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L'ombre de la corruption plane sur l'attribution des JO de Rio

Les mauvaises nouvelles s'accumulent sur les Jeux olympiques de Rio. Après l'affaire des pots de vin pour la construction des stades et le délabrement des équipements six mois après l'évènement, un autre scandale est sur le point d'éclater. Selon Le Monde, la justice française a mis au jour le versement de 1,5 millions de dollars au profit du fils de Lamine Diack, alors président de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) et membre très influent du Comité international olympique (CIO), trois jours avant l'attribution des Jeux en faveur de la mégalopole brésilienne.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
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Des larmes de bonheur. De longues minutes le président Lula et Pelé ont laissé éclater leur joie. Pour la première fois, le Brésil et le continent sud-américain obtiennent l'organisation des Jeux olympiques. Un succès incroyable face à Chicago, soutenu en personne par Barack Obama, Tokyo et Madrid. La lutte a été très serrée et les déçus ont très vite fait part de leur amertume dans des allusions à peine voilées. Parmi eux le gouverneur de Tokyo, Shintaro Ishihara, qui ne manque pas de dénoncer "la logique invisible à l’œuvre pour l’attribution des JO" et les "promesses osées" du président brésilien aux membres africains du CIO.  Selon Le Monde, ces promesses sont sonnantes et trébuchantes et pourraient avoir faussé le vote.

Des versements suspects

Ces soupçons de corruption proviennent d'une enquête ouverte en 2015 par le parquet national financier (PNF)  à l'encontre de l'IAAF et de la nébuleuse Diack. Grâce à des documents transmis par le fisc américain, la justice française aurait ainsi découvert des mouvements d'argent suspects sur le compte bancaire de Papa Massata Diack, le fils de Lamine Diack, et de ses sociétés, notamment le versement depuis Miami par la société Matlock Capital Group de 1,5 millions de dollars le 29 septembre 2009, soit trois jours avant le vote. Sur la même période, Matlock Capital Group a effectué un autre versement de 500.000 dollars au fils Diack en Russie. Sous la société Matlock Capital Group se cache l'homme d'affaires brésilien Arthur Cesar de Menezes Soares Filho dont les voyages à Miami sont réguliers. Celui que l'on surnomme « Rei Arthur » est par ailleurs très lié à l'état de Rio et son ancien gouverneur Sergio Cabral avec qui il a passé des contrats pour plusieurs centaines de millions d'euros. Ce même Cabral est déjà dans le collimateur de la justice brésilienne pour avoir détourné 61 millions d'euros.

Frankie Fredericks  dans la combine ?

Qu'à fait Papa Massata Diack de ces versements ? Ont-ils servi à acheter le vote de certains membres du CIO ? C'est ce que le PNF essaie de découvrir. Une piste mène à l’ex-sprinteur namibien Frankie Fredericks. Sa société off-shore domiciliée au Panama Yemi Limited a reçu 299.300 dollars de Diack le 2 octobre 2009. Aujourd’hui membre du CIO en charge de la commission d’évaluation des Jeux de 2024, le Namibien a indiqué au Monde que "le paiement n’a rien à voir avec les JO". Selon lui, cet argent a été versé "conformément à un contrat daté du 11 mars 2007" lié à des activités de promotion et de soutien à l'IAAF en Afrique. "Je n’ai violé aucune règle éthique", assène-t-il. La famille Diack a elle refusé toutes les sollicitations du quotidien français.

Rio nie toute irrégularité

Le Comité d'organisation des JO de Rio a réagi vendredi soir à toutes ces informations. "Nous avons la certitude que l'élection, de notre point de vue, a été propre. Nous n'avons rien fait d'illégal. Tous documents relatifs à notre campagne, toutes les correspondances, sont ouverts au public", a déclaré le directeur de la communication. "Nous sommes dans une position de tranquillité totale. Nous n'avons rien à nous reprocher. Nous avons organisé de grands Jeux, qui ont rendu fiers tous les Brésiliens". 

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