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Lama, Zidane, Petit, Blanc, Deschamps... ces querelles qui ternissent France 98

Le 12 juillet 1998, l’équipe de France devenait championne du monde de football. Dans la foulée "Les Yeux dans les Bleus", documentaire retraçant l’épopée victorieuse, devenait un mythe. Près de 20 ans plus tard, le bel édifice s’est lézardé. Les piques, les sorties médiatiques ont eu raison du mythe. L’épisode Bernard Lama en est le tout dernier exemple. Retour sur ces querelles intestines qui ternissent le souvenir de cette victoire.
Article rédigé par franceinfo
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L'équipe de France 98 avant la finale contre le Brésil (ANTONIO SCORZA / AFP)

Emmanuel Petit VS Zinédine Zidane

Les deux milieux de terrain ont été les buteurs de la finale historique contre le Brésil. Mais les deux hommes ne sont pas forcément amis. Pas du tout même. C’est Emmanuel Petit qui va dégainer le premier dans son livre A fleur de peau, sorti en 2008, où il regrette la proximité de Zinédine Zidane avec les patrons du CAC 40. "En Equipe de France, on ne s’est pratiquement jamais parlé. Je ne cherche pas à l’égratigner. Je lui reproche de ne pas prendre position sur des sujets de société. Quand les banlieues brûlaient, un mec comme Thuram a eu le courage de parler, pas Zidane. Ce que je lui reproche surtout, c’est d’être trop proche des grands patrons français", avait déclaré l'homme à la queue de cheval lors d’une interview à 20 minutes.

Des reproches que ZZ n’avait pas apprécié, bien évidemment. "Emmanuel Petit, je ne veux plus le voir", avait affirmé lors d’une interview dans L’Equipe, celui qui n’était pas encore entraîneur du Real Madrid "Petit me critique alors qu'il fait la même chose que moi. Quand je le regarde, je me dis : 'Mais tais-toi !' Il y a des choses difficiles à entendre. Je fais ce que je veux de ma vie", avait ajouté l'ancien Bleu. Les deux hommes se sont croisés une dernière fois en 2008 dans un cossu hôtel parisien. Une conversation de deux heures qui n’a pas aplani le différend. "Il m'a expliqué son point de vue, je lui ai expliqué le mien, et nous ne sommes pas tombés d'accord... Mais cela n'empêche pas le respect", avait conclu Petit dans les colonnes de L’Express.

Laurent Blanc VS Didier Deschamps

Entre l’actuel sélectionneur de l’équipe de France et son prédécesseur, on peut parler de guerre froide. Les faits remontent à l’été 2012. Laurent Blanc et les Bleus restent sur une élimination sans gloire en quarts de finale de l’Euro 2012 contre l’Espagne, futur vainqueur. Le parcours des tricolores a été marqué par des polémiques (Nasri, Ben Arfa). Le bilan des Bleus ne plaide pas forcément en faveur du "Président". Au moment de renégocier son contrat qui arrivait à terme en juin 2012, il n’est pas en position de force. Et il est possible que Noël Le Graët est déjà une autre idée derrière la tête. Depuis quelques semaines, il semble assuré que Didier Deschamps ne fera pas de vieux os à l’OM. Le 2 juillet, il annonce son départ du club phocéen. Trois jours plus tôt, Laurent Blanc annonçait qu’il ne demandait pas un "renouvellement de son contrat" à la tête des Bleus. Le 8 juillet, Deschamps est intronisé nouveau sélectionneur.

Un timing qui laisse un goût amer à Blanc, le deuxième capitaine d’Aimé Jacquet durant France 98. "Quand, à un moment donné, tu penses que quelqu’un t’en veut, c’est que tu penses qu’il a peut-être des raisons de t’en vouloir, non ? (…) On ne passera pas nos vacances ensemble. Il y a des coïncidences difficilement explicables. Moi, Didier, je l’ai rencontré une fois depuis qu’il est sélectionneur, nous nous sommes salués avec beaucoup de respect", avait déclaré Blanc quelques mois après l’affaire. L’avis de Deschamps ? "Avec Laurent, on s’est expliqué. C’est plus le timing, et notamment que je me libère tardivement, qui a fait que (…). Les deux actualités se sont entremêlées." Lui aussi admet que des vacances communes semblent peu probables mais se défend d’avoir jouer dans le dos de son ancien coéquipier : "les circonstances peuvent être troublantes. Mais je n’ai rien calculé du tout."

