Riner, encore un quintette
Au moment de tirer le bilan de ses quelque dix minutes de judo (en cinq combats), le roi des lourds n'était pourtant pas vraiment euphorique. "Je suis content, mais pas à 100% satisfait", disait-il. "J'ai trouvé quelques petits trucs négatifs à bosser pour les Jeux". Expéditif en finale face au Brésilien Rafael Silva, battu en 50 secondes sur un étranglement, Riner avait livré son combat le plus plein en demi-finale face au champion du monde toutes catégories, l'Ouzbek Abdullo Tangriev, celui là même qui l'avait empêché d'accéder à sa première finale olympique, il y a quatre ans à Pékin, et qui reste l'un de ses principaux rivaux.
"Je suis content de la bagarre sur Tangriev. Je sais ce que je vais avoir à bosser si je le reprends", a expliqué le quintuple champion du monde, les pieds à Paris, mais la tête aux Jeux. "Londres, je pense qu'à ça. Même un jour comme aujourd'hui. On va y arriver très vite c'est pour cela que j'ai pris le maximum d'informations aujourd'hui", a poursuivi Riner qui se verrait bien arrêter là les compétitions, et se contenter d'entraînement et de travail avant juillet.
Sur ses gardes
Comme au mondial dans la salle de Bercy en août dernier, le judoka a varié ses techniques pour infliger que des ippons. Gêné par une fracture tenace à son petit doigt droit, il ne se voit pas arriver et poursuit sa quête d'une préparation complète pour disposer de toutes les armes le jour J à Londres. "En fait, je trouve, moi, des solutions. Mes adversaires n'en n'ont pas parce que je ne les laisse pas faire", souligne-t-il.
Cependant, le judoka ne prend pas ses rivaux à la légère. "Ne sous-estimer personne, c'est ce qui me fait rester là où je suis", dit Riner, invaincu depuis septembre 2010 où il s'était incliné en finale du championnat du monde toutes catégories. Loin de vouloir se cacher, Teddy Riner envisage encore une ou deux sorties en compétition d'ici Londres, le calendrier restant à établir avec ses entraîneurs. "Ici (à Bercy) j'ai pris toutes les infos que je pouvais mais il faut que je combatte pour avoir encore des gars dans les mains et voir ce qui reste à travailler", a conclu l'insatiable combattant.
Déceptions pour Décosse et Tcheumeo
Les JO, c'est également, peut-être plus encore au regard de son âge (30 ans contre 22 à Riner), le Graal de Lucie Décosse, 2e en -63 kg à Pékin et en quête d'un huitième tournoi de Paris. Mais à l'inverse de son coéquipier, la patronne des -70kg a échoué samedi à marquer les esprits à six mois de SON rendez-vous. La championne du monde est retombée dans son travers habituel, oubliant de prendre d'entrée la Japonaise Haruka Tachimoto à la gorge pour s'incliner sur décision des arbitres (2 à 1). "J'ai tout donné pour gagner mais je ne pensais pas avoir la décision", a expliqué la jeune femme. "Je l'avais battue il y a deux semaines mais je n'ai pas été assez agressive, je sais ce qu'il me reste à faire." Décosse avait pourtant elle aussi envoyé toutes ses rivales au tapis sur ippon, jusqu'au dernier combat. "Je perds un match par an ok, mais je n'ai jamais dit que j'allais tout gagner", a-t-elle poursuivi. "Il faut être philosophe: le vrai objectif, ce sont les JO. Je n'ai pas besoin de piqûre de rappel, je sais exactement ce que j'ai à faire."
Sacrée championne du monde dans cette même salle en août dernier, Audrey Tcheumeo avait elle moins de recul sur son échec du jour, en demi-finale des -78kg, face à la future lauréate brésilienne Marya Aiguar. "J'ai pris un coup sur la tête aujourd'hui", a-t-elle concédé, "mais il vaut mieux perdre ici qu'aux Jeux." Le bilan français, "honorable" selon le DTN René Rambier, a été enrichi par la troisième place des +78kg d'Anne-Sophie Mondière, quintuple championne d'Europe, et bien partie pour se retrouver, elle aussi, à Londres cet été.
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