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La F1 réinvente la stratégie à la gomme

Quand ce cher Bernie Eclestone veut du spectacle, il y met les moyens. Parmi toutes ses idées farfelues, le grand argentier de la F1 aime la multiplication des arrêts au stand. En 2011, il risque d'y avoir un gros coup de balai grâce au concours de Pirelli, nouveau manufacturier en remplacement de Bridgestone. A la demande des instances, Pirelli a fabrique un P Zéro très friable. Attention, ça va chauffer dans les stands !
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Le pneu Pirelli PZéro

Le suspense ne suffit pas à Bernie. Il en veut toujours plus. Plutôt que d'arroser les circuits ou de faire tomber une pluie artificielle, on se contentera de l'introduction des pneus Pirelli, une donne essentielle en 2011. Avant l'ouverture de la saison, dimanche en Australie, Paul Hembery, directeur de Pirelli Motorsport, a déclaré que les pneus de la marque italienne s'useraient beaucoup plus vite que ceux du fournisseur précédent, Bridgestone. Cette usure aurait pu écorner l'image de marque de Pirelli si tout cela n'avait pas été réfléchi avec les instances de la F1 et les patrons des écuries engagées. "Nous fournissons ce qu'on nous a demandé de fournir", a répondu Paul Hembery. "Ce sont les directeurs d'écurie qui nous ont demandé d'essayer ce type de pneus." "Il y a aura à coup sûr plus d'arrêts aux stands. Et les écuries adopteront différentes stratégies dans la même course",

2, 3, 4 arrêts au stand ?

Découvert sur le tard, ces pneus durée à ultra-limitées n'ont pas encore été assimilé par les équipes qui vont apprendre beaucoup de chose à Melbourne. "Nous avons à peine  testé ces pneus, confirme Fernando Alonso. Mais il est sûr qu'il y a une nouvelle manière de courir.  Niveau stratégie, une nouvelle Formule 1 débute ici à Melbourne", a estimé le  double champion du monde (2005 et 2006). "Nous devons apprendre à partir (du GP d'Australie) et rester concentrés  sur nos stratégies. Cela peut jouer un grand rôle dans le résultat des courses.  Peut-être que les qualifications auront une valeur un peu moindre car il se passera davantage de choses le dimanche", a ajouté l'Espagnol.

Chez les ingénieurs, tous les simulateurs tournent à plein régime pour déterminer la meilleure stratégie possible. Le facteur x sera le nombre de tours qu'une monoplace pourra courir avant la chute de performance. Economiser les pneus tout en optimisant la performance des monoplaces, tel sera le nouveau défi à relever pour les écuries. Et à ce petit jeu, ce n'est peut-être pas le plus rapide qui gagnera à la fin. Faudra-t-il soutenir un rythme moins élevé en course pour permettre d'économiser la gomme des pneus ou, au contraire, chercher à aller vite pour creuser l'écart et avoir le temps de s'arrêter aux stands à plusieurs reprises ? "Ce que nous voulons mettre en place, c'est introduire le rôle des pneus dans la stratégie de course. L'objectif est de pousser les écuries à changer les pneus des voitures à différents moments de la course. Selon la qualité de gomme choisie et le degré d'usure, vous aurez des voitures à des vitesses différentes sur la piste. Ce qui provoquera inévitablement des dépassements", a-t-il ajouté.

Le Canada pour modèle

Si l'idée n'est pas nouvelle, elle a pris un coup de boost en 2010 après un GP du Canada particulièrement animé. "En gros, ce que l'on nous a demandé, c'était d'avoir de nouveau des Grands Prix comme celui du Canada (ndlr : l'an passé, les équipes s'étaient éparpillées entre un choix de pneus plus tendres, d'autres plus durs, ce qui entraîna une course très tactique et resserrée). On a passé énormément de temps et dépensé énormément d'énergie à essayer de recréer cette situation", rappelle Paul Hembery. "D'après les premiers tests, il n'y a pas encore une marche à suivre qui émerge. Chaque écurie, chaque style de conduite influent sur l'évolution des pneus en course." Un retour à la stratégie que n'aurait pas renié Alain Prost, quadruple champion du monde et maître en la matière.

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