Lilian Thuram-Patrick Vieira VS Laurent Blanc-Christophe Dugarry

Laurent Blanc toujours. Alors sélectionneur des Bleus, Blanc a ramené un peu de quiétude dans la maison France après Knysna. Mais en plein cœur du printemps 2011, Mediapart lâche une bombe : la FFF tenterait de limiter le nombre de joueurs d’origine étrangère, formés en France, sous prétexte qu’ils choisissent une autre sélection, une fois majeurs. La polémique enfle, Laurent Blanc est attaqué de toutes parts, taxé de raciste. Lilian Thuram, excellent défenseur et très bon quand il s’agit d’attaquer toutes formes de discrimination, prend la parole et n’est pas tendre avec son ancien compère de la défense tricolore. "Je dirais que ses excuses n’ont pas été à la hauteur de ce qui s’est passé", lance l’ancien latéral droit. "J’espère simplement pour lui qu’il n’est pas raciste", ajoute-t-il. Patrick Vieira, "minot" chez les Bleus lors de France 98, renchérit. "Je ne crois pas qu'il (Blanc, ndlr) soit raciste mais je suis surpris du degré de ses commentaires. Quand je lis qu'il a dit que les Espagnols disent : 'Nous on a pas de problèmes, des Blacks on en a pas', c'est scandaleux ! Ce sont des propos graves", avoue l’ex milieu de terrain d’Arsenal.

Pour défendre le défenseur central, Christophe Dugarry monte au front et n’hésite pas à s’en prendre directement à Thuram. "J'en ai assez de l'agression dont est victime Laurent Blanc, notamment de la part de Lilian Thuram. Il a la volonté de passer pour le juge de la Cour Suprême, et j'aimerais qu'il arrête de donner des leçons à tout le monde". Pour l'ancien attaquant, Lilian Thuram devrait faire"preuve de retenue vis-à-vis de quelqu'un qu'il connaît et avec qui il a vécu des choses extraodinaires. Il est dur, agressif envers Laurent Blanc, intraitable..".

Bernard Lama VS Fabien Barthez-Christophe Dugarry

Dernière affaire en date donc, la guerre des goals entre Bernard Lama et Fabien Barthez. Le premier lors d’une longue interview dans So Foot dézingue celui qui a été le gardien titulaire des champions du monde et parle d’un lobbying pro-Barthez : "Barthez a été le symbole de la lutte anti-Lama : des joueurs voulaient me sortir et des médias ont joué le jeu de Barthez. Mais Barthez, c’est un bon soldat ! Il est blanc, pas très intelligent, il ne fait pas trop d’histoires, il a été le chouchou à une époque mais aujourd’hui, on ne l’appelle pas pour parler de football".

Lire aussi : Fabien Barthez taclé par Bernard Lama

Christophe Dugarry, encore lui, est venu à la rescousse de Barthez et en a profité pour jeter quelques pierres dans le jardin de Lama.  "Il y a peut-être un peu d'aigreur aussi de ne pas avoir participé à cette Coupe du monde (Barthez était le titulaire choisi par Aimé Jacquet, ndlr).. Je trouve ça quand même assez moyen de sortir des trucs comme ça (…) Que c'est méchant, tout ça. C'est de la méchanceté gratuite. Tu as l'impression qu'il en a accumulé et qu'il avait besoin de le sortir. C'est qu'il devait être un peu dans un mal-être. (...) Je trouve ça dommage de raconter des choses comme ça qui n'ont pas vraiment d'intérêt", a rétorqué celui qui est aujourd’hui consultant pour RMC. Bref, France 98, une superbe histoire qui ne se termine pas forcément très bien. Cette guerre des mots prouve aussi qu'on peut accomplir de grandes choses sans forcément s'apprécier et qu'Aimé Jacquet avait réussi à souder un groupe tourné tout entier vers la réalisation d'un objectif immense.

VIDÉO. Football : Bernard Lama règle ses comptes

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