Le mauvais soir de Lloris
Il faut remettre dans leur contexte les deux erreurs du gardien de Tottenham: d'abord sur un corner venu de la droite, Filipenko prenait le meilleur sur Pogba et plaçait une tête piquée, dont le rebond capricieux devant sa ligne l'a trompé. Puis, en deuxième période, seul face à Clichy à quelques mètres de l'angle droit de la surface, Kalachev n'hésitait pas et envoyait une frappe flottante en plein sur Lloris. Le gardien français ne voyait pas venir le ballon et passait au travers. Les mains d'habitudes si fermes étaient cette fois bien "molles". A 1-2 juste avant l'heure de jeu, cette deuxième bourde plaçait les Bleus dans une situation bien inconfortable.
Avant le match, Lloris était apparu en conférence de presse pour rassurer. Encore et toujours. Mais au moment de fouler la pelouse de Gomel, cette confiance a volé en éclats. Même s'il n'a pas eu grand chose à faire avant de se manquer dans les grandes largeurs, il a connu une première frayeur dès la 8e minute avec une frappe de Balanovich qui a flirté avec la ligne. A l'image d'un groupe en panne de confiance et de certitudes, Hugo Lloris a donc sombré et a rejoint le marasme offensif qui caractérisait les dernières sorties tricolores. Pas très sûr dans ses interventions et ses prises de balle, il a souvent manqué de détermination, et surtout il est souvent sorti à contretemps, ce qui n'a toutefois pas eu de conséquences face à des attaquants peu dangereux. Malgré tout, celui qui fait figure de titulaire incontournable, tant dans sa cage que dans son rôle de capitaine, et qui n'a finalement guère eu à s'employer, a eu beaucoup de difficultés dans cette partie. Fidèle à lui-même, il ne s'est pas dérobé face aux micros au moment d'évoquer sa prestation : "On s'est mis en difficulté, et je suis le premier responsable avec une soirée difficile à titre individuel, ça fait partie aussi des aléas d'une saison, d'un match, et ce soir, on a réussi collectivement. Après, Franck (Ribéry) nous a mis sur la bonne voie et derrière on a su gagner le match", a déclaré le portier.
Un cap franchi, un accident
Lloris (26 ans) se souviendra de sa 50e cape ! C'est justement le seuil fixé par le sélectionneur Didier Deschamps pour commencer à avoir de l'expérience sur le plan international, un club étroit dans lequel il n'y avait parmi les joueurs du groupe que Ribéry, Abidal, Benzema et Evra. Le gardien est pourtant le capitaine de l'après-Coupe du monde 2010, un brassard auquel les prétendants naturels ne pouvaient plus prétendre, les Evra, Ribéry, Abidal, en raison justement du fiasco de Knysna et des péripéties qui allaient s'ensuivre. Alors Laurent Blanc avait décidé de confier la tâche de capitaine à son gardien, le seul à faire office de titulaire indiscutable à ses yeux. Et son successeur Didier Deschamps a confirmé ce choix. L'ex-Lyonnais, plutôt réservé, n'est pas vraiment un meneur d'hommes dans l'âme, même si les joueurs interrogés sur les profils des leaders le citent désormais.
Mais son leadership, c'est par l'exemple qu'il l'a acquis, par ses innombrables exploits évitant à l'équipe de France la déroute lorsqu'elle était dans la panade. Mardi, c'est un petit paradoxe qui s'est réveillé, comme si le capitaine était déphasé par rapport à ses troupes: jusqu'à ce match à Gomel, les Bleus faisaient grise mine en 2013, avec une seule victoire en sept matches, pour deux nuls et surtout quatre défaites. Et Lloris, lui, rayonnait dans ses cages et parvenait tant bien que mal à éviter le naufrage intégral quand le navire prenait l'eau. Et quand les Bleus retrouvent du panache et de l'efficacité, comme lors de cette seconde période marquée par quatre buts, soit un inimaginable festival au vu de la première, c'est Lloris qui flanche ! Gardien, un poste vraiment particulier. Et Lloris, un joueur à part.
Vidéo: Lloris s'exprime après le match
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