L'apnéiste Guillaume Néry, qui a frôlé la mort, dit son "écœurement"
Il a eu "la peur de sa vie" jeudi 10 septembre, à Chypre, à cause d'une erreur des organisateurs des championnats du monde. L'apnéiste a été envoyé à 139 mètres au lieu de 129 mètres de profondeur.
Ecœuré, il jette l'éponge. Guillaume Néry ne fera plus de compétition d'apnée. Il a failli mourir jeudi 10 septembre à cause d'une invraisemblable erreur de marque de profondeur (-139 mètres au lieu de -129 mètres) aux championnats du monde d'apnée, à Chypre. Mais il continuera à pratiquer l'apnée, son "mode de vie".
Il a raconté à l'AFP son épreuve, sans emportement dans la voix : "On n'a pas le droit de faire des erreurs pareilles." Le sportif a tout de même frôlé la mort à cause de la terrible faute des organisateurs des Championnats du monde. "Si je n'avais pas ce niveau d'entraînement, grâce à mes vingt ans d'expérience, ce qui aurait pu être fatal s'est transformé en accident", explique-t-il au téléphone, depuis Limassol (Chypre).
Quand un bout de scotch peut vous faire passer de vie à trépas
Sa vie a tenu à un bout de scotch. Un scotch mal fixé a entraîné une cascade de confusions qui ont envoyé l'apnéiste à 139 mètres au lieu de 129 mètres de profondeur, lors des dernières plongées de préparation aux championnats du monde d'apnée libre, qui se déroulent à Chypre du 11 au 20 septembre.
Les athlètes fixent eux-mêmes leur objectif avant de plonger. Guillaume Néry avait demandé la marque 129 mètres, soit un mètre de mieux que le record du monde. Sans même s'en apercevoir, il est descendu dix mètres plus bas.
"Aucun souvenir de la remontée"
Victime d'une syncope en remontant, à dix mètres de la surface, il souffre d'un œdème pulmonaire. Mais "dans trois jours, je n'ai plus rien", assure-t-il. Néry n'a "aucun souvenir d'une bonne partie de la remontée, j'ai récupéré la plaquette (des -129 m, en réalité -139 m), commencé à palmer, et le souvenir suivant... Je suis sur le bateau. Difficile de témoigner."
Ramené inconscient à l'air libre par les sauveteurs, auxquels il adresse aujourd'hui "un grand merci", le Niçois de 33 ans a eu tellement peur qu'il souhaite abandonner l'apnée de compétition. "J'en ai assez, je ne veux plus de record", dit-il, quittant la compétition frustré de son record involontaire, non homologué puisqu'il s'est évanoui. Il avait déjà détenu le record en 2008 (-113 m). "C'est dur à encaisser aussi, regrette-t-il, on m'a un peu saboté ma saison, même une grande partie de ma carrière, j'ai mis du temps à arriver à ce niveau-là..." "Mon niveau de maîtrise m'a sauvé la vie. La boucle est quand même bouclée", se console-t-il.
"Comment est-ce possible sur une tentative de record du monde ?"
Pourtant, dans son "écœurement", il ressent "une compassion envers les organisateurs, qui ne sont pas des charlatans non plus, ils donnent le maximum. Mais j'ai encore du mal à penser que cela ait pu arriver... J'organise des entraînements depuis des années, je sais quelle rigueur il faut pour régler les câbles, comment est-ce possible sur une tentative de record du monde ? Il faut garder en tête que l'erreur est humaine..."
Les organisateurs "se sont confondus en excuses, ils trouvaient difficilement les mots pour justifier tout ça", raconte Néry. Mais "je ne porte pas plainte, les suites juridiques, je m'en fous, ce qui m'intéresse est que cela serve, que cela ne se reproduise jamais". Il continuera aussi et surtout à plonger car "l'apnée va au-delà du sport, c'est un mode de vie".
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