La résurrection de Paul-Henri Mathieu
Il a mis du temps à se trouver. Du temps pour se régler. Du temps pour trouver le bon rythme. Mais à voir son visage si ému, si heureux d''avoir gagné ce match, on pouvait imaginer tout son bonheur. Les larmes n'étaient pas loin. Car Paul-Henri Mathieu revient de loin. Avant son premier match dans un tournoi du Grand Chelem depuis l'US Open 2010, il avouait son plaisir de pouvoir, simplement, jouer à Roland-Garros. Alors passer le 1er tour, contre un joueur classé 85e mondial, la joie était décuplée. Une opération du genou, une longue convalescence, avant son retour sur le circuit au début de l'année, le Strasbourgeois a vécu 18 mois sans savoir s'il pourrait rejouer. Alors sur le court N.2, sous le soleil, il a profité.
Il était d'autant plus heureux que l'ancien 12e joueur du monde a dû remonter deux sets de retard. Totalement dominé par l'Allemande durant les deux premières manches, il a su ne pas se frustrer, ni s'impatienter. Et petit à petit, son jeu s'est remis en place, ses frappes puissantes se sont faites plus précises, plus lourdes, plus tranchantes. Sur une terre-battue qu'il aime tant, où sa puissance pouvait faire trembler les meilleurs, il est redevenu un joueur de haut niveau. Après avoir couru les tournois Challengeurs pour retrouver du rythme, après avoir battu Feliciano Lopez à Rotterdam pour son premier match sur le circuit principal en février, puis l'Américain Donald Young à Monte Carlo, "Paulo" est ressucité. "C'est pour des moments comme ça que je me suis battu", lâchait-il, encore sur le court.
"Je m'étonne mais je me suis battu pour ça"
Quelques longues minutes après, en conférence de presse, Paul-Henri Mathieu revenait sur son match: "J'ai eu du mal à me rendre compte que je jouais à Roland. J'attendais ça depuis tellement longtemps", glissait-il. J'ai mis du temps à démarrer. Le public a été pour beaucoup dans mon retour, et ça m'a permis de me relâcher. Si j'ai gagné, c'est en grande partie grâce à eux. Forcément, ça manque. C'est pour des moments comme ça que je me suis battu pour revenir." Forcément, il était question de ces mois passés loin du circuit: "Le début de ma 2e carrière a commencé après mon opération. C'est la première fois que je joue en cinq sets. J'ai dû aller chercher au plus profond de moi-même, et pas que sur le plan physique. Je ne suis pas tout frais, mais j'ai été pire."
Et lorsqu'on lui fait remarquer que c'est seulement la deuxième fois qu'il remonte deux sets de retard dans sa carrière, il tranche: "Ce qui est extraordinaire, c'est de me retrouver sur le court, pas de revenir de 2 sets à 0. C'est incomparable par rapport aux efforts que j'ai pu faire pour revenir sur un terrain. Je ne peux pas faire la même chose qu'avant, je ne peux pas m'entraîner comme avant. J'ai des exercices quotidiens pour renforcer ma jambe, qui n'est pas encore aussi costaude que l'autre. J'ai envie de me faire plaisir et encore plusieurs années. Je ressens toujours un peu de douleurs au genou. Ca fait partie du processus." Il n'oublie pas ces durs moments: "Mon objectif était de pouvoir rejouer ici. Je suis étonné car j'ai eu des périodes de doute, où je ne savais pas si je pourrais y arriver. Après Estoril voici trois semaines, j'ai encore dû réduire ma dose d'entraînement car j'avais des douleurs. Je m'étonne mais je me suis battu pour ça." Et c'est John Isner qui sera en face de lui au 2e tour.
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