L'Espagne a perdu la tête mais retrouve ses cerveaux
"Bien entendu que je crains cette rencontre. J'ai beaucoup de respect pour les Français et aujourd'hui les différences entre les deux équipes ne sont plus aussi importantes". Les mots de Vicente Del Bosque en conférence de presse traduisent l'état d'esprit de la Roja à la veille de d'un rendez-vous décisif en vue d'une qualification directe pour le Mondial 2014 au Brésil. En cas de défaite contre la France, l'Espagne serait à 5 points des Bleus. Un gouffre qu'elle tient à tout prix à éviter. Pour cela, elle enregistre le retour d'une garantie. Ou plutôt de deux. Elles se prononcent de la même façon de l'autre côté des Pyrénées. Xavi et Xabi. Hernandez et Alonso. Le Barca et le Real.
Deux métronomes d'une Roja qui, si elle n'a pas souffert au cœur du jeu, n'a pas suffisamment contrôlé sa rencontre face à la Finlande ou contre la France quelques mois auparavant. Les deux égalisations encaissées, en seconde mi-temps face aux Finlandais, au bout du temps additionnel contre les Bleus, en témoignent. Habituellement, notamment lors du dernier Euro, les Espagnols conservaient le petit but d'avance en gardant le ballon, en le faisant tourner, encore, encore et encore. Et pour cela, qui de mieux que les deux milieux de terrains, hommes de base des deux grands d'Espagne et indispensables dans le coeur du jeu de la sélection menée par Del Bosque.
Le jeu court et long
Les deux hommes ont la trentaine passée (33 ans pour le Barcelonais, 31 ans pour le Madrilène) et le poids des années commencent à se faire sentir. Tous deux blessés, aux ischio-jambiers pour Xavi, à l'adducteur pour Alonso, avec leur club avant la coupure internationale, ils n'ont pas été alignés à Gijon face à la Finlande. Une contrainte pour le sélectionneur espagnol qui a laissé les clés du jeu au trio Busquets-Cazorla-Iniesta. Des joueurs au profil pas tout à fait similaires aux deux absents. Quand Busquets est un ratisseur, les deux lutins sont plus des accélérateurs de jeu. Xavi et Xabi, eux, sont des "dicteurs" de tempo. Des métronomes. Leur art n'est pas le dribble, leur truc à eux, c'est la passe. Le plus souvent du plat du pied.
Plutôt courte pour Xavi quand Xabi Alonso lui aime faire admirer la précision de ses transversales. Dans les deux cas, le jeu espagnol s'en trouve bonifier. A Xavi les décalages dans les petits espaces, à Xabi Alonso l'aération et les grandes diagonales. Tous les deux changent le visage de l'équipe dans laquelle ils évoluent. "Il y a un Real Madrid avec Xabi et un autre Real sans lui", soulignait ainsi il y a peu Gaizka Mendieta, ancien joueur de Valence, au journal El Pais. En Espagne, l'absence des deux milieux a été pointée du doigt par les journalistes. "En plus de leur contribution dans le jeu, Xabi et Xavi apporteront davantage de sécurité à la Roja et amèneront un surplus d'expérience qui a manqué à Gijon" contre les Finlandais, a ainsi écrit Joaquin Maroto du quotidien As.
Le petit plus
A Barcelone comme en sélection, Xavi est un patron. Un cadre qui remobilise les troupes quand l'orage pointe. Avant le retour capital contre le Milan AC en Ligue des Champions, il a assumé son rôle en rassemblant ses coéquipiers avant le grand rendez-vous. Sa présence sur la pelouse au Stade de France devrait redonner des repères à une équipe qui était privée de ses deux capitaines "historiques" face à la Finlande, lui et Casillas, qui soigne toujours sa blessure au pouce. Le Catalan et Xabi Alonso devraient également apporter ce petit plus, cette maîtrise de la dernière passe qui a fait défaut aux Espagnols vendredi.
La précision donc mais aussi l'expérience. Ils pèsent 225 sélections à eux deux (119 pour Xavi, 106 pour Xabi Alonso), soit plus de la moitié du total des sélections des 24 joueurs retenus par Didier Deschamps (436) pour les rencontres face à la Géorgie et l'Espagne. Une bonne nouvelle donc pour la Roja qui retrouve ses hommes de base et sans doute une bonne partie de ses idées à un moment où elle en éprouve clairement le besoin.
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