Le football brésilien reprend à quelques mètres d'un hôpital qui accueille des malades du Covid-19
L'ambiance dans le grand stade de Maracaña vide était très étrange pour le premier match à se jouer en Amérique du Sud depuis près de trois mois. Dans la nuit de jeudi à vendredi, Flamengo s'est largement imposé face à Bangu (3-0) dans le Campeonato Carioca, le championnat de football de l'État de Rio de Janeiro, à huis clos dans l'enceinte mythique de 78 000 places. Mais ce qui aura marqué les observateurs lors de cette rencontre qui n'était pas diffusée à la télévision brésilienne n'aura pas été le niveau de jeu, mais bien la présence d'un hôpital de campagne à quelques mètres à peine de l'entrée du stade, destiné à accueillir des patients atteints par le Covid-19.
Un match près de 400 lits d'hôpital
Le Brésil est la deuxième nation dans le monde la plus touchée par l'épidémie derrière les États-Unis. Près d'un million de cas ont été recensés dans le pays qui déplore plus de 47 000 morts depuis le début de la crise sanitaire. Un véritable drame pour la population brésilienne qui voit les hôpitaux de campagne se multiplier pour tenter de guérir les malades. Début avril, le stade du Maracaña avait ainsi été réquisitionné pour accueillir une structure de ce type, qui compte plus de 400 lits en son sein. Les parties internes de l'enceinte servaient jusque-là de centre logistique pour cet hôpital de campagne.
C'est donc tout proche de ces malades atteints du coronavirus que les joueurs de Flamengo ont retrouvé les terrains, après trois semaines d'entraînement. Le club, champion en titre du championnat du Brésil, fait cependant office d'exception. Fluminense et Botafogo, deux autres clubs qui doivent participer au Campeonato Carioca, ont ainsi refusé de reprendre la compétition, alors que l'État de Rio de Janeiro compte 8 000 morts depuis le début de l'épidémie. De fait, nombreux sont les observateurs à préciser qu'il est encore trop tôt pour reprendre le football. Mais ce retour du football dans le pays sied grandement à Jair Bolsonaro, le président brésilien, qui milite depuis plusieurs semaines pour la reprise des championnats.
Une petite victoire pour Bolsonaro
Depuis plusieurs mois, Bolsonaro s'est d'ailleurs rapproché du club de Flamengo, au détriment de son club de cœur Palmeiras. Une proximité qui lui permet aujourd'hui d'obtenir une petite victoire avec cette reprise anticipée du football, d'autant que le président est acculé par la situation sanitaire et de multiples procédures de destitution déposées à la Chambre des députés. "Notre société va devoir s'adapter à ce virus jusqu'à ce qu'il y ait un vaccin. Ce qui est important est de savoir comment vivre, respecter le virus, mais ne pas avoir peur de lui", a expliqué Jorge Jesus, l'entraîneur de Flamengo à l'issue de la rencontre, avant d'ajouter : "Les équipes de football ont le privilège d'être constamment testées et de travailler en extérieur. Flamengo travaille prudemment".
Alors que les experts envisagent un pic de l'épidémie en août au Brésil, le championnat national n'a pas encore de date de reprise. De nombreux experts continuent de militer pour repousser le retour du football, même si ce premier match pourrait appeler à l'organisation d'autres rencontres, malgré les dangers qui existent. Dans la nuit de jeudi à vendredi, environ 200 personnes étaient présentes au stade malgré le huis clos. Sur le terrain, les 22 joueurs ont observé une minute de silence avant le début de la rencontre, avant que Flamengo ne s'impose facilement 3-0 grâce à des buts de De Arrascaeta, Henrique et Pedro. Le club champion en titre a consolidé sa première place dans le groupe A de ce Campeonato Carioca qui, pour aller à son terme, devra convaincre toutes les équipes de reprendre la compétition.
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