La Cour des comptes recommande la refonte des financements publics
Dans un rapport rendu public jeudi et premier du genre, la Cour dresse un constat sévère de la situation actuelle, près de 50 ans après la décision du général De Gaulle, furieux du piètre résultat de la France aux Jeux olympiques de Rome en 1960, de développer le sport tant amateur que de haut niveau en France. Pour la Cour qui rappelle le contexte actuel de "grande tension pour les finances publiques", ce modèle des années 60 a montré ses limites. L'Etat consacre 4,3 milliards d'euros par an au développement des politiques sportives.
Interrogée par l'AFP, la ministre des Sports Valérie Fourneyron a estimé que ce rapport confortait sa "feuille de route". "Sur ses 19 recommandations, il y en a 19 que je partage, dont la moitié que mon ministère a déjà engagée", a-t-elle déclaré. "Il montre très clairement que les inégalités sont encore très fortes et qu'il faut prendre des mesures énergiques pour les corriger parce que pour l'instant, le modèle sportif français est mal organisé", a-t-elle ajouté.
Selon la Cour en effet, l'Etat doit "concentrer les moyens dont il dispose au service de priorités resserrées dans le cadre de deux grandes priorités qu'il a défini: le développement du sport pour tous, l'excellence du sport de haut niveau". Sur ce dernier point, si la France est le 5e pays ayant envoyé des athlètes en finale (les huit derniers) aux Jeux olympiques de Londres, "ces résultats comportent des fragilités", notamment dans le sport féminin, les sports collectifs et le handisport. "En se mondialisant et en se professionnalisant, le sport évolue dans un contexte de concurrence internationale avivée", estime la Cour.
"Plus grande sélectivité"
Face à ces enjeux, la France reconnaît pas moins de 119 disciplines de haut niveau. La liste des sportifs de haut-niveau, établie par le ministère des Sports, recense environ 15.000 personnes dont 8.000 "espoirs et partenaires d'entraînement" qui ne deviennent pas souvent athlètes. Mais, observe la Cour, les aides financières directes de l'Etat à 3.137 athlètes de haut niveau (1.200 au Royaume-Uni) sont "très dispersées" et leur impact pas évalué. Aussi encourage-t-elle à "une plus grande sélectivité".
Une recommandation qui risque de faire grincer des dents puisque la Cour suggère "un resserrement des disciplines reconnues de haut niveau" et "une plus grande concentration des moyens" sur les sportifs "les plus performants". Au delà, elle suggère de réformer la gouvernance du sport de haut niveau, en confiant les rênes à l'Institut national du Sport, de l'Expertise et de la Performance (Insep).
Plus généralement, la Cour critique la dispersion des fédérations sportives en France: elles sont 117 - dont deux de chiens de traineau et une de flying disc - alors qu'il y en a moitié moins en Allemagne, en Espagne ou en Italie. Elles se partagent 85,6 millions d'euros et 1.680 conseillers techniques sportifs, des agents de l'Etat dont la masse salariale représente 110 millions d'euros par an, par le biais de conventions d'objectifs signées avec le ministère des Sports.
Or, souligne la Cour, des fédérations riches comme celle de football disposent encore aujourd'hui d'un nombre conséquent de conseillers alors que ceux-ci pourraient être redéployés vers des sports moins connus et qui attirent de plus en plus de licenciés, comme le karaté ou le taekwondo. La Cour pousse également le ministère à davantage d'exigence dans l'attribution des agréments aux fédérations, pour "favoriser les rapprochements". Elle recommande aussi une refonte de l'assiette de la taxe "Buffet" sur les droits de retransmission des compétitions sportives, afin d'y ajouter les droits cédés depuis l'étranger.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.