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L'UTS de Patrick Mouratoglou, le nouveau tournoi de tennis qui bouscule les codes traditionnels

Oubliez (presque) tout ce dont vous connaissez sur le tennis traditionnel. L’entraîneur Patrick Mouratoglou lance ce week-end un nouveau format de tournoi qui se veut différent des rendez-vous traditionnels : l’Ultimate Tennis Showdown (UTS). Proposé dans l'enceinte de son Académie, dans l'arrière-pays niçois, 10 joueurs s’affronteront sous la forme d’un championnat sur cinq week-end d’affilée. Cartes à jouer, mort subite, quart-temps, on vous explique le nouveau format proposé par Patrick Mouratoglou. Et il risque d’en dérouter plus d’un !
Article rédigé par Apolline Merle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
 

► Pourquoi un nouveau tournoi ? 

“Dans les années 80, des joueurs comme McEnroe ou Connors étaient faciles à identifier car ils montraient leur personnalité et leurs émotions sur le terrain avec la foule. Depuis lors, en raison de l'évolution du code de conduite (qui est devenu de plus en plus rigide au fil des ans) les joueurs ont poli leur personnalité”, explique Patrick Mouratoglou, au sujet de l’UTS, le nouveau tournoi qu'il met en place. Il veut retrouver de l'émotion, de la surprise dans les matchs. L'entraîneur de Serena Williams veut bousculer les codes pour surtout, attirer un public plus jeune. Une nécessité selon lui. “Les jeunes ne regardent pas le tennis. C’est un fait. Les fans de tennis sont âgés. L'âge moyen des fans de tennis se situe à 61 ans, et prend un an de plus par an. Donc, ce n'est pas le signe que le sport se porte bien. Tout le monde le sait et s'en inquiète.”

La crise du Covid-19 étant passée par là, Patrick Mouratoglou en a profité pour mettre en lumière ce concept de tournoi. Ce nouveau format s’inscrit dans une volonté de dynamiser les matchs, les raccourcir et apporter des “surprises et de l’émotion”. “Les gens consomment des formats vidéo plus courts et préfèrent les contenus à grignoter. Plus les matchs sont longs, plus la durée d'attention diminue, ce qui est encore plus vrai pour le jeune public”, précise-t-il encore. Le code de conduite sera également largement assoupli pour permettre aux joueurs de s'exprimer pleinement, y compris leurs frustrations, et la compétition, jouée à huis clos en raison de la pandémie de coronavirus, sera retransmise en direct sur la plateforme internet de l'UTS... sur abonnement (affiché à 9,99€ par mois).

Alors que la saison est toujours à l’arrêt, le timing joue en faveur de son projet. “Il est très dur de lancer une ligue en marge de l'ATP, et le calendrier est extrêmement chargé, reconnaît Patrick Mouratoglou. Cette période est donc le moment idéal, d'une part avec l'arrêt des compétitions et d'autre part, les joueurs en avaient envie. C’est une opportunité.” Selon l'organisateur, l'idée n'est pas de remplacer tel ou tel tournoi majeur, mais bien de se faire une place à leur côté. “Pour la WTA et l’ATP, il est compliqué pour eux de changer les modèles existants car les fans du circuit aiment le tennis traditionnel et n’aiment pas le changement. Donc il fallait quelqu’un d'extérieur pour cela", estime-t-il. 

► Un tournoi 100 % masculin 


Si ce tournoi est bien des choses, il est surtout 100% masculin. Une décision assumée par Patrick Mouratoglou. “Je suis un supporter des femmes, mais pour cette première édition, il n’était pas possible de créer un nouveau tournoi pour hommes et femmes à la fois et dans les délais aussi courts. Mais c’est un objectif pour les saisons prochaines”.

► Qui participe ?

