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L'Open d'Australie, un tournoi autrement plus cool que Roland-Garros

Les matchs ont lieu à 3 heures du matin, et alors ? Si vous ne devez regarder qu'un tournoi du Grand Chelem, c'est incontestablement celui-ci. En plus, vous échapperez à des duels d'Espagnols qui campent au fond du court pendant cinq heures. 

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Depuis 2008, l'Open d'Australie a adopté un nouveau revêtement bleu caractéristique, le Plexicushion. (RIA NOVOSTI / AFP)

L'Open d'Australie, du 16 au 29 janvier, est un peu le parent pauvre de la saison de tennis pour les observateurs français, a fortiori européens. D'abord à cause d'un décalage horaire ingrat, qui programme le gros du tournoi à une heure indue et les finales sur le coup de 6 heures du matin. D'autre part parce que, pour beaucoup d'amateurs de tennis, la saison commence vraiment quand Monte-Carlo et Roland-Garros pointent le bout de leur nez. Il faut remédier à cette injustice ! 

• Parce qu'il a la surface la plus propice au beau jeu

L'Open d'Australie, c'est autre chose que la terre battue de Roland-Garros, télégénique mais très lente, et le gazon de Wimbledon, dont on suit jour après jour l'arrachage par les joueurs au cours de la quinzaine. Pendant longtemps, la surface, le Rebound Ace, était très différente de celle de l'autre tournoi en dur, l'US Open, avec une balle qui ne fusait pas, mais rebondissait très haut. L'autre problème était que le court ramollissait à cause de la chaleur.

Lors d'un match Soderling-Hernych à l'Open 2011, l'un des joueurs s'était plaint que la balle ne rebondissait plus à un endroit du terrain. Ce qui avait nécessité une intervention à base de maillet et de perceuse... (QUINN ROONEY / GETTY IMAGES)

Depuis 2008, le tournoi a adopté un revêtement américain, le Plexicushion. Cushion, ça veut dire "coussin", mais cette surface est censée être plus ferme sous le pied et éviter ainsi les blessures. Après quelques années de tâtonnements, la balle est rapide, mais pas trop, et le revêtement se liquéfie moins en cas de grosse chaleur.

• Parce que le public, c'est autre chose que les VIP en canotier qui font les beaux pour les caméras

On oublie le côté collé-monté de Wimbledon, et on joue à fond la carte du cool, en mode surfeur dans les tribunes. Si l'US Open et Roland-Garros sont entre les deux, Melbourne joue sans complexe la carte de la modernité.

Grosse ambiance... Un peu trop même. L'an passé, des supporters chypriotes et croates en étaient venus aux mains. En 2007, spectateurs serbes et croates s'étaient expliqués à coups de bâton. Du jamais-vu (ou presque) pour du tennis.

Une bagarre entre supporters serbes et croates le jour de l'ouverture de l'Open d'Australie 2007, à Melbourne.  (LUCAS DAWSON / GETTY IMAGES)

Il faut dire que les communautés expatriées en Australie sont assez revendicatives : beaucoup de clubs de foot sont "communautaires" (PDF en anglais, p. 33). En parlant de foot, l'Américain Andy Roddick au service de plomb a adopté une coupe "Mohican" très prisée des footballeurs pour ce tournoi.

• Parce que s'il y a un tournoi où les jeunes ont une chance de percer, c'est bien celui-là

Longtemps boycotté par Borg et d'autres cadors dans les années 70-80, le tournoi australien s'est imposé comme une date majeure du calendrier. Mais pas forcément comme une promenade de santé pour les stars.

Rappelez-vous Rainer Schüttler, l'obscur Allemand, qui échoue en finale en 2003 contre Agassi. Arnaud Clément, alors classé, qui échoue en finale en 2001 contre... Andre Agassi, aussi. Jo-Wilfried Tsonga, qui s'invite en finale à la surprise générale en 2008. Et l'incroyable retour de Kim Clijsters, qui confirmait un US Open 2010 de feu, sitôt sortie de la maternité et de sa retraite en 2011. 

Kim Clijsters fête sa victoire à l'Open d'Australie 2011 contre la Chinoise Li Na, le 29 janvier 2011 à Melbourne.  (RYAN PIERSE / GETTY IMAGES)

Pour la jeune garde du circuit ATP, c'est donc le tournoi ou jamais. Jeune garde dont on a assez vite fait le tour d'ailleurs : seuls deux joueurs du top 100 ont moins de 20 ans, remarque le blog Jeu Décisif, l'âge où les Nadal et autres Becker avaient déjà soulevé plusieurs trophées du Grand Chelem. Chez les jeunes qui montent (mais qui ont plus de 20 ans), notons la présence du Canadien Milos Raonic (à prononcer Miloch Raonitch), 22 ans, étoile montante de la petite balle jaune et 8e de finaliste l'an passé, qui pourrait exploser cette année. 

• Parce que c'est un tournoi extrême

A Bercy ou à l'US Open, il y a des sessions nocturnes, mais à l'Open d'Australie, on ne fait pas dans la demi-mesure. Les courageux spectateurs du match Hewitt-Baghdatis qui s'est fini à 4h33 du matin, heure locale, s'en souviendront longtemps. L'entraîneur Patrick Mouratoglou raconte sa passion pour ce tournoi sur le site spécialisé Welovetennis : "Il est fréquent de voir des cinquièmes sets se terminer sur le score de 6-0 parce que l’un des deux joueurs est à la limite de l’évanouissement. Il n’est pas rare non plus que des joueurs soient évacués sur une civière, victimes de malaises."

Sans parler des matchs interrompus par la chaleur, qui sont monnaie courante là-bas, puisque le mercure peut allègrement tutoyer les 40 °C. Pas étonnant que les corps des tennismen luisent de sueur, et que certains champions, comme Rafael Nadal, expliquent perdre plusieurs kilos sur un match et avoir transpiré "une bassine entière".

Une goutte de sueur s'échappant du polo de Rafael Nadal, lors de son quart de finale contre Andy Murray à l'Open d'Australie, le 26 janvier 2010, à Melbourne. (RYAN PIERSE / GETTY IMAGES)

Vous pouvez d'ores et déjà programmer votre réveil à 1 heure du matin, lundi 16 janvier, pour ne rien rater du début de la compétition. 

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