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La France rend hommage aux trois champions disparus

Qu'elles soient issus de la politique ou du monde du sport, de nombreuses personnalités publiques ont tenu à saluer la mémoire de Florence Arthaud, Camille Muffat et Alexis Vastine, disparus dans un accident d'hélicoptère en Argentine alors qu'ils participaient à un jeu de téléréalité.
Article rédigé par Julien Lamotte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
 

La France a rapidement fait savoir sa peine par la voix de son Président, François Hollande, qui a évoqué "trois champions disparus parce qu'ils voulaient encore une fois repousser les frontières, faire connaître des exploits, des pays, des régions"". Le Chef de l'Etat a ainsi salué la mémoire de Camille Muffat, 25 ans, qui "voulait vivre pleinement et qui est  morte tragiquement", la "grande navigatrice" Florence Arthaud, 57 ans, et le  boxeur Alexis Vastine, 28 ans.

De son côté, Nonce Paolini, le PDG de la chaîne TF1, qui programmait le jeu auquel participaient les trois sportifs, s'est montré  bouleversé par ce drame : "On est tous sonnés par cette horrible nouvelle qu'on a apprise évidemment dans la nuit. Je ne sais pas quoi dire". "D'abord, on pense à tous les proches, aux familles des malheureuses  victimes, que ce soit nos champions, que ce soit l'équipe technique, c'est une dure épreuve pour ces familles et c'est une dure épreuve pour nous tous parce  que vous savez, vous connaissez ces métiers, on fait ça pour faire plaisir aux  gens", a-t-il poursuivi.

Les sportifs français se sont également manifesté en nombre pour exprimer leur désarroi, la plupart via Twitter. Contacté par l'AFP, Teddy Riner raconte : "J'ai été réveillé ce matin par des tonnes de messages pour me dire que mon pote était mort. J'ai eu envie de vomir tellement c'est dur, c'est horrible", a déclaré le judoka à propos de Vastine, son ami boxeur. "C'était quelqu'un de très attachant. A l'Insep, c'était impossible de  ne pas connaître Alexis. On se charriait tout le temps. Je l'ai vu il y a une semaine, il s'entraînait à la salle de muscu pour perdre du poids. Aujourd'hui,  il n'est plus là", a conclu Riner, joint par téléphone en République tchèque où  il est en stage.

Drapeau en berne au CIO

Teddy Riner a par ailleurs indiqué qu'il avait été sollicité pour participer à l'émission de télé-réalité, pour laquelle 8 sportifs ont été  choisis. "Je devais faire cette émission mais ce n'était pas possible de bloquer 15  jours dans ma saison, a-t-il confié. Ca avait l'air marrant, c'est pour ça que  ça a attiré autant de sportifs. Comme quoi, la vie ne tient qu'à un fil. Maintenant, c'est clair, jamais je n'irai dans ce genre d'émission".

Au plan international, le Comité international olympique (CIO)  s'est dit "bouleversé" par la disparition des trois athlètes. "Le monde du sport et la famille olympique ont perdu trois de leurs plus  brillants représentants. Chacun d'entre eux n'était pas seulement champion dans  son sport mais jouait aussi un formidable rôle de modèle". Pour rendre hommage à ces champions, dont deux d'entre eux, Camille Muffat  et Alexis Vastine, ont été médaillés olympiques, le drapeau olympique sera mis en berne pendant trois jours au siège du CIO à Lausanne.

Les autres réactions : 

Henri Leconte, ex-tennisman : "Je suis sous le choc et effondré. On perd des grands noms du sport. J'ai  appris ce matin très tôt à la télévision. On se dit que ce n'est pas  possible... Je suis d'autant plus choqué parce que l'on m'avait contacté pour  savoir si je pouvais participer à ce jeu, mais je ne pouvais pas".

Francis Joyon, navigateur : "Je suis profondément attristé par ce  drame, j'avais beaucoup d'admiration pour Florence Arthaud"

Daniel Costantini, ancien sélectionneur de l'équipe de France de handball  messieurs : "Cela secoue énormément. On a presque l'impression d'avoir perdu un membre de la famille. Le premier mot qui me vient à l'esprit c'est: injustice. Comment des champions comme ceux-là peuvent mourir alors qu'il  leur reste la plus grande partie de leur vie à vivre? C'était peut-être un peu  moins le cas pour Florence Arthaud, parce qu'elle était plus âgée, mais c'est  terrible, tragique pour elle d'avoir péri dans ce jeu après avoir failli mourir  en mer.

Olivier de Kersauson (navigateur): "C'est d'une infinie violence. Il y avait chez Florence Arthaud une espèce de personnage  complètement hors norme capable de tout. Elle avait un vrai sens de la mer, une  analyse très féminine et en même temps intelligente. Ca fait un choc. On a tous  perdu une petite soeur, une fille que tout le monde admirait, trouvait  marrante. Ce n'est pas une imposture, c'est un extraordinaire marin. Une vraie  gentillesse, une énorme curiosité, une capacité à ne pas reculer, à prendre des  risques.

Fabrice Pellerin (ancien entraîneur de Muffat): "Je suis effondré,  vous imaginez que c'est choquant... Ce qui est dur, c'est justement de  confronter l'image que j'ai de Camille qui est insubmersible, pour moi, et  puis, ce qui arrive. C'est quelque chose d'assez difficile à réaliser  finalement. D'avoir en tête cette fille forte, pleine de joie de vivre, et puis  en même temps, les choses qui s'arrêtent... C'est vrai que je la connais depuis  qu'elle a treize ans, donc c'est comme si j'avais perdu quelqu'un de ma famille."

Tony Estanguet (kayak, représentant des athlètes au CIO): "10 morts, 8 français, 3 légendes du sport  français. Je connaissais personnellement Camille et Alexis. J'ai tant de grands moments avec eux, bien sûr les Jeux Olympiques mais surtout tous  ces moments de la vie de tous les jours. Camille, une championne incroyable,  d'une énergie intérieure débordante, à la fois si calme et capable d'une  puissance redoutable. Elle avait pris cette décision surprenante et  courageuse d'arrêter sa carrière si jeune et nous avions beaucoup échangé sur  ce sujet. Elle profitait de la vie qui s'ouvrait à elle. C'est dur. Et que dire  d'Alexis... l'un des sportifs qui m'a le plus touché. Il nous a fait pleurer  pendant les Jeux, d'une grande sensibilité, honnête et sincère. Il s'est  reconstruit, prêt à repartir au combat pour vivre son rêve de devenir champion  olympique. Je me souviens de cette discussion à bâtons rompus il y a 2 mois à  peine où nous parlions du rebond ou comment gagner après un échec. Il était  déterminé et prêt. Je me souviens aussi de notre dernier raid des étoiles où  nous nous sommes tiré la bourre jusqu'au bout et forcément de ces soirées  endiablées. Il venait de perdre sa soeur, là aussi dans un accident tragique.  Trop, c'est trop, quand le sort s'acharne. Je pleure ces grands champions..."

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