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L'Uruguay brise le rêve ghanéen

Dans l’ambiance survoltée du Soccer City Stadium de Johannesburg, le Ghana a porté durant 120 minutes tous les espoirs d’un peuple et d’un continent. Mais devant plus de 90 000 spectateurs majoritairement acquis à leur cause, les Black Stars se sont inclinés lors d’une séance de tirs au but remportée 4-2 par la Celeste. A (1-1), le Ghana a eut la balle de match à la 120e minute sur pénalty mais a raté sa chance. L'Uruguay retrouvera les Pays-Bas en demie.
Article rédigé par franceinfo
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Dans un quart de finale complètement inédit, les deux formations tenaient une occasion unique de se qualifier pour le dernier carré du Mondial sud-africain. L’Uruguay pouvait imiter ses illustres ainés après leurs succès en Coupe du Monde de 1930 et 1950 tandis que le Ghana avait l’occasion unique de devenir le premier pays africain à accéder aux demi-finales d’une Coupe du Monde.

Il aura fallu 90 minutes, deux prolongations et une séance de tirs au but pour voir l’Uruguay s’imposer et rejoindre les Pays-Bas en demi-finale du Mondial. Le Ghana a eut la demi-finale au bout du pied à la 120e minute et un pénalty de Gyan mais l’attaquant rennais a laissé passer sa chance.

Les meilleures intentions ne suffisent pas et les Black Stars se sont retrouvés pris au piège en début de rencontre par des Uruguayens bien en place. Lent défensivement, le Ghana passait la majorité du début de match à courir après le ballon. Conséquence directe, à la 10e minute, Luis Suarez déclenchait la première frappe de la rencontre après un dribble sur la gauche. La domination uruguayenne allait s’accentuer après cette première escarmouche. Sur un des nombreux corners de la Celeste (quatre en quinze minutes), John Mensah passait tout près de tromper son portier.
Les Ghanéens, incapables de conserver le ballon en milieu de terrain, se faisaient surprendre par les deux flèches sud-américaines. D’abord par l’intermédiaire de Diego Forlan qui à la 25e minute voyait sa frappe du droit fuir le cadre, puis par Luis Suarez, qui ratait de peu la lucarne de Kingson. Le gardien de Wigan sauvait les siens en détournant ce ballon en corner du bout des gants.
La première véritable occasion du Ghana arrivait à la 30e minute, sur corner. Le centre de Muntari voyait Vorsah manquer la lucarne de peu. Dans la foulée de cette action, Boateng offrait un festival sur l’aile droite avant de servir Gyan à l’entrée de la surface. L’attaquant rennais voyait sa frappe manquer le cadre de quelques centimètres.
C’était au tour de la Celeste d’avoir la tête sous l’eau durant ce gros temps fort ghanéen. Et les coups durs allaient s’enchaîner pour les doubles champions du monde quand à la 38e minute le capitaine Diego Lugano cédait sa place à Andres Scotti.
La fin de la première mi-temps virait complètement à l’avantage des Blacks Stars, parvenus grâce à leur rapide jeu de passe à planter les uruguayens sur place. Dans les arrêts de jeu, Boateng passait tout près d’inscrire le plus beau but de la Coupe du Monde mais son retourné acrobatique dans la surface n’était pas cadré. Cette tentative était symbolique de la prise de confiance des Ghanéens. Une assurance qui se confirma dans les dernières secondes où Muntari parvenait à ouvrir la marque d’une incroyable frappe de 35 mètres. Son ballon enroulé du gauche trompait la vigilance de Muslera, planté derrière sa ligne.
La dernière équipe africaine en lice rejoignait les vestiaires virtuellement qualifiée pour les demi-finales.

Dans l’obligation de produire du jeu en seconde période, l’Uruguay allait revenir dans la partie, par l’immanquable Diego Forlan. A la 55e minute, l’attaquant de l’Atletico Madrid relançait complètement l’intérêt de la rencontre en plantant à son tour une frappe énorme sur un coup-franc excentré. Kingson, trompé par l’effet du ballon voyait le javulani changer de direction au dernier moment. Le 27e but en 67 sélections de l'Uruguayen était certainement l'un des plus importants de sa carrière.
Aussitôt, le Ghana remettait son métier sur l’ouvrage et repartait à l’assaut des cages uruguayennes. Le match devenait complètement fou en seconde période. Les deux équipes engagées dans un terrible bras de fer se rendaient coup pour coup. Côté uruguayen, Suarez d’une tête plongeante et Forlan sur coup-franc encore sollicitaient tour à tour le portier africain tandis que le Ghana s’en remettait à Asamoah Gyan pour des frappes lointaines.

Dans l’incapacité de se départager, les deux équipes débutaient les prolongations dans la plus grande indécision.

L’Uruguay, légèrement au-dessus dans la première mi-temps ne parvenait cependant pas à prendre la mesure de son adversaire. A l’inverse, les quinze minutes suivantes tournaient à l’avantage des joueurs de Rajevac, le Ghana jetant ses dernières forces dans la bataille. A la 115e minute, Gyan encore lui, se retrouvait seul face aux buts, rattrapé in extremis par Scotti. Dans les derniers instants de la rencontre, la situation devenait complètement folle ! Après une double occasion ghanéenne, Suarez se retrouvait dans l’obligation de sauver les siens… mais de la main. Expulsé sur le champ, le Ghana se voyait obtenir une balle de match incroyable. Déjà auteur de trois buts depuis le début de la compétition, dont deux sur pénaltys, Gyan s’élançait pour propulser les siens en demi-finale mais frappait sur la barre transversale. 

Trop irréguliers durant la séance, les Ghanéens manquaient deux de leurs tentatives. Abreu n'en demandait pas tant et offrrait la victoire aux siens d'une panenka pleine de sang froid.

Le Ghana ne deviendra pas la première équipe africaine à rejoindre les demi-finales et pourra nourrir de nombreux regrets. L'Uruguay peut exulter et remercier le geste d'anti-jeu de Suarez qui a sauvé son équipe. En demi-finale, les joueurs de Tabarez retrouveront les Pays-Bas, tombeurs du Brésil (2-1).

Les déclarations :

Oscar Tabarez (sélectionneur de l'Uruguay): "Je suis très ému, c'est vraiment un moment particulier pour moi. Nous n'avons pas bien joué, mais nous sommes qualifiés. Ces joueurs sont vraiment forts, orgueilleux. Ce qu'il y a entre eux est très fort. Maintenant, nous avons très peu de temps pour préparer le match contre les Pays-Bas mardi mais nous irons pour gagner".

Diego Forlan (attaquant de l'Uruguay): "On a tant souffert mais on y est, parmi les quatre meilleures équipes du monde ! Mon tir au but ? Je me suis demandé si j'allais piquer mon ballon, mais non j'ai tiré normalement. Il fallait que je marque, je n'ai pensé qu'à ça".

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