L'Espagne devant, les Pays-Bas et l'Allemagne en outsiders
L'Espagne au sommet, les Pays-Bas et l'Allemagne juste derrière. Voici schématiquement le panorama de la hiérarchie européenne, et même mondiale, à quelques jours du tirage au sort des groupes de l'Euro-2012. En Pologne et en Ukraine, en juin prochain, les champions du monde et d'Europe espagnols seront une nouvelle fois les grands favoris pour leur propre succession. Leurs deux premiers rivaux, les Pays-Bas et l'Allemagne, seront redoutables. Ce trio présente la particularité de développer un jeu très porté vers l'avant, avec de jeunes pousses très talentueux (David Silva, Pedro, Muller, Ozil, Van der Wiel) cornaqués par d'expérimentés anciens (Puyol, Casillas, Klose, Lahm, Van Bommel), qui devraient disputer leur dernière compétition continentale en 2012. Et avec leurs succès sur la scène internationale dans les catégories de jeune (l'Espagne championne d'Europe en moins de 19 et moins de 21 ans en 2011, en moins de 17 et moins de 21 ans en 2009 pour l'Allemagne, en moins de 17 ans en 2011 pour le Pays-Bas), cette tendance ne semble pas sur le point de s'éteindre. Tous trois ont également un sélectionneur à leur tête depuis plus de trois ans. Un rappel pour les fervents amateurs du changement perpétuel...
Le danger de la rivalité Barça - Real
Loin de la solidité défensive prônée par l'équipe de France lors de son doublé Mondial-Euro en 1998-2002, dernière nation à avoir enchaîné ces deux épreuves, l'Espagne a définitivement placé son jeu dans le sillage de celui du Barça. De l'intelligence, un pressing haut, une possession de balle outrageante, beaucoup de déplacements et peu de touches de balles, ce qui fait le succès du club catalan en Espagne (triple champion en titre) et en Europe (Ligue des Champions 2006, 2009 et 2011) a été mis en place dans la Roja. Pourtant, Vicente Del Bosque, comme ses prédécesseurs, doit toujours jongler avec l'influence incontestable des Barcelonais et l'intégration des Madrilènes. Les violents Clasicos de la saison dernière entre le Real et Barcelone ont fait monter la pression autour de la sélection, qu'une bagarre générale contre le Chili en amical l'été dernier semble avoir ressoudée. Intraitable en éliminatoires de cet Euro (8 matches, 8 victoires), l'Espagne vient d'enchaîner 14 victoires consécutives en match officiel. Ses faiblesses: une arrière-garde qui ne fait pas partie des plus rapides, et un jeu qui repose énormément sur Xavi, dont une absence pourrait être beaucoup plus préjudiciable que celle momentanée d'Iniesta lors du dernier Mondial. Si le tirage au sort n'est pas trop dur (éviter par exemple l'Allemagne ou l'Italie dans le chapeau 2, le Portugal dans le chapeau 3 et la France dans le chapeau 4), si les blessures épargnent les cadres, l'Espagne pourrait devenir la première à conserver son titre européen, ayant en plus ajouté une consécration planétaire entre les deux. L'occasion de marquer l'Histoire du football.
Oranje et Mannschaft, des rivaux aux dents longues
Seule équipe à avoir réalisé un parcours idéal lors de la phase de qualification, l'Allemagne monte en régime. Finaliste de l'Euro-2008, demi-finaliste de la dernière Coupe du monde, elle a payé le lourd tribut de croiser les Ibères à chaque fois. Avec une génération montante particulièrement talentueuse (Ozil, Muller, Kroos, Gotze...), Joachim Löw a sans doute les moyens de ramener la Mannschaft au sommet de l'Europe, ce qu'elle n'a plus connue depuis 1996. Technique et physique, ce collectif pêche, comme le veut la tradition, par une défense très grande et donc manquant de vitesse, ce qui se révèle rédhibitoire contre l'Espagne. Avec trois hommes pouvant devenir chefs d'orchestre (Ozil, Muller, Schweinsteiger), les Allemands disposent de tactiques à géométrie variable, ce qui les rend difficiles à jouer. Leur souci, pour cet Euro, c'est qu'ils se trouvent dans le chapeau 2. Pologne et Ukraine, organisateurs, et Espagne et Pays-Bas, les mieux classés, étant dans le chapeau 1, la sélection d'outre-Rhin pourrait bien se trouver avec l'Espagne ou les Pays-Bas en phase de groupe. Et là, cela devient forcément beaucoup plus difficile d'améliorer son palmarès.
Car, les Oranje sont les derniers membres de ce trio qui impressionne le monde. Finalistes du Mondial après avoir écarté notamment le Brésil, la sélection hollandaise présente sans doute l'armada offensive la plus impressionnante. Autour de Sneijder, Van der Vaart, les techniciens, Huntelaar, Van Persie, Kuyt, Affelay ou Elia représentent des forces de frappe extraordinaires. Mais comme toujours, le talent néerlandais se heurte parfois à la guerre des égos, que Bert van Marwijk semble avoir pour le moment géré, reléguant d'ailleurs Van der Vaart sur le banc régulièrement. Son point faible, c'est d'ailleurs le talent de ces joueurs, et cette dépendance que l'équipe pourrait revivre à l'égard de Robben, si celui-ci en finit avec ses blessures. Soliste virtuose, le joueur du Bayern est un joyau, pouvant déséquilibrer un édifice fragile, et attiser la jalousie voire la rancoeur.
France, Italie, Angleterre, Portugal, des cadors sur le retour ?
Derrière cette triplette, quatre équipes centralisent les questions. Si l'Angleterre n'a pas tremblé lors des éliminatoires, en ne concédant aucune défaite mais tout de même trois matches nuls, elle ne présente pas toutes les garanties pour devenir championne d'Europe pour la première fois de son histoire. Avec les affaires (Terry, Rooney), les blessures (Gerrard) et la relative méforme (Lampard), l'ancienne génération semble à la peine à l'heure d'accompagner de jeunes talents (Walcott, Carroll, Welbeck, Wilshere, A. Johnson...). Or, c'est souvent l'alliage de ces anciens avec les nouveaux qui permet les plus grands succès. Idem pour l'Italie, invaincue en qualifications, mais en reconstruction, comme l'équipe de France, dont la présence dans le chapeau 4 peut être pratiquement une sanction dès le tirage au sort. Pour elle ou pour les autres membres de son groupe. Quant au Portugal, quart de finaliste à l'Euro-2008 et 8e de finaliste au dernier Mondial, sa qualification n'a été obtenue qu'au prix d'un match de barrage. Pour ces quatre équipes, il reste sept mois pour parfaire les automatismes, combler les faiblesses, donner un supplément d'âme, afin de prétendre à un titre, avec des joueurs hors norme capable de faire basculer un match à tout moment.
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