Lamy-Chappuis, la lame de fond
Son visage juvénile, ses lunettes rondes qu'il porte en "tenue civile", Jason Lamy-Chappuis donne toujours l'impression d'être le bon élève. Et c'en est un. Premier de la classe même. Et ce n'est pas d'hier. Cela fait même trois ans qu'il accapare les honneurs, les victoires et les titres. Vainqueur de la Coupe du monde 2010, 2011 et maintenant 2012, champion olympique 2010, champion du monde 2011, son palmarès parle pour lui.
Depuis son entrée sur les étapes de Coupe du monde à 17 ans, le natif du Montana, aux Etats-Unis, n'a cessé de gravir les échelons, de perfectionner sa technique, d'améliorer sa science tactique. "Je ne me sens pas vraiment changé. J'ai l'impression de continuer d'année en année ma progression. Et c'est naturellement que j'ai obtenu des bons résultats", nous disait-il à l'aube de cette saison 2011-2012. Bien sûr, ses premiers points marqués en Coupe du monde, lors de sa première épreuve en février 2004 à Oslo, laissaient présager un futur conquérant. Sa 4e place en sprint aux Jeux Olympiques de Turin, à seulement 20 ans, pour son premier parcours olympique également. Mais ce n'était pas suffisant pour en faire la star de la discipline.
5e pour ses premiers JO à 19 ans
Pendant longtemps, il a avancé en se reposant sur ses qualités de sauteur. Mais s'il partait souvent aux avants-postes en ski de fond à l'issue du saut, il voyait ensuit ses rivaux l'avaler. C'est ce qui lui était arrivé à Turin, lors de ses premiers Jeux Olympiques en 2006, pour finir au pied du podium, à une 4e place qui aurait pu le combler de bonheur. Ca n'a pas été son cas. Du travail, du renforcement musculaire, de l'endurance, la star de Bois d'Amont n'a rien négligé, ne s'est pas ménagé. Sa première victoire en Coupe du monde, quelques semaines après les JO, dans le sprint de Sapporo, lui a prouvé qu'il était sur le bon chemin. Premier mondial en sprint et 2e mondial en 2007, il est monté en régime.
En 2010, c'est la consécration. Avant même de mettre le cap sur les JO de Vancouver, "Jèz" est assuré de conquérir son premier Globe de Cristal. Et au Canada, il décroche l'or olympique sur petit tremplin, au terme d'une dernière ligne droite phénoménale, comme un pur fondeur. Et si le vent n'avait pas joué de bien vilains tours lors de l'épreuve sur grand tremplin, il aurait peut-être décroché une deuxième médaille d'or, qui lui tendait les bras. Et ses qualités de sauteur étaient telles que son nom avait circulé pour participer au simple concours de saut à ski olympiques, aux côtés d'Emmanuel Chenal et des autres membres de l'équipe.
La double culture franco-américaine en étendard
Confiant dans sa capacité de glisseur et de résistance, Jason Lamy-Chappuis a affiné son intelligence tactique, au gré de ses 20 victoires et 30 podiums en Coupe du monde. Cette saison, à Ramsau en décembre, c'est en force et au sprint qu'il décroche sa première victoire de la saison. A Klingenthal, en février, il a patiemment attendu derrière ses rivaux pour placer une attaque dans la dernière ascension et remporter une de ses 5 victoires de l'hiver. Deux succès, deux manières de courir, une partie de l'énorme palette que s'est forgé le Français.
Garçon réfléchi et calme, le Franc-Comtois puise dans ses racines la source de ses victoires: "C'est un mixe des deux entre mon père français et ma mère américaine", estime-t-il. "En général, ça va super bien en compétition. J'ai l'impression que les Américains ne se posent pas de question le jour de la 'compet'. Je me souviens de ma mère me disant toujours: 'Do the best you can !' Donne le meilleur de toi-même. C'est un peu la philosophie que j'ai. Ne calcule pas avant, fais ce que tu as à faire et les résultats viendront après".
C'est avec cette philosophie qu'il vient de conquérir son troisième Globe de Cristal consécutif, et qu'il n'est pas encore prêt à s'arrêter: "Je ne me fixe pas vraiment de plan de carrière. C'est plutôt "on verra". Je suis sûr d'aller jusqu'à Sotchi 2014 voire 2015. Après, on verra suivant les envies."
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