L’insaisissable Thomas Müller
"Il n’a pas de muscles. Mais aujourd’hui, il a été très fort." Le propos, signé Diego Maradona après la victoire flamboyante de l’Allemagne contre le Portugal (4-0), résume plutôt bien l’image renvoyée par Thomas Müller : celle d’un joueur qui ne paye pas de mine, lent en apparence, banal. Il y a quatre ans, lors d’une conférence de presse, la légende du football argentin l’avait confondu avec un ramasseur de balle.
L’époque est révolue. Le garçon n’a pas changé, toujours aussi passe-partout et éloigné des standards du football moderne qui exige du physique, du clinquant. Grand et mince, il manque de vitesse et ne possède pas de qualités techniques renversantes. Pourtant, face à l’armada de Cristiano Ronaldo, c’est lui qui plantait un triplé (un penalty, deux buts de renard des surfaces) pour ouvrir son Mondial. Lors de la précédente édition, déjà, il avait terminé meilleur buteur du tournoi avec cinq réalisations. Et personne ne sait vraiment expliquer comment un tel joueur peut en arriver là.
"Il faut toujours qu'il la ramène"
"Il est peu orthodoxe, je ne sais pas moi-même en tant qu'entraîneur les déplacements qu'il fait", a reconnu son sélectionneur Joachim Löw, qui estime que cela le rend "très difficile à marquer" pour ses adversaires. Car c’est bien là sa plus grande qualité : il est polyvalent et incalculable, souvent là où il faut quand on ne l’attend pas. Il sait lire le jeu, prendre les espaces. Sur le terrain, il peut évoluer à droite, en soutien des attaquants comme en pointe. Et il marque, souvent. A 24 ans et déjà neuf buts en Coupe du monde au compteur (il a encore marqué face aux États-Unis jeudi), il ne rêve pas encore du record de Ronaldo et de son compatriote Klose (15 réalisations), mais est parti sur les bonnes bases.
Discret, Müller ne fait pas de vagues mais n’est pas effacé pour autant. "Quand je fais un discours, il faut toujours qu'il la ramène", ironise Oliver Biehroff, le manager général de la Nationalmannschaft. Le sélectionneur adjoint, Hansi Flick, évoque quant à lui un personnage "très extraverti", un boute-en-train fédérateur primordial dans un groupe. "Il donne tout jusqu'à la dernière seconde, et c'est un joueur sur lequel on peut compter, ajoute Flick. Il est très consciencieux, mûr, et s'identifie avec les objectifs." Inutile de préciser celui qu’il s’est fixé ce lundi, contre le surprenant collectif algérien qui resterait bien encore un peu à la table des grands.
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