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Le jour de gloire de Gauthier de Tessières

"Il y a encore quelques années, je pensais arrêter le ski car je ne pensais pas avoir le bon environnement. Mes coaches ont toujours cru en moi. Ce sont eux qui m'ont convaincu que je pouvais avoir un avenir en super-G. Ils voulaient que je sois sélectionné pour ces Mondiaux" a déclaré Gauthier de Tessières surprenant et inattendu médaillé d'argent à Schladming.
Article rédigé par Christian Grégoire
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

"Au départ (de la course), j'ai une énergie extraordinaire. Mes coaches ne m'ont pas lâché depuis trois jours, avec un discours assez spécial, comme quoi je n'étais pas là pour rien et que si j'avais été appelé, il y avait une petite question du destin là-dedans." a ajouté le Français qui,  jusque là n'avait pas souvent connu les places d'honneur. Mais, comme surmotivé par le fait d'être l'appelé de dernière minute dans ces Mondiaux, Gauthier de Tessières n'avait rien à perdre. Et de fait, abordant la course avec beaucoup de sérénité, il a su se montrer plus fort qu'on ne l'attendait. Il était , en prenant des risques et en étant dans le bon tempo.

C'est 'le destin' 

Et le destin, le Bressan y croit. Le destin de naître à Clermont-Ferrand, d'un parcours atypique et surtout d'être remplaçant. Il a  pris au dernier moment la place de Johan Clarey, tombé à pied samedi à Tignes sur une plaque de verglas et opéré lundi d'une lombo-sciatique aiguë.  Clarey, qui plus est son meilleur copain, qui l'a accepté tel qu'il est. Encore un signe du destin.  "Je suis différent", revendique Gauthier , 31 ans. Sans provocation mais avec assurance. "Un skieur qui vient d'une autre région que les Alpes et qui défend des valeurs du ski un peu différentes des autres. J'ai mon expérience, mon histoire qui font que je ne vois pas toujours les choses comme les autres. Ma différence, c'est mon parcours", rappelle le médaillé surprise. Et d'expliciter: "J'ai grandi pas forcément près des Alpes comme mes coéquipiers. J'étais toujours très proche de l'Ecole du ski français qui inculque d'autres valeurs du ski, plus dans le plaisir, moins dans la compétition".   

Un vécu qui l'a catalogué dilettante dans un monde dur, lui toujours entre deux groupes, celui des techniciens et celui de la vitesse, entre la routine de sélections mondiales et olympiques sans sommet et la grande déception de l'exclusion il y a quelques jours. Il a appris le ski au Mont-Dore, station du Puy-de-Dôme, bien loin des  canons habituels des champions alpins ou pyrénéens. Pourtant, en rejoignant le club de l'Alpe d'Huez, il est entré dans la grande famille et s'est acxcroché saison après saison même si les résultats n'étaient pas là. Après un titre de vice-champion du monde junior 2001, il n'est monté qu'une seule fois sur un podium de coupe dui monde, c'était en 2008 dans le géant de Val d'Isère, piste sur laquelle il ne termina que 11e aux Mondiaux. Deux ans plus tard, il termine 9e ce qui constituait jusqu'alors sa meilleure performance.

Rien à perdre

Un palmarès pas très garni pour un skieur de 31 ans qui pourtant estime avoir beaucoup travaillé sans être forcément récompensé.Il faut dire qu'il a connu beaucoup de pépins qui ne l'ont pas aidé, mais l'ont peut-être aussi endurci.  "J'ai eu trois opérations des genoux, une de la cheville. J'ai une épaule cassée en ce moment qu'il faudra opérer un jour. Encore une fois, c'est mon parcours. Je me suis construit là-dessus. Julien Lizeroux (double médaillé d'argent aux Mondiaux 2009, absent depuis deux saisons) s'était construit sur ces choses-là et j'en avais pris beaucoup exemple. On s'est construit dans le dur. C'est pas l'idéal. C'est sûr, j'aurais aimé être un Pinturault et arriver prêt à l'emploi. Mais on est pas tous comme Alexis, lui il a vraiment tout. Moi j'ai dû apprendre dans la souffrance mais c'est un parcours intéressant". Car en arrivant comme cela sur une compétition à laquelle on ne devait pas participer, on en arrive à skier sans entraves et, comme ce fut le cas pour Gauthier de Tessières, à force de n'avoir rien à perdre, d'avoir finalement tout à gagner.  

 

De Teissières, remplaçant en argent

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