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Douillet: "La politique, j'en avais envie"

Double champion olympique de judo, David Douillet fait aujourd'hui partie de la scène politique française. D'abord député des Yvelines, l'actuel Ministre des Sports avait auparavant officié en tant que Secrétaire d'Etat, Chargé des Français de l'étranger. Dans un entretien exclusif, l'ancien sportif de haut niveau nous explique sa reconversion en politique.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min
David Douillet, Ministre des Sports

Question: Au moment de prendre votre retraite sportive, le monde de la politique était-il une évidence ? Comment êtes-vous ‘tombé’ dedans ?
- David Douillet: Cela n'avait rien d'une évidence puisqu'avant de faire de la politique, j'ai eu une vie d'entrepreneur ! Après avoir comblé mes rêves d’enfant et réalisé mes rêves sportifs, j’avais besoin de réaliser de nouveaux défis. Je me suis alors lancé dans le monde de l'entreprise, j’ai un temps travaillé dans les médias ... On oublie souvent que près de 10 ans ont passé entre la fin de ma carrière sportive et mon entrée en politique. La politique, j'en avais envie, mais cela s’est fait progressivement. Je me suis d'abord engagé au sein de l'UMP, puis j’ai eu l’occasion de me présenter à une élection dans une circonscription que je connaissais, ce qui était essentiel pour moi : je tenais à me présenter au suffrage des Français, pour pouvoir m’impliquer en toute légitimité.

Avez-vous été coaché, ou vous êtes vous formé sur le tas ?
- J'ai été soutenu par l'ancien député des Yvelines, Pierre Cardo, qui m'a encouragé à me présenter. Et puis, c'est Xavier Bertrand qui m'a fait confiance en me nommant secrétaire national de l'UMP en charge de la vie sportive, puis en m’accompagnant jusqu'aux élections législatives.

Est-ce que cela vous ‘titillait’ déjà lorsque vous étiez sur les tatamis ?
- Non, parce que j'étais concentré sur mon judo. Je ne pensais pas à l'après. Je vivais ces moments formidables. Je vivais mon rêve d’enfant.

Avez-vous fait vous-même la démarche d’entrer en politique, ou est-ce quelqu’un qui vous a convaincu de faire de la politique ?
- Comme je l'évoquais, Pierre Cardo m’a souvent dit que j'avais des choses à apporter à la politique. De mon côté, j’avais envie de rendre à mon pays qui m’avait tant donné.

"Il faut se battre pour gagner !"

Existe-t-il des points communs entre le sport de haut niveau et la politique ? Quels sont-ils ?
- Bien sûr, et ils sont nombreux ! L’engagement total, l’implication au quotidien, le don de soi … On retrouve le même engagement en politique : pour faire bouger les choses, pour convaincre les gens, il faut s'y consacrer pleinement. Il faut se battre pour gagner ! Le sport, c’est aussi des valeurs fortes comme le respect, la tolérance, le courage, le dépassement de soi… Ces valeurs me sont chères car elles sont pour moi profondément républicaines : la France est un pays formidable qui offre à chacun sa chance, pour peu qu’on veuille la saisir. Ces valeurs sont fondamentales en politique. Enfin, en sport comme en politique, le travail d’équipe est indispensable. La réussite n’est jamais personnelle, jamais celle d’un seul homme, mais toujours le résultat d’un travail collectif.

Votre vécu de sportif vous a-t-il servi dans votre nouvelle carrière ?
- Bien sûr : la politique est un combat d’idées permanent !

La compétition est-elle finalement plus rude en politique ? Y-a-t-il plus de coups bas ?
- Certains politiques oublient parfois le respect dû à l’adversaire. En sport, on ne tape pas sur un adversaire à terre ; en politique, ça s’est déjà vu.

Dans quel métier vous épanouissez-vous le plus, celui de sportif de haut niveau ou celui d’homme politique ?
- Je me suis épanoui dans ma carrière de sportif en comblant mon égo. Aujourd'hui aussi je m'épanouis, mais en étant à la disposition, modestement, de mon pays et en servant l'intérêt général.

"Si c'était à refaire, je referais pareil"

Si c’était à refaire, vous lanceriez-vous dans la politique d’emblée ou dans le sport de haut niveau ? Ou dans autre chose ?
- Si c'était à refaire, je referais pareil. Je recommencerais le judo qui m'a tant donné, puis je m'investirais en politique.

En tant qu’ancien sportif de haut niveau, que peut-on espérer de plus que de devenir Ministre des Sports ?
- Ma motivation n'est pas d'être Ministre pour être Ministre mais de servir mon pays. La France m’a permis de réaliser mes rêves et, aujourd’hui, j’ai envie de lui rendre un peu de ce qu’elle m’a donné. J'ai toujours été intéressé par la vie des gens, par le monde dans lequel on vit. Après les sports, on verra bien ; je n'ai pas de plan de carrière. Il y a tant à faire lorsque l'on veut servir l'intérêt général... et je suis parfaitement en phase avec les grandes orientations voulues par le Président de la République sur les sujets sportifs : moralisation du sport, lutte contre le dopage, soutien au bénévolat.

A vos débuts en politique, l’étiquette de sportif n’a-t-elle pas été un poids dans ce milieu si fermé ?
- Je me suis toujours amusé des regards de certains se demandant si j’étais vraiment au niveau. En arrivant à l’Assemblée Nationale, j’ai reçu un accueil formidable de la part de mes collègues députés, car je n’étais pas là par hasard : j’avais été élu, tout comme eux. Aujourd’hui, lors de mes déplacements, l’accueil est toujours aussi sympathique.

"Mon élection à l’Assemblée Nationale était le gage de ma légitimité"

Du fait de votre passé, en tant que Ministre des Sports, vous devez être plus à l’aise qu’en tant que député ?
- J’étais à l’aise en tant que député : mon élection à l’Assemblée Nationale était le gage de ma légitimité. En tant que Ministre des Sports, certes je connais le monde sportif pour faire partie de la famille du sport, mais c’est un peu réducteur ! C’est pour moi un autre défi à relever, dans la continuité de mon engagement en politique, et dans lequel je m’investis pleinement.

Comment expliquez-vous que la plupart des anciens sportifs engagés en politique soient plutôt marqués à droite (Bernard Laporte, Jean-François Lamour, Guy Drut, …) ?
- Vous oubliez Maurice Herzog. Je ne crois pas que les sportifs soient plus de droite ou de gauche : Alain Calmat a été champion du monde de patinage artistique avant d’être Ministre du gouvernement Fabius. Roger Bambuck, après avoir été champion olympique du 100 m à Mexico en 1968, a rejoint le gouvernement de Michel Rocard… Au-delà des clivages gauche-droite, il y a surtout l’envie de rendre à la France un peu de ce qu’elle nous a permis d’accomplir en tant que sportif.

Lorsque vous rencontrez des gens, leur regard vis-à-vis de vous, de ce que vous représentez, est-il le même que lorsque vous étiez sportif de haut niveau ? Y-a-t-il plus de retenu ?
- Le regard a changé depuis que je fais de la politique, mais les gens continuent aussi de voir le sportif de haut niveau. C’est avant tout le sport qui m’a construit et qui m’a fait connaitre. Je ne renie pas mon passé.

Après le judo, la politique, y a-t-il un autre challenge qui vous motiverait ?
- Je ne pense pas à l'après. Je suis dans l'action au service des Français, c'est ce qui compte. Je travaille pour l'intérêt général, pour la France, pour le sport français - et c'est ça qui me plait !

Propos recueillis par Romain Bonte

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