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L'opération séduction de l'Algérie

Pour la première fois depuis 2008, l’Algérie a disputé un match de football sur le sol français, mardi soir à Lille. L’occasion de venir saluer ses supporters de l’Hexagone, mais aussi de prouver qu’un match de foot des Fennecs en France n’entraîne pas forcément de problème. Et ce, alors qu’une deuxième confrontation entre les deux sélections nationales se profile avant la fin de l’année 2020.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2 min
  (FRANCOIS LO PRESTI / AFP)

"C’était digne d’une finale de Coupe du monde. Je n’ai jamais vu une ambiance aussi festive à Lille. C’était dingue, tout en restant bon enfant" raconte Charles, 21 ans, étudiant lillois. S'il s'agissait de tout sauf d'une finale de Mondial, l’enjeu restait important mardi soir au stade Pierre Mauroy de Lille. Car, au delà de l’intérêt sportif certain de cette rencontre amicale contre la Colombie, solidement remportée 3 à 0 par l’Algérie, ce match comptait double pour le football algérien.

Le retour des rois, d'Afrique

D’abord, les Fennecs n’avaient plus joué en France depuis 2008. C’était un soir de novembre à Rouen : une Algérie beaucoup moins souveraine qu’ aujourd’hui obtenait à l’arrachée un nul contre le Mali, dans un match amical. Mardi à Lille, c’est une Algérie championne d’Afrique qui a balayé une valeur sûre du football international : la Colombie (3-0). Après onze années d’absence sur le territoire français, les Fennecs sont donc revenus en France, pays qui abrite "la plus grosse communauté algérienne du Monde" comme l’a rappelé le sélectionneur Djamel Belmadi, en rois d’Afrique. Et ont été dignes de ce statut.

Au delà de la performance sportive remarquable des coéquipiers de Riyad Mahrez, leurs supporters ont aussi assuré le spectacle, dans le bon sens du terme. Ils étaient plus de 40 000 dans un stade à guichets fermés, dont les loges VIP étaient toutefois fermées. "Deux heures avant le match, le parvis du stade était bondé, raconte Charles. Ça chantait de partout, il y avait des fumigènes et des drapeaux de tout côtés : c’était une vraie belle fête, comme on aimerait en voir plus souvent". Si une minorité a sifflé l’hymne colombien, l’écrasante majorité a répondu en applaudissant pour couvrir les sifflets. Les dizaines de fumigènes allumés pendant le match n’ont pas gâchés la fête, contrairement à trois pétards, tous lancés du même endroit, selon Charles. L’un d’eux ayant entraîné l’évacuation par les secours d’un jeune ramasseur de balles.

Un Algérie-France d'ici fin 2020

Outre ces pétards qui ont entraîné une interruption du match en première période, aucun incident n’a été signalé pendant le match ou dans le centre-ville lillois. Seuls deux hommes ont pénétré sur la pelouse en fin de match pour tenter de récupérer le maillot de Brahimi, ce qui n’a pas plu au sélectionneur Djamel Belmadi, qui a réagi en conférence de presse : "À part le petit incident à la fin avec ces deux hommes qui avaient décidé de gâcher la fête, c’était incroyable". Une fête réussie donc, alors qu’en coulisses les discussions pour un match amical Algérie-France ont avancé.

Lundi à Paris, Kheïreddine Zetchi et Noël Le Graët se sont effectivement entretenus à propos de ce projet de rencontre, qui ne serait que la deuxième après le triste France-Algérie de 2001. Les présidents des fédérations algérienne et française n’ont pas annoncé de date, mais le bruit court que cette rencontre aurait lieu d’ici la fin d’année 2020. Après le match à Lille, Djamel Belmadi avait d’ailleurs chassé le conditionnel de son langage pour évoquer ce futur match : "Il se déroulera en Algérie. Donc je n'ai aucun souci. Moi, ce qui m'intéresse dans cette affiche-là, c'est de jouer le champion du monde. Cela doit porter tout le monde". Car, au delà de la symbolique évidente d’une telle affiche, ce serait avant tout un choc entre champions d’Afrique et champions du Monde, ce qui, plutôt que de délier certaines mauvaises langues, ne peut finalement que faire saliver.

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