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Rio 2016: Clarisse Agbegnenou, la force tranquille

Championne du monde 2014, championne d’Europe 2013 et 2014, victorieuse du Grand Slam de Paris en 2016, la judokate Clarisse Agbegnenou (63kg) prend part, aujourd'hui, à ses premiers Jeux Olympiques à Rio. Un événement qu’elle aborde avec sérénité : « C’est une compétition comme une autre », assure-t-elle. Dans la catégorie des -63kg, la judokate aura pourtant la pression d’être l’une des favorites.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Elle sourit, elle rit. Clarisse Agbegnenou ne semble pas habitée par le stress. Pourtant, elle est l’une des deux judokates de l’équipe de France, avec Emilie Andéol en +78kg, à découvrir les JO cet été. Dans cette équipe féminine d’expérience, la sportive d’Argenteuil refuse de se faire une montagne de l’événement : « Je me suis conditionnée pour que cette compétition reste basique et banale. C’est une épreuve comme une autre », dit-elle. « Je n’ai même pas l’impression que je vais les faire tellement je suis à l’ouest. »

Enfin, elle n’est pas si « à l’ouest » que ça. Demandez-lui ses ambitions, et la réponse fuse rapidement, avec comme une évidence dans le ton : « Je sais ce que je vaux, je sais où je veux aller. Je vais là-bas en étant 2e mondiale. Ce que je recherche, c’est la médaille d’or, rien de moins. Toute autre médaille serait une déception. Une contre-performance, c’est inenvisageable. » Et elle se reprend : « Sur le coup, une autre médaille serait une grosse déception. Mais repartir médaillée, on ne peut pas cracher dessus. »

Elle positive sa blessure

Rien ne semble avoir de prise sur elle. Touchée à l’index gauche en avril dernier, elle avait dû faire une croix sur les championnats d’Europe, alors qu’elle y avait conquis l’or en 2013 et 2014 avant de prendre le bronze en 2015. Elle trouve dans cet accroc à son programme un côté positif : « Pour moi, ma blessure m’a fait du bien », glisse-t-elle. Prise dans le tunnel de la préparation, elle y a trouvé une pause involontaire : « Depuis janvier, on se dit que les Jeux sont demain, mais du coup ça a été long. J’ai envie de prendre mon temps, mais d’un autre côté, j’ai envie de placer ces Jeux derrière moi tellement les entraîneurs sont durs. On est toujours à fond, de peur de passer à côté pour ne pas s’être suffisamment entraîné. »

Vidéo: A la découverte de Clarisse Agbegnenou

VIDEO. A la découverte de Clarisse Agbegnenou

C’est un véritable tourbillon qui assaille Clarisse Agbegnenou : « Les trois ans sont passés super vite. Aujourd’hui, j’ai l’impression de préparer encore les Jeux de Londres. Cette année a été lente, mais en même temps rapide. D’un côté c’est banal, car je suis arrivée à ce niveau-là en ayant des médailles, en faisant des podiums. Mais d’un autre côté, j’en ai tellement rêvé, de loin, sans savoir ce qu’était cette compétition. Finalement, j’y suis arrivé sans vraiment savoir ce qu’était ce Graal. »

"Je suis une battante, une bagarreuse"

Et elle fait tout pour ne rien savoir. A deux mois des Jeux Olympiques, elle refusait de percer les mystères de cet événement planétaire : « Je veux découvrir. Demander à ceux qui y ont déjà participé, c’est inutile. C’est bien de sentir soi-même, voir les choses de ses propres yeux. Cela sera une expérience unique, et je n’ai pas envie qu’on me guide dedans. » Se qualifiant de souriante, tranquille, simple et pleine de joie dans la vie ce qui peut parfois se muer en « je m’enfoutisme », sur la tatamis, elle a « les qualités de mes défauts : je suis une battante, une bagarreuse. J’ai tendance à avancer, foncer, ce qui peut aussi me porter préjudice. Il faut parfois que je me canalise. »

A 23 ans, Clarisse Agbegnenou n’a qu’une envie : vivre pleinement ses Jeux à sa manière. « Quand j’aurais eu ce que je veux, je pourrais en profiter », annonce-t-elle.

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