'Afrique du Sud de rugby), venant sensibiliser les populations concernées à travers le monde.

Comme à l'étranger, l’organisation internationale Peace and Sport est particulièrement active sur ces sujets en France, mobilisant des champions comme Blaise Matuidi ou encore Tony Estanguet. Marlène Harnois, médaillée de bronze aux Jeux olympiques de Londres en 2012 en taekwondo, est désormais une de ces championnes qui se mobilisent à travers des actions auprès de populations en difficulté. Vendredi 2 avril, elle était présente à Toulouse auprès des jeunes.

Dans quel cadre êtes-vous intervenue vendredi 2 avril à Toulouse ?
Marlène Harnois :
 "C’était dans le cadre d’une convention entre le ministère de la justice, l’ONG Peace and Sport, et la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse). On encadre des ateliers sportifs auprès de jeunes en rupture sociale et professionnelle. Le but est de leur transmettre les valeurs positives du sport pour les inspirer et les inciter à aller dans le droit chemin. Mais aussi de leur transmettre les valeurs de discipline, de respect de l'autre, d’engagement, de dépassement de soi mais aussi de les revaloriser, de leur redonner confiance et de les ouvrir à d’autres univers. L'objectif est de les réintégrer socialement et les réinsérer pour atteindre des objectifs professionnels."

 

Comment s’est déroulée cette journée à Toulouse ?
MH :
 "J’étais accompagné de Cheick Cissé (premier champion olympique ivoirien, en taekwondo en 2016 à Rio). La journée de vendredi venait clôturer 15 jours d’ateliers sportifs intensifs d’un programme que des jeunes avaient suivi avec des animateurs sportifs de la région. Ils ont fait de l’escalade, de la boxe. On a aussi reçu la visite de la directrice inter-régionale de la police judiciaire de la jeunesse. On a fait un déjeuner d’échange avec eux et on leur a remis des attestations de réussite pour les ateliers sportifs pour les encourager."

Quel a été l’impact de ces ateliers sportifs auprès de ces jeunes ?
MH :
 "Énorme. À chaque fois, l’impact qu’on peut avoir auprès de ces jeunes est immédiat. Le sport casse toutes les barrières. Il permet le dialogue, la cohésion sociale. J’ai été frappée par certains jeunes qui, certes, ont fait des mauvais choix et des erreurs dans leurs parcours mais prennent conscience des choses. Cheick a grandi dans des conditions très modestes en Côte d’Ivoire. Il s'entraînait sans matériel, il a surmonté toutes les épreuves pour réussir aujourd'hui. Quand les jeunes écoutaient son histoire, ils se rendaient compte que le paradoxe était frappant avec eux en se disant : 'Nous on peut aller à l’école mais on n’y va pas'. Ils s’inspirent de ça."

Vous avez été une championne de taekwondo, quelles valeurs de ce sport souhaitez-vous communiquer aux jeunes en difficulté ?
MH :
"Les premières valeurs des arts martiaux c’est la solidarité, le respect, l’excellence, la discipline, le courage. Le respect est la base de tout. À partir du moment où il y a du respect, ça va amener la compréhension de l’autre. Ça ouvre le dialogue et le champ des possibles. Il y a une proximité naturelle dans le sport, on est ensemble et ça amène énormément de cohésion."

Dessin d'audience réalisé le 5 février 2018, lors du procès du jihadiste Salah Abdeslam, à Bruxelles (Belgique). (BENOIT PEYRUCQ / AFP)

En quoi ces ateliers peuvent leur permettre de se remettre dans le droit chemin ?
MH :
 "Je pars du principe que ces jeunes n’ont pas eu les bons encouragements et le bon entourage qui les a valorisé dans la bonne voie. Nous les encourageons à faire les bons choix. Après les ateliers, on reçoit des messages des jeunes qui continuent à faire du sport. Quand je vois ça, c'est super encourageant et ça me donne encore plus envie de m’investir auprès de ces jeunes. Je n'ai pas la prétention de pouvoir en sauver 100%, mais si on arrive à en sauver quelques-uns et en inspirer d’autres, ce sera toujours un pas dans la bonne direction."

Souhaitez-vous que les politiques aillent plus loin sur ces sujets ?
MH :
"On essaye d’avoir un impact sur tous les niveaux, de regrouper des acteurs politiques, associatifs. Des acteurs de la société civile, des acteurs des champions de la paix que représentent notre association. On essaye vraiment d’avoir un impact à tous les niveaux. Forcément les dirigeants politiques ont un rôle à jouer dans les mesures à mettre en place et ensuite c’est le mouvement associatif qui porte ça. Ce sont tous les acteurs ensemble qui peuvent vraiment faire changer les choses pour avoir des sociétés plus unies."

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