L'Argentine prête pour le Four
Trop grande pour sa poignée de nations dominantes, la planète rugby attend en vain un élargissement de ses frontières. L'intégration de l'Argentine au Tri-Nations de l'hémisphère sud, devenant le Four-Nations, va dans ce sens et devrait mettre à moyen-terme davantage de piquant dans la hiérarchie internationale. Si les Pumas en sont là, c'est qu'ils n'ont pas attendu dans leur coin un signe de la conservatrice International Rugby Board (IRB). Forts de plusieurs beaux résultats en Coupe du monde, ils étaient les candidats naturels à cette ouverture. Des faits d'arme obtenus de haute lutte, comme cette troisième place du Mondial-2007 en France. De quoi donner à penser aux dirigeants mondiaux lors du forum de Woking en novembre 2007, pour une intégration finalement actée en septembre 2009. "Les Pumas le méritent. Il faut considérer (leur intégration) comme quelque chose de durable à long terme qui fera grandir l'ensemble du rugby et qui est le grand défi de l'Argentine. Nous avons passé beaucoup de temps à nous préparer et nous sommes engagés dans un changement structurel", estime Agustin Pichot, ancien capitaine des Pumas et représentant de l'Argentine au conseil de l'IRB.
La fédération internationale, à hauteur de 10 millions de dollars, et la Sanzar, regroupant les Fédérations des trois géants du sud, ont aidé à cette intégration qui donne un nouvel intérêt à un tournoi créé en 1996 et remporté dix fois en 16 éditions par les All Blacks. De son côté, l'Argentine a lancé en 2009 son Pladar (plan pour le développement du haut niveau): création de centres de formation, intégration d'une équipe de jeunes, les Pampas, dans la Vodacom Cup, le championnat des réserves des provinces sud-africaines... remporté en 2011. La quatrième place de l'équipe des moins de vingt ans au Mondial de la catégorie en juin prouve également la bonne santé de la formation. Et les Argentins projettent, à moyen terme, d'intégrer une franchise argentine au Super 15, pendant du Four Nations pour les provinces de l'hémisphère Sud.
Mais à l'image de la France à ses débuts dans les V Nations ou l'Italie dans les VI Nations, les Pumas s'attaquent à un immense défi, bien plus haut que celui d'une Coupe du monde. Il suffit d'ailleurs de regarder les chiffres de l'Argentine face aux nations du Sud pour s'en convaincre : quatre victoires contre l'Australie remportées entre 1983 et 1987 et rien depuis. Un match nul contre la Nouvelle-Zélande, en 1985 (21-21), pour 17 défaites. Et 13 revers face aux Springboks, leur premier adversaire samedi au Newlands Stadium du Cap. "C'est comme jouer une Coupe du Monde tous les ans", relève le 2e ligne du Stade Toulousain Patricio Albacete. Le programme semble même "plus intense parce qu'il s'agit de jouer six matches contre les meilleurs du monde alors qu'en Coupe du Monde, il y a toujours quatre ou cinq équipes moins fortes", estime de son côté le centre Marcelo Bosch (Biarritz).
Pour éviter de tomber dans le ridicule, les Pumas ont effectué une préparation spéciale. Recrutement comme consultant de Graham Henry, l'ex-entraîneur des All Blacks champions du monde en titre, préparation digne d'une Coupe du Monde, principaux joueurs exemptés des test-matches de juin contre la France et l'Italie, préparation à Pensacola (Floride): rien n'a été laissé au hasard. Avec une victime collatérale: les clubs européens (18 joueurs sur 27), privés de leurs Argentins pendant au moins trois mois. Si la mayonnaise prend, les lieux retenus pour les matches à domicile des Pumas (Mendoza, La Plata, Rosario) promettent de chaudes réceptions à des All Blacks, Wallabies et Springboks habitués à des audiences plus policées. En attendant, les Pumas passent un premier test très difficile au Cap. Une bonne entrée en matière avant les plats de résistances. Allez, à table !
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