L'équipe de France à l'heure du rachat
L'Espagne accrochée, la France humiliée
L'Espagne s'avançait dès le début de cet Euro avec le costume de favori. Son premier match face à une Italie que l'on disait moribonde a montré que rien ne serait facile pour elle. Au terme d'une rencontre disputée, les Espagnols arrachaient le match nul (1-1). L'Eire subissait ensuite la foudre des Ibériques (4-0) que l'on pensait partis pour une démonstration dans cet Euro. Mais une Croatie accrocheuse ramenait les tenants du titre sur terre malgré leur victoire dans les dernières minutes (1-0).
La France, elle, entrait dans ce championnat d'Europe sans grandes certitudes. Certes, une série de vingt et un matches sans défaite ponctuée par une bonne campagne de préparation offrait quelques repères. Une bonne prestation face aux Anglais, malgré le partage des points (1-1), confirmait les bonnes dispositions françaises. L'Ukraine était ensuite victime d'une équipe de France que l'on n'avait pas vue aussi joueuse depuis longtemps (2-0). La chute n'en était que plus cruelle. Opposée à des Suédois déjà éliminés, les Bleus sombrait corps et biens au terme d'une partie sans éclats (2-0) et devaient uniquement à la victoire anglaise sur l'Ukraine leur qualification.
Un lourd passif à l'Euro
L'Espagne est championne d'Europe en titre et compte bien conserver sa couronne pour transformer son doublé Euro 2008 – Mondial 2010, en triplé historique. Avant leur succès, les Ibériques entretenaient des relations compliquées avec la compétition malgré leur victoire finale en 1964 (2-1 contre l'URSS) et leur finale perdue en 1984 face à… la France (2-0). En effet, en dehors de ces trois campagnes réussies, la Roja avait connues de nombreuses désillusions avec trois éliminations au premier tour (1980, 1988,2004), tout juste améliorées par deux "petits" quarts de finale perdus contre l'Angleterre en 1996 (0-0, 4 t.a.b 2) puis … la France en 2000 (2-1).
Comme leurs adversaires, les Français ont inscrit deux fois leur nom au palmarès de la compétition en 1984, donc, en battant les Espagnols, et en 2000 en dominant les Italiens (2-1 but en or). L'équipe de France a également atteint deux fois le stade des demi-finales, s'inclinant en 1960 contre la Yougoslavie (5-4) puis contre la République Tchèque (0-0, 6 t.a.b 5). Enfin, les Bleus s'étaient arrêtés en quart de finale lors de l'Euro 2004, battus par la Grèce (1-0), et n'avaient pas franchi le premier tour en 1992 et en 2008.
Outre leurs confrontations lors des Euro 84 et 2000, les deux équipes étaient placées dans le même groupe en 1996 et s'étaient quittés sur un résultat nul (1-1)
D'un côté la méfiance, de l'autre le rachat
L'Espagne court après l'histoire, la France derrière sa gloire passée. Les hommes de Vicente Del Bosque ne souhaitent pas revivre l'épisode douloureux de 2006, où plein d'arrogance face à des Bleus à la dérive, ils avaient subi une correction en 8e de finale de la Coupe du Monde (3-1). Alors que les Tricolores traversent de nouveau une crise après leur non-match contre la Suède, le sélectionneur espagnol exhorte ses joueurs à se souvenir.
"J'ai gravé une image du Mondial 2006.Nous avions sous-estimé les Français qui étaient si vieux... C'est une habitude très espagnole de ne pas faire attention aux adversaires", a déclaré l'ancien technicien du Real Madrid, comme pour conjurer le sort. D'ailleurs, il considère la sortie de route nordique des hommes de Laurent Blanc comme un accident. "Je me fie moins à ce match qu'à l'équipe de France des derniers temps, qui a gagné des matches et qui s'est bien comportée".
La bataille devrait être rude au milieu de terrain, où le trio Xavi, Xabi Alonso, Busquets est érigé en référence. Laurent Blanc est conscient de l'ampleur de la tâche. "Il va falloir être capable d'accepter de courir énormément, de donner plus de vitesse et de profondeur. Notre plus grosse équation à résoudre est à ce niveau-là", s'est exprimé le technicien français. Des ingrédients que ses joueurs n'ont jamais réussi à intégrer à leur recette suédoise, d'où les prises de bec virulentes d'après-match. Malgré la bouillie offensive servie par les français lors de leur dernière sortie, Del Bosque se veut méfiant. "Il y a beaucoup de qualité devant, avec la finesse technique de Nasri, la force de Ribéry en un contre un, Benzema qui va d'un côté à l'autre et avec lequel il peut toujours se passer quelque chose. (…En plus) il leur manquait Cabaye au milieu".
Côté tricolore, on préfère se focaliser sur soi, sans perdre de temps à détailler les qualités de l'adversaire, tellement nombreuses. "Si on veut réussir quelque chose de grand ce sera collectivement et pas individuellement (…). Il faudra donc hausser notre niveau de jeu, être au top et avoir la rage. Ce sera une guerre sur le terrain", a ainsi proclamé Karim Benzema. Seul "grand attaquant" de la compétition à ne pas avoir encore scoré dans l'Euro malgré dix-sept tirs tentés, le Madrilène affiche une forme inquiétante en sélection, puisqu'il est resté muet au cours de treize de ses quinze dernières sélections. La France peut donc craindre son adversaire. Mais aussi se souvenir qu'elle est la dernière à avoir vaincu la bande à Casillas en compétition internationale. Et qu'elle n'a jamais perdu face à l'Espagne lors d'un grand rendez-vous.
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