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La Chinese Super League, nouvel eldorado des footballeurs

Après les pays du Golfe, après l'Inde, après les Etats-Unis, la Chine devient la nouvelle destination à la mode pour les footballeurs de la planète. La Chinese Super League a ainsi investi 356.63 millions d'euros lors de ce mercato hivernal (pas encore fini pour elle), qui est en fait le marché principal de cet hiver pour une compétition qui reprendra le 4 mars avec 16 équipes. Les stars affluent, avec des salaires mirobolants, sous la pression du pouvoir politique qui vise l'obtention de l'organisation d'une prochaine Coupe du monde.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Alex Teixeira (à gauche), le plus gros transfert de ce mercato hivernal 2015-2016, avec ses compatriotes Ramires et Jo notamment, sous les couleurs du Jiangsu Suning (LIU JIANMIN / IMAGINECHINA)

Le plus gros transfert de ce mercato d'hiver, c'est le Brésilien Alex Teixeira. Pour s'attacher les services de ce joueur de 26 ans, qui appartenait au Shakhtar Donetsk, la Jiangsu Suning a déboursé la somme de 50 millions d'euros. Et a ajouté 28 millions pour faire venir un autre joueur de la Seleçao, Ramires, en provenance de Chelsea. Le vainqueur de la Coupe de Chine souhaite ainsi s'élever dans la hiérarchie après avoir terminé à la 9e place du dernier championnat. Mais pour conserver sa suprématie, le Guangzhou Evergrande, quintuple champion de Chine en titre, ne s'est pas ménagé en mettant sur la table 42 millions pour attirer le Colombien Jackson Martinez, venu de l'Atlético Madrid. 

Ces trois transferts sont les trois plus gros du mercato d'hiver. Sur les six plus gros, cinq proviennent de la Chinese Super League (Elkeson à 18.5 millions et Gervinho à 18). Seul Giannelli Inbula a perturbé ce jeu avec son transfert de Porto à Stoke City pour 24.25 millions d'euros. Avec les Goulart, Guarin, Montero, Demba Ba, Lavezzi, Mbia, Gyan ou Kakuta, la migration est très importante. Au total, Peut-être même pour attirer un Wayne Rooney ? Deuxième sur la ligne d'arrivée, la Premier League, dont le marché est désormais fermé, n'a atteint "que" 247.3 millions d'euros. Très loin de ces sommes là, la Ligue 1 a réalisé un marché à la hauteur de 31 millions d'euros. Par comparaison, la deuxième division chinoise (appelée League One) a déboursé 68 millions d'euros dans cette période. Mais tous ces chiffres sont néanmoins à pondérer. Pour les dirigeants chinois, cette période est la plus importante puisqu'elle précède le début de la compétition, alors qu'il ne s'agit que d'une période d'ajustements pour les clubs européens, placée en plein coeur de la saison. 

Si on compare les investissements dans les transferts en cumulant les deux mercatos (hiver et été), les championnats européens demeurent encore devant la Chine. Mais celle-ci se rapproche au grand galop, avec en point de mire l'ambition de l'Etat de se voir attribuer bientôt une Coupe du monde. Comme les Qataris auparavant, le pouvoir politique chinois se donne les moyens de ses ambitions: les dix plus gros entrepreneurs chinois ont tous acheté un club, les droits TV sont passés de 8.2 millions d'euros la saison dernière à 183 millions cette saison (par comparaison, en France le montant est de 748.5 millions, la Premier League anglaise 2.3 milliards d'euros), 50 000 écoles de foot ont été créées... Alors que le football chinois est passé professionnel depuis 1994, lors de la dernière Coupe du monde en 2014 au Brésil, 498 millions d'habitants du pays ont suivi au moins un match de cette compétition. Le marché est immense, le potentiel aussi.

Lire aussi: Le plan de la Chine pour devenir une superpuissance du football

Mais la Chine ne s'ouvre pas encore totalement au système du foot moderne. En effet, chaque équipe ne peut engager que quatre joueurs étrangers, plus un issu de l'Asie (dans le sens large puisqu'il intègre l'Australie ou l'Ouzbekistan). En revanche, sur les bancs de touche, après avoir eu les Tigana, Perrin, Gillot ou Anelka, les clubs ont jeté leur dévolu sur les anciens sélectionneurs: Luiz Felipe Scolari (Guangzhou Evergrande Taobao), Sven-Goran Eriksson (Shanghai SIPG), Mano Menezes (Shandong Luneng Taishan), Alberto Zaccheroni (Beijing Guoan), Slavisa Stojanovic (Changchun Yatai). D'autres anciens grands joueurs ont aussi tenté l'aventure technique: Dragan Stojkovic (Guangzhou R&F), Dan Petrescu (Jiangsu Suning), Gregorio Manzano (Shanghai Greenland Shenhua)... Du coup, les coachs locaux ne sont que trois sur le total de 16 équipes. Un mal pour un bien afin d'acquérir plus rapidement les bonnes méthodes d'entraînement et de management ?

Avec l'ambition de mener le "produit football" jusqu'à représenter un point du PIB chinois (850 milliards de dollars) à l'horizon 2025, la Chine va poursuivre sa montée en puissance dans le monde du ballon rond.

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