Brice Baubit, journaliste et co-réalisateur du documentaire "Teddy" : "On a envie de continuer l'aventure avec lui jusqu'aux JO de Tokyo"
Vous avez suivi Teddy Riner pendant un an et demi dans son quotidien, avez-vous découvert une autre facette du double champion olympique ?
Brice Baubit : "Je ne l’avais jamais rencontré avant. Je le connaissais comme tout le monde, en tant que sportif exceptionnel qu’il est. Donc oui, j'ai découvert une nouvelle facette de lui, parce que le documentaire ne montre pas simplement qu'il est le plus fort et le plus grand, mais que c'est un mec en or, intelligent et très gentil."
Quelles scènes vous ont le plus marqué dans ce documentaire ?
B. B. : "J’ai beaucoup aimé les moments que l'on a pu vivre, de loin, avec lui et sa famille. Par exemple, quand on est au Parc d'attraction à Tokyo, au Tokyo Dome, où on voit un Teddy qui est comme un gamin avec ses enfants. Ça se sentait, qu'on soit là ou non, qu’il y ait la caméra ou non, ils auraient joué de la même manière ensemble. Teddy avait vraiment envie de faire découvrir Tokyo à sa femme et ses enfants. C’est un moment vraiment émouvant en famille et le fait qu’il nous laisse filmer cet instant est exceptionnel. La défaite à Paris aussi est un moment assez incroyable. On a passé toute la journée à côté de lui. On se demande comment il va réagir, étant donné qu'il perd, et qu’il n’a plus connu cette situation depuis plus de neuf ans. Il nous laisse le suivre dans ce moment-là, au plus près de lui, c’était assez incroyable."
Dans le documentaire, il y a de nombreuses séquences avec sa famille, ses enfants, est-ce que dans ces moments-là, ils oubliaient rapidement votre présence et celle de la caméra ?
B. B. : "On s'arrange toujours avec Benoit pour ne pas être trop nombreux et se faire oublier. Par exemple, pendant le tournoi, Benoit est tout seul avec la famille, et moi je suis avec Teddy. Et pour les séquences en famille, je suis souvent seul avec eux. On arrive ainsi à se faire oublier. Bien sûr, il y a toujours un moment, où il faut apprivoiser les enfants, il faut qu’ils oublient la caméra, qu'ils parlent à la personne plutôt qu'à la caméra. Mais ça a été assez rapide, et assez simple ensuite. En fait, ils font confiance à 100% à Teddy. Teddy nous a donné sa confiance et ça été très rapide avec tout le monde. Il nous a inclus à chaque fois dans sa préparation, et je pense, qu’à la fin, nous faisions partie de son groupe. On s'entend très bien avec sa compagne, à qui on a pu demander de filmer pendant le confinement par exemple. Avec ses coaches aussi, nous sommes vraiment liés. Ce sont vraiment plus que des relations de tournage après les avoir suivis pendant 19 mois. Ce sont des gens avec qui tu as envie de continuer l'aventure. On a l'impression de faire partie de l'aventure."
Quand on est journaliste reporter d’images, comment fait-on pour mettre à l’aise les protagonistes pendant le tournage ?
B. B. : "Teddy nous a donné sa confiance et je pense qu'il nous a testés. Avec Benoit, notre méthode de fonctionnement est de beaucoup discuter avec les gens, d'être là mais de ne pas toujours filmer au début. Et à force, on se fait oublier. C'était vraiment simple avec Teddy car il nous a donné sa confiance très rapidement. Et après, il nous a toujours mis dans de bonnes conditions de tournage, on a été accepté partout et on a eu accès à tout. J'ai senti qu'il avait confiance en nous, et ça s'est fait naturellement."
"Nous avons beaucoup de moments de vérité dans ce documentaire car Teddy ne cachait rien"
Au total, vous aviez plus de 200 heures d’images, les choix ont donc dû être difficiles au montage. Est-ce qu’il y a une séquence par exemple, que vous n’avez pas retenu mais que vous auriez aimé voir dans la version finale ?
B. B. : "Il y a une séquence assez importante, au tournoi de Brasilia, qui est donc le deuxième tournoi auquel Teddy participe après Montréal. Le tournoi est très difficile car il prend les trois premiers combats en l’espace de trois heures à peine. Quand il revient de ses trois combats, juste avant la finale qu'il remporte en 18 secondes, je suis dans l'ascenseur avec lui. C’est un zombie, il est éreinté. Il arrive, il se couche dans sa chambre, et dort immédiatement. Ce n'est pas une séquence pour laquelle on a beaucoup hésité car on savait qu'il fallait faire un choix entre le tournoi de Montréal et celui de Brasilia pour ne pas être axé trop judo, mais ce moment montrait bien la difficulté. J'aurai bien aimé qu'elle soit dans le documentaire mais ce n’était pas possible. Ce sont des moments de vérité, on en a eu beaucoup dans le documentaire d’ailleurs car Teddy ne cache rien. Mais au final, on a gardé tout ce qu'il fallait je pense."
Réfléchissez-vous à un deuxième épisode ?
B. B. : "On espère continuer et en faire un deuxième afin de poursuivre l'aventure jusqu'au bout. Je suis d’ailleurs allé en Guadeloupe avec lui il y a peu de temps, car on continue le tournage. D’ailleurs, c’est Teddy qui nous a proposé de le rejoindre pour rencontrer ses grands-parents. Il nous a présenté à sa famille et nous a fait découvrir son île. Il nous a emmené dans l’aventure et on a envie d'aller au bout tous ensemble. On a l'impression d'avoir commencé un combat à ses côtés. C’est dingue car on a envie d'aller avec lui à cette finale olympique et de le voir avec la médaille autour du cou autant que son entraîneur ou lui-même. On veut continuer de le suivre car l’histoire sera belle et épique. Donc oui, on espère qu'il y aura un second documentaire, qui sera diffusé après les JO pour raconter l'histoire jusqu'au bout, avec ce premier épisode sur sa préparation et un second sur l’aboutissement de tout cela aux JO. Ce sont un peu 'Les Yeux dans les Bleus' à nous."
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