La France corrigée par les Boks
Les Bleus retournent à leurs études
Noyé sous la déferlante de la Coupe du Monde de football, le monde de l'ovalie a été gratifié un match de haute volée ce samedi en Afrique du Sud. Loin du bourdonnement assourdissant des vuvuzelas, le XV de France a reçu une leçon de rugby. Pourtant auréolé d'un neuvième grand chelem lors du tournoi des six Nations, les hommes de Marc Lièvremont n'ont pas pesé lourd face au challenge physique imposé par les Sud-africains. Si en matière de football, les Bafana-Bafana font figure d'outsiders au grand cur, dans le monde du rugby, les Boks ont confirmés être une référence. Restant sur trois défaites de rang face à l'équipe de France, dont la dernière 13-20 le 13 novembre dernier, les coéquipiers de John Smit voulaient briser cette terrible série et s'y sont attelés d'entrée.
Etait-ce un effet d'optique ? Les Bleus sont apparus petits à côtés de leurs adversaires, pris de vitesse, effacés dans leur face-à-face. Ecrasés en première mi-temps, vivant un véritable cauchemar lors des 20 premières minutes, ils sont parvenus à équilibrer les débats en seconde période. Même si le score le ne le reflète pas. Le mérite des Tricolores fut de continuer à créer du jeu même lorsque l'addition se salait en même temps que les minutes défilaient. Au final, les Bleus s'inclinent 42-17 et difficile de savoir sur quel pied danser. Certains resteront sceptique devant la déroute française, d'aucuns salueront le génie des Boks. A un an de la Coupe du monde de rugby, le Quinze de France sait que la route qui le mène vers son premier sacre est encore longue.
Les deux équipes avaient alignés leur meilleure formation, preuve que ce test-match revêtait une importance capitale. Cueillant leur adversaire à froid, les Boks ouvraient le score après moins de deux minutes par Pierre Spies (2), puis récidivaient grâce à Gio Aplon (9), avec deux transformations et deux pénalités de Morné Steyn (10, 23). Les Bleus réagissaient en inscrivant un essai par l'ailier Aurélien Rougerie, transformé par Parra (29), mais les Springboks réagissaient immédiatement par un essai de Gurthrö Steenkamp (32). Une succession de mêlées à cinq mètres de la ligne sud-africaine permettait à Parra de réduire le score à 25-10 avant la pause. Mais la seconde période repartait sur les mêmes bases que la première avec une pénalité de Steyn et un nouvel essai sur interception, inscrit par Gio Aplon (49).
Les Français tentaient vainement de revenir dans la partie mais multipliaient les erreurs et subissaient la domination des Springboks, qui ajoutaient un cinquième essai à cinq minutes du terme par le 3e ligne François Louw, transformé par Ruan Pienaar, avant l'essai pour l'honneur de l'ailier Marc Andreu, transformé par David Skrela.
Réactions:
Thierry Dusautoir (capitaine du XV de France): "Je ne pense pas que le problème soit venu de la différence de rythme. C'était plus une question de mental. Le fait, aussi, qu'ils ont très bien su exploiter toutes nos erreurs. Sur l'ensemble de la partie, on ne peut pas rattraper vingt points de retard. Inconsciemment, ça a joué. (cette défaite laissera-t-elle des traces?) C'est surtout le fait d'avoir perdu de cette manière. On est à un an de la Coupe du monde, je ne pense pas qu'il faille tirer de grandes conclusions de ce match. On a une bonne équipe et on a encore besoin de travailler."
Peter de Villiers (entraîneur de l'Afrique du Sud): "La victoire s'est jouée dans les 20 premières minutes. On a énormément de respect pour l'équipe de France, on sait qu'ils peuvent revenir à n'importe quel moment et dans n'importe quelles circonstances, mais c'est vrai que les vingt premières minutes ont été primordiales. Il a ensuite fallu gérer, car si les Français peuvent revenir à n'importe quel moment, il ne fallait pas que cela arrive aujourd'hui (samedi). C'est effrayant de voir à quel point ils sont similaires. C'est une équipe très structurée, qui a beaucoup évolué et que l'on prend avec le plus grand sérieux."
John Smit (capitaine de l'Afrique du Sud): "C'était important pour nous de gagner. Nous sommes une bonne équipe et ce match était important entre les vainqueurs du Tri-Nations et les vainqueurs du Tournoi des six nations. On a eu une semaine difficile avec beaucoup de choses distrayantes, il fallait être extrêmement concentré sur les bases. On savait que les Français allaient venir avec une bonne équipe et il fallait se montrer à la hauteur. On a vu nos intentions dès le début, contrairement à la semaine passée (au pays de Galles). Nous sommes allés droit au but avec beaucoup d'intentions et avons inscrit deux essais très rapidement. Aujourd'hui, c'était notre dernière occasion (avant le Mondial) de battre l'équipe de France, dont on sait qu'elle nous a souvent fait mal."
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