La justice suisse suspend un haut magistrat enquêtant sur la Fifa
Dans un communiqué, le Ministère public de la Confédération (MPC, parquet) explique avoir reçu à la fin septembre des "informations concernant des griefs" contre son chef de la division criminalité économique, désormais suspendu "provisoirement de toutes ses fonctions jusqu'à nouvel ordre". Le MPC souligne toutefois "expressément que les informations sur lesquelles cette décision se base sont sans aucun rapport avec les deux rencontres bilatérales entre les dirigeants du MPC et de la Fifa dont il a été fait état à la suite de la publication de ce que l'on nomme les +Football Leaks+ le 2 novembre", ces révélations d'un consortium de médias européens qui pointe ces derniers jours, entre autres, les liens du président de la Fifa Gianni Infantino avec un magistrat suisse.
Afin de clarifier la situation, le parquet a demandé à l'autorité de surveillance du MPC de désigner un "procureur extraordinaire". Celui-ci sera l'ancien procureur zurichois Ulrich Weder, a indiqué le président de l'Autorité de surveillance du MPC, Niklaus Oberholzer, à l'agence suisse ATS. Une procédure habituelle, selon lui. "Nous recourons à un procureur extraordinaire si des éclaircissements sont nécessaires, ou s'il peut éventuellement y avoir infraction pénale", a précisé M. Oberholzer. L'ouverture d'une éventuelle procédure dépendra du procureur extraordinaire.
Multiples enquêtes
Reste que le MPC n'a pas précisé sur quelles enquêtes le procureur suspendu travaillait ou avait travaillé exactement. Les possibilités sont nombreuses. Depuis mai 2015 et l'arrestation de hauts cadres du football mondial à Zurich à l'initiative de la justice américaine, la justice suisse a ouvert plusieurs procédures. L'une concerne l'ex-président de la Fifa Sepp Blatter et l'ex-président de l'UEFA Michel Platini, pour un paiement de 2 millions de francs suisses du premier au second. Les deux hommes ont été suspendus par la justice interne de la Fifa. Sepp Blatter est également soupçonné de "gestion déloyale" pour avoir octroyé un contrat de droits télévisés au sulfureux Jack Warner, dans des conditions apparemment inférieures au prix du marché.
La justice suisse a également ouvert une procédure à l'encontre de Jérôme Valcke, ex-secrétaire général de la Fifa, suspendu par la justice interne de la Fifa pour des faits de corruption. Les enquêteurs suisses ont également mené en avril 2016 des perquisitions au siège de l'UEFA à Nyon (Suisse) à la suite des révélations des Panama Papers portant notamment sur un contrat de droits de télévision accordé par Gianni Infantino, alors secrétaire général de l'instance et désormais patron de la Fifa. Plus récemment, les "Football Leaks", révélations d'un consortium de médias européens, ont révélé que des "invitations" auraient été accordées par M. Infantino à son ami Rinaldo Arnold, premier procureur du Haut-Valais (région au nord du canton), au Mondial-2018 en Russie ou en mai 2016 pour un Congrès de la Fifa au Mexique et la finale de la Ligue des champions 2016 (organisée par l'UEFA) à Milan.
Ces révélations ont entraîné la nomination d'un premier "procureur extraordinaire" mais à un niveau régional, dans le canton du Valais. Celui-ci, désigné cette semaine par le ministère public (parquet) du canton du Valais, devra établir précisément "les faits et déterminer s'ils seraient susceptibles de relever ou non du droit pénal". Réagissant à cette nomination, M. Infantino a ironisé: "S'il est interdit en Suisse d'avoir des amis...", a-t-il dit mercredi au siège de la Fifa à Zurich, devant quelques médias, dont l'AFP, ajoutant par ailleurs qu'il n'avait rien fait "d"illégal ou de contraire aux règles d'éthique".
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