Judo : Clarisse Agbégnénou, en conflit avec sa fédération à cause d'un sponsor, est privée d'entraîneur fédéral au Grand Slam de Tel Aviv
Son retour à la compétition était très attendu. Absente de toute compétition individuelle depuis les Jeux olympiques de Tokyo en 2021, Clarisse Agbégnénou a fait son entrée en lice, vendredi 17 février, au Grand Slam de Tel Aviv (Israël). Mais, la double championne olympique aurait sans doute préféré revenir dans la lumière dans un contexte plus apaisé. Sa Fédération l'a tout simplement privée d'entraîneur à la dernière minute à cause d'une histoire de sponsors.
La double championne olympique a pris part à la compétition avec un kimono de la marque Mizuno, quand la Fédération française de judo (FFJ) impose à ses représentants de porter un kimono Adidas.
Dans un mail directement adressé à Clarisse Agbégnénou, le Directeur technique national, Sébastien Mansois, s'est montré très ferme : "Nous te rappelons que la tenue officielle de combat de l'équipe de France, fournie par l'encadrement technique national, est obligatoire (...). Nous ne doutons pas que tu vas respecter ces règles, mais préférons te rappeler qu'en cas de manquement, il ne serait pas envisageable pour la Fédération de maintenir de son côté ses engagements prévus dans ladite convention, dont l'accompagnement de ton projet individuel".
Dans la foulée, jeudi, un autre mail a été envoyé, cette fois aux entraîneurs nationaux de la FFJ, toujours écrit par Sébastien Mansois. "En qualité d'entraîneurs nationaux, vous ne pouvez pas coacher d'athlètes si ceux-ci arborent une tenue non reconnue ou non validée officiellement par la Fédération française de judo", a écrit ce dernier, priant les destinataires de ne pas s'exprimer à ce sujet dans les médias.
"Elle est très surprise de cette montée en pression"
Ce vendredi matin, Clarisse Agbégnénou s'est retrouvée sans entraîneur fédéral pour sa première compétition depuis les championnats d'Europe des clubs en novembre dernier. "Clarisse est choquée évidemment", explique son agente Nadia Benabdelouahed à franceinfo: sport. "Elle est très surprise de cette montée en pression, de ces menaces avec des mails totalement ubuesques. Elle m'a simplement déclaré 'je ne vais rien dire pour le moment, je parlerai dès que ma compétition sera terminée''."
Après sa victoire lors de son entrée en lice face à la Mongole Yesui Darkhanbatbayar, puis celle contre la Brésilienne Ketleyn Quadros, elle s'est inclinée en quarts de finale, contre l'Australienne Katharina Haecker, puis en repêchage face à la judokate du Kosovo, Laura Fazliu.
Du côté de la Fédération, même si l'on regrette de mettre dans une telle situation une double championne olympique, venue à Tel Aviv avec sa petite fille de huit mois, on préfère attirer l'attention sur les raisons de la fermeté fédérale : "Quand un partenaire (Adidas) achète l'image de l'équipe de France, tous les membres doivent en porter les couleurs officielles quand ils intègrent cette institution, explique David Inquel, vice-président de la FFJ. Si une athlète ne comprend pas cette logique économique et la remet ainsi en cause, cela met en péril le financement même de toute l'équipe de France. Clarisse est une immense championne. Si nous en sommes là aujourd'hui, c'est que le contact a été rompu et il va nous falloir absolument le rétablir au plus vite car le temps presse." Les Jeux olympiques de Paris débutent dans 525 jours.
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