Riner, le 4e titre d'un géant
Le suspense a été long et intense. Homme le plus attendu de la compétition, Teddy Riner a dû affronter des judokas craintifs, décidés à ne pas prendre de risques. Dans des combats très tactiques, le beau et le brillant n'ont pas été souvent au rendez-vous. En demi-finale comme en finale, c'est même dans le temps supplémentaire qu'il a été cherché la victoire, et ce quatrième sacre mondial consécutif. Après 2007 et 2009 (+100kg) et 2008 (toutes catégories), le Guadeloupéen ajoute l'édition 2010 avec un premier sacre, le 4e de sa carrière qui lui permet de rejoindre les légendaires japonais Naoya Ogawa (toutes catégories en 1987, toutes catégories en 1989 et 1991 et +95kg 1989), Yasuhiro Yamashita (+95kg en 1979, toutes catégories et +95kg en 1981 et toutes catégories en 1983) et son compatriote David Douillet (+95kg en 1993, toutes catégories et +95kg en 1995 et +95 kg en 1997). "Je suis très content parce qu'aujourd'hui je peux rejoindre un cercle fermé. Ca fait plaisir. Ca fait une petite bande de quatre et ça peut encore mieux se passer pour la suite. Pour l'instant, je vais me vider la tête", a assuré Riner après sa victoire. A seulement 21 ans, il pourrait même devenir le premier à en conquérir un cinquième sacre mondial puisqu'il participera à la compétition en "toutes catégories", lors du dernier jour de ces Mondiaux.
En finale, Andreas Toelzer lui faisait face. En trois combats, l'Allemand n'avait jamais pris le dessus sur le Français. Durant cinq minutes, le champion d'Europe 2006 a donc décidé de résister, de ne pas donner d'ouverture, de ne pas faire de faute. Aucune sanction pour ce non-combat, et un temps supplémentaire à passer, avec la mort-subite en épée de Damoclès. Maitre depuis le début du combat, Riner continuait à l'être et passait finalement un mouvement qui envoyait l'Allemand au sol avec un yuko à la clé. Tout en sérénité, avec juste les bras levés vers le ciel et une main montrant le chiffre 4, Teddy Riner est entré dans la légende du judo. Et le Japon court toujours après le titre dans la catégorie-reine qui lui échappe depuis Osaka en 2003.
"Le premier titre est toujours plus beau mais là il a une saveur particulière parce que c'est au Japon", a estimé Riner. "Je suis très content. Et en plus avec la manière donc je suis fier de moi. J'avais envie d'exploser mais comme j'ai pas réussi à marquer ippon (en finale), j'étais un peu déçu. Le titre est là. Maintenant, je vais prendre une bonne douche et après on va se concentrer lundi pour le "toutes cat"."
La demi-finale avait été une copie de la finale. Pour le deuxième duel en carrière avec Kazuhiko Takahashi (qu'il avait battu au Master cette année), Teddy Riner a souffert. Jamais en danger sur des pseudo-attaques de son rival, le Français avait bien du mal à déclencher ses mouvements, et se trouvait pénalisé pour refus de combattre à 1'30 du terme du combat. Condamné à marquer des points et donc à attaquer, le Guadeloupéen profitait de la fatigue du Japonais pour lui mettre la pression, et ce dernier était logiquement sanctionné pour refus de combattre. Les deux hommes étaient donc dos à dos, et devaient se départager dans le temps supplémentaire. Trois minutes pour une place en finale, avec la mort subite au bout du compte. Sous la pression, Teddy Riner répondait présent, plaçant un beau mouvement à la limite du tatami qui envoyait Takahashi au sol, pour un ippon libérateur.
Bien décidé à honorer la naissance de son enfant, Matthieu Bataille a attaqué sa finale du repêchage contre le Brésilien Rafael Silva à fond. Offensif, agressif, il a rapidement pris le dessus pour réaliser un superbe ippon victorieux face au Sud-Américain qui était tombé en quarts contre Riner. C'est donc le bronze qui vient récompenser le bon parcours de ce deuxième représentant tricolore dans la catégorie des +100kg. A 32 ans, le vétéran de la délégation tricolore, double médaillé de bronze mondiale en toutes catégories, fête dignement son retour chez les lourds, permise désormais par la possibilité d'aligner deux représentants par catégorie.
Dans la catégorie des moins de 100 kg, Thierry Fabre a réalisé un rêve. Battu en quarts de finale par le Japonais Takamasa Anai, sur ippon, il a disputé les repêchages, se qualifiant pour la finale en battant sur ippon l'Azeri Elmar Gasimov avant de faire tomber le Mongol Tuvshinbayar Naidan après deux waza-ari de toute beauté. A 28 ans, Fabre se retrouvait pour la première fois titulaire aux Championnats du monde. C'est pour cela qu'il ne pouvait cacher son émotion à l'issue de ce combat. A noter par ailleurs l'élimination de Frédéric Stiegelmann (-100 kg). Pour sa première titularisation, il a été éliminé au deuxième tour sur décision de l'arbitre par le Kazakh Maxim Rakov, champion du monde en titre. Le titre est revenu au Japonais Takamasa Anai, qui amène son premier titre au Japon en battant le Néerlandais Henk Grol. Le Nippon n'avait jamais gagné de grands titres à l'âge de 26 ans. Les hommes du Soleil Levant font déjà mieux que l'an dernier, où ils n'avaient pas décroché d'or à Rotterdam.
Côté dames, les espoirs de médaille reposaient ce jeudi essentiellement sur les épaules de Céline Lebrun. La quadruple médaillée mondiale qui a été battue en quarts de finale en -78 kg par l'Américaine Kayla Harrison, n'a pas été assez loin lors les repêchages, battue par la Japonaise Akari Ogata sur ippon. Lebrun, aoujourd'hui âgée de 34 ans, avait pourtant démarré la compétition de la meilleure des manières en sortant la championne du monde en titre, la Néerlandaise Marhinde Verkerk. Championne du monde 2001 en toutes catégories, elle a ainsi rejoint les autres Tricolores éliminées: Audrey Tcheuméo (-78 kg) et Stéphanie Possami. Dans cette catégorie des -78kg, le Japon avait décroché sa première médaille du jour et des Mondiaux, par l'intermédiaire d'Akari Ogata, mais ce n'était que du bronze. C'est en effet l'Américaine Kayla Harrison qui a été sacrée pour la première fois championne du monde en moins de 78 kg après avoir battu en finale la Brésilienne Mayra Aguiar. Ogata et la Chinoise Xiuli Yang ont pris la troisième place. L'or est venu une deuxième fois dans la besace du Japon grâce à Mika Sagimoto, sacrée en +78kg aux dépens de la Chinoise Qian Qin. La Cubaine Idalys Ortiz et la Japonaise Maki Tsukada prennent le bronze.
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