Dix joueurs sont attendus lors de la première édition de l’UTS. Parmi eux,  Dominic Thiem (N.3), Lucas Pouille (58e), Matteo Berrettini, David Goffin (10e), Stefanos Tsitsipas (6e), Richard Gasquet (50e), Alexei Popyrin (103e), Benoît Paire (22e), Dustin Brown (239e) et Feliciano Lopez (56e) qui remplacera finalement le Canadien Felix Auger-Aliassime (20e) qui a dû déclarer forfait sur blessure à la cheville droite.

► Le format 

Pendant ce tournoi, dix joueurs s’affronteront donc, et chacun d'eux jouera une fois contre chacun des joueurs. Au total, 50 matchs seront disputés sur cinq week-ends. Lors des quatre premières semaines, il y aura 10 matchs par week-end (5 le samedi et 5 le dimanche). Pour la dernière semaine, cinq matchs auront lieu le samedi, et les playoffs se tiendront le dimanche (5 matchs). Les six mieux classés joueront une phase à élimination directe. Les deux premiers seront directement qualifiés pour les demies, les quatre suivants en quarts.

► Les règles

Chaque match est divisé en 4 quarts-temps de 10 minutes. Les joueurs ont deux services chacun (sous la forme du tie-break). Ils ont 15 secondes maximum entre deux points, contre 25 sur le circuit ATP. Si un quart-temps se termine par une égalité, un point décisif est joué pour déterminer le vainqueur du quart-temps. Si les deux joueurs sont à égalité à 2 quarts-temps remportés chacun, un quart supplémentaire est joué dans un format de mort subite.

► C’est quoi la mort subite ? 

Le joueur ayant obtenu le plus grand nombre de points au cours des quatre quarts-temps décide s’il souhaite servir ou choisir un côté du terrain. Si les deux joueurs sont à égalité, une décision est prise à pile ou face. Les joueurs servent une fois en alternance. Celui qui gagne deux points d'affilée est le vainqueur. Aucun temps mort de coaching n’est autorisé tout comme aucune carte UTS ne peut être utilisée.

►  Les cartes UTS

“Pour rendre les rencontres encore plus passionnantes, nous avons introduit les cartes UTS”, indique l’organisation. Avant chaque match, chaque joueur se verra présenter quatre cartes UTS différentes. Ces cartes peuvent avantager le joueur ou désavantager son adversaire. Avant chaque quart-temps, le coach peut choisir deux des quatre cartes que son joueur utilisera au cours du prochain quart-temps. Le joueur choisira quand il utilisera les deux cartes choisies par le coach. Les joueurs ne peuvent pas jouer deux cartes à la fois, ni jouer une carte simultanément avec son adversaire. Sept cartes seront proposées aux joueurs. Parmi elles, explique Patrick Mouratoglou, “il y a celle du prochain point compte double, ou triple si le joueur le gagne, ou alors votre adversaire obtient un service au lieu de deux. Le tennis change, les pressions ne sont plus au même moment.”

► Le coaching 

Chaque joueur a le droit d'avoir 4 temps morts de 30 secondes, 1 par quart-temps à prendre à n'importe quel moment sur demande de son coach. Le joueur a le droit de refuser le temps mort du coach. Toutes les interactions entre coach et joueur doivent se faire en anglais. Dans le cas contraire, le joueur aura un point de pénalité.

► Les prize-money 

Patrick Mouratoglou insiste sur le fait que cette compétition n'est pas une simple exhibition : les joueurs seront là pour gagner, d'autant qu'un prize money leur est promis. Le prize money le plus élevé sera de 30 000 dollars (environ 26 500€), le plus bas de 5 000 dollars (environ 4400€). 

► Quels objectifs en termes d'audience ?

Pour cette première édition, Patrick Mouratoglou espère réunir sur sa plateforme UTS Live “50 000 personnes minimum sur l'ensemble des 5 week-end”. L’organisateur a conscience qu’il va falloir séduire un nouveau public avec un nouveau genre de tournoi qui tranche avec ce que le public a toujours connu. “Le tennis, c'est un marathon, l'UTS c’est un sprint”, conclut-il. 

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