L'Espagne a retrouvé ses valeurs
La Suisse est donc la dernière équipe à avoir battu l'Espagne en compétition officielle. Depuis ce premier match de la Coupe du monde 2010, la Roja affiche cet éloquent bilan : 4 nuls et 21 victoires. La dernière mardi soir à Saint-Denis face à l'Equipe de France est arrivée au meilleur des moments. Le nul contre la Finlande avait soulevé pas mal de questions, l'Espagne y a répondu à sa manière, celle qu'elle avait adoptée durant l'Euro 2012. "On a été fidèles à notre style de jeu". Vicente Del Bosque ne disait pas mieux mardi soir en conférence de presse. Une gestion intelligente et tout en maîtrise du rythme de la partie. Elle s'est appuyée sur une ossature connue de tous. "C'étaient quasiment les mêmes joueurs qu'à l'Euro, ce qui nous donne une certaine sécurité", a rappelé Sergio Ramos. Le retour de deux cerveaux, Xavi et Xabi Alonso, absents car blessés face à la Finlande, est une garantie supplémentaire.
Les deux X lui ont permis d'étaler son savoir-faire. Fidèle à sa philosophie, la Roja a confisqué le ballon et comme souvent les deux milieux de terrains l'ont monopolisé : 111 passes pour le madrilène, 101 pour le catalan. En comparaison, le Français leader dans cette catégorie, Valbuena avec… 31, fait pâle figure. Résultat, une possession de balle écrasante : 75% contre 25. Et le temps que l'Espagne passe avec le ballon dans les pieds, elle ne le perd pas à défendre. Toujours cette logique implacable. Critiqué au Mondial et à l'Euro pour ses prestations "gagne-petit" (en Afrique du Sud, elle avait gagné tous ses matches à élimination directe 1-0), elle n'a pas modifié d'un iota sa stratégie. Celle adoptée dans les grands matches, ceux qui comptent. Ce rendez-vous en était un et l'Espagne ne l'a pas manqué.
L'arme à gauche, encore
En Pologne et en Ukraine, Jordi Alba avait crevé l'écran. Le latéral avait été le bourreau des Bleus, malgré le dispositif adopté par Laurent Blanc : deux latéraux de métier, Debuchy et Réveillère, pour bloquer le couloir occupé par Alba et Andres Iniesta. Las, c'est sur le premier déboulé de la mobylette catalane que Xabi Alonso avait ouvert le score. La suite n'avait été qu'une longue séquence de conservation de balle avant le doublé en fin de match sur pénalty de l'ancien joueur de Liverpool. Au Stade de France, la menace Alba s'était envolée, la faute à une blessure contractée contre la Finlande. Elle a été remplacée par une d'un autre nom : Monreal. Malgré la connotation francophone du patronyme, le latéral d'Arsenal n'a pas fait de cadeaux aux joueurs de Didier Deschamps.
Il a fait oublier l'absence d'Alba et a d'ailleurs failli refaire le même coup en début de match. Mais son centre en retrait pour Xavi a été vendangé par le Barcelonais. Le coup n'était pas passé loin. A quelques centimètres. Et Christophe Jallet de friser la correctionnelle, une première fois. Ce dernier a aussi eu droit à un avant-goût de ce qui l'attend la semaine prochaine en Ligue des Champions face au Barca. La deuxième serait la bonne. A la 58e, Pedro trouvait Monreal parti dans le dos du Parisien, le Gunner centrait fort devant le but pour l'ailier du Barca qui concrétisait ce long une-deux. Le 10e but de ces éliminatoires pour le natif des Canaries, le symbole d'une efficacité retrouvée. C'est l'une des forces de cette Roja, championne de tout, les joueurs changent mais le style reste.
Décisive aux deux extrémités
Contre la Finlande, l'Espagne avait dominé. Normal. Mais elle avait surtout buté sur une défense bien regroupée et un gardien intraitable. Contre la France, elle a eu moins d'occasions, les plus dangereuses étant même tricolores, mais elle a fini par trouver la faille. Comme souvent. Malgré les difficultés à peser de David Villa, malgré une pelouse dégradée. Et surtout, elle a cette fois pu tenir le score, sans craquer comme cela avait été le cas contre la France à l'automne ou face aux Finnois vendredi dernier. San Iker absent, l'habit de sauveur a cette fois été porté par Victor Valdes, le portier de Barcelone.
Il a mis en échec Ribéry qui se présentait seul et, pour la gloire, a sorti une tête de Patrice Evra en fin de rencontre, une action annulée pour hors-jeu. Le toque de retour, une attaque efficace, un gardien héroïque, les trois piliers sur lesquels la Roja a construit ses succès étaient sur la pelouse. "Notre sélection a retrouvé son style, sa philosophie", a déclaré Sergio Ramos après le match. Au meilleur moment pour elle. Au pire pour les Bleus.
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