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L'AMA s'apprête à frapper un deuxième grand coup contre l'IAAF

La Commission Indépendante L’Agence Mondial Antidopage (AMA) doit rendre public ce jeudi vers 15h (heure française) la deuxième partie de son rapport sur la corruption et les accusations de dopage au sein de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) et la Fédération russe (ARAF). C’est depuis Berlin où se tiendra une conférence de presse que la Commission va officialiser cette deuxième partie du rapport dont L’Equipe s’est procuré une première version datant du mois de novembre.
Article rédigé par franceinfo
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Pourquoi une publication en deux parties ?

La première partie de ce rapport de l’AMA a été publiée le 9 novembre dernier. Elle concernait surtout le dopage et la corruption autour des athlètes russes. Ce rapport faisait suite aux investigations menées au sein de l’IAAF et de l’ARAF après les scandales de dopage découverts parmi la délégation russe. Ce rapport avait été amputé de la partie qui évoquait les actes de corruption car les autorités judiciaires françaises en avaient fait la demande. En effet, le juge Renaud Van Ruymbeke  menait parallèlement une enquête sur ces mêmes actes de corruption. CE jeudi à Munich, aux côtés de Dick Pound, le Canadien qui a présidé la commission d’enquête indépendante, on trouvera la Française Eliane Houlette, procureur national financier. Elle devrait faire le point sur l’enquête française.

Quels sont les chefs d’accusation ?

L’Equipe a recensé quatre chefs d’accusation :

- "La dissimulation de résultats positifs de tests concernant l’utilisation de substances dopantes par les athlètes russes". Cette dissimulation leur a permis de participer au JO et parfois même de gagner des médailles.
- "La fuite d’informations confidentielles de l’IAAF vers l’ARAF ». Les Russes avaient ainsi un « avantage technique dans leur préparation", ils pouvaient éviter les sanctions et également être prêts en cas de contrôle hors compétition.
- L’extorsion d’argent envers une athlète (la marathonienne Lylia Choboukhova) controlée positive afin de dissimuler ce résultat. L’athlète en question a pu librement participé à la compétition. On parle de 450000 euros dont 300000 ont été remboursés par une société fantôme établie à Singapour. Les 150000 restants ont disparu.
- Les sommes d’argent ont été "reçues et échangées par des officiels de l’ARAF et de l’IAAF".

Qui est concerné par les accusations de corruption ?

-Lamine Diack, ex-président de l’IAAF
-Habib Cissé, conseiller juridique de la présidence de l’IAAF
-Papa Massata Diack, consultant marketing de l’IAAF et fils du président
-Gabriel Dollé, ancien administrateur antidopage de l’IAAF
-Valentin Balakhnichev, trésorier de l’IAAF et président de l’ARAF
-Alexeï Melnikov, entraîneur ARAF
-Khalil Diack (alias Ibrahima) consultant indépendant et fils du président
-Ian Tan Tong Han, consultant indépendant  de l’IAAF (travaillant avec Dentsu/AMS)

Quels sont les pays dont les athlètes sont suspectés de dopage ?

En novembre dernier, les athlètes russes étaient dans l’œil du cyclone. Vingt-trois d’entre eux étaient sur la liste des passeports biologiques suspects. La deuxième partie de ce rapport pourrait épingler les athlètes kenyans. Concrètement, la commission de l'AMA va présenter ses conclusions sur une base de données de plus de 12.000 échantillons sanguins prélevés par l'IAAF entre 2001 et 2012 sur 5000 athlètes. Ces mêmes tests sanguins à partir desquels la chaîne allemande ARD et le Sunday Times britannique avaient affirmé en août, juste avant les Mondiaux de Pékin, qu'un tiers des 146 médaillés aux jeux Olympiques et aux championnats du monde sur cette période 2001-2012 présentaient des "résultats suspicieux". Parmi les suspects, le Kenya donc avec qui Dick Pound a admis qu’il était "clair qu’il y a un problème".

Le rôle de Lamine Diack ?

Mis en cause par l’enquête française, Lamine Diack devrait être la première cible de cette deuxième partie du rapport. Il est doublement mis en examen pour corruption passive et blanchiment aggravé, et pour corruption. Il est soupçonné d'avoir reçu un million d'euros dans le cadre d'un système de chantage organisé où des athlètes, notamment russes, étaient rançonnés en échange de la dissimulation de leurs contrôles antidopage positifs. Selon une source proche de l'IAAF, la commission indépendante de l'AMA pourrait préconiser la radiation à vie du cacique sénégalais jeudi. D’après le rapport que s’est procuré L’Equipe, l’ancien président "savait ce qui se passait et il n’a rien fait". "Au mieux, il s’agit d’incompétence managériale, au pis et plus probablement d’une implication en toute connaissance de cause ou autrement", ajoute le rapport. 

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