Le monde du football amateur divisé face aux décisions de la FFF et du président Le Graët
"À l'inverse de ce qu'ont fait beaucoup de fédérations sportives en mettant fin aux championnats amateurs (en basket, en hockey, en rugby, en handball, en volley, ndlr), nous, nous sommes dans le flou. La FFF est à la traîne par rapport à ses consœurs." Pour Christophe Fauvel, président du club de Bergerac (National 2), les dernières décisions prises par le comité exécutif de la Fédération française de football sont loin d'être suffisantes. Dans un communiqué publié en fin d'après-midi ce vendredi, la FFF a indiqué qu'elle prenait plusieurs mesures et surtout qu'elle écartait, pour le moment, le principe d'une saison blanche qui impliquerait l'arrêt définitif de tous les championnats amateurs (toutes les compétitions en-dessous de la National 1, y compris cette dernière). Pour les championnats régionaux et départementaux, comme annoncé hier par la fédération, les compétitions devront se terminer avant le 30 juin. Pour les autres, au niveau national, elles pourraient se prolonger jusqu'en juillet.
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Alors qu'il est précisé dans le communiqué que les dernières journées de championnat pourraient être supprimées afin d'alléger le calendrier, Jean-Pierre Scouarnec, président de l'USL Dunkerque (National), salue les décisions de la FFF : "Le président Le Graët souhaite aller au plus près de la fin des compétitions pour qu'on soit sur un classement qui soit le plus représentatif de la saison", souligne le président qui dirige également l'U2C2F (Union des clubs des championnats français de football). "On ne peut pas le blâmer pour ça." Pour le dirigeant dunkerquois, prendre son temps est le maître mot avant de prendre des décisions définitives : "Il faut attendre la fin du confinement pour que le gouvernement puisse donner des indications à la fédération". Un avis partagé par Michel Gendre, qui dirige le Collège des présidents de Ligue : "Ne nous affolons pas, il faut prendre la bonne décision au bon moment."
Une crise aux "répercussions immédiates"
Mais pour certains dirigeants de clubs amateurs, cette temporisation de la fédération fait grincer des dents. "La FFF n'est pas du tout à la hauteur du moment", selon Jean-Luc Veyssy, président du FC Des Portes de l'Entre-Deux-Mers (Régional 1). "Ce que ne veulent pas voir nos dirigeants, c'est que cette crise a des répercussions immédiates", souligne Christophe Fauvel. "Ces dernières vont fragiliser la fin de saison d'un point de vue financier. Certaines entreprises qui sont nos sponsors ne paieront pas ce qu'elles doivent au club, car elles seront préoccupées par leurs résultats plutôt que par le mécénat sportif." Le président de Bergerac a d'ailleurs récemment rédigé un courrier à destination de la FFF au nom d'un collectif, qui se veut discret, d'une cinquantaine de clubs de National 2 qui souhaitaient, de manière unanime, alerter la fédération sur les conséquences économiques de l'épidémie de coronavirus. En revanche, pas de consensus entre ces clubs sur la reprise ou non des compétitions.
Un consensus que Michel Gendre, qui participe aux réunions actuelles de la FFF en tant que membre du Bureau exécutif de la Ligue de football amateur (LFA), juge hautement improbable : "Les décisions ne font pas plaisir à tout le monde, on le sait. Mais il faut tous travailler dans le même sens pour avoir la moins mauvaise solution possible et qu'il y ait le moins de réclamation possible."
Le montant du fonds pas encore connu
La possibilité de terminer la saison en juillet crispe également les présidents de clubs. "Si nous avions repris rapidement, nous aurions eu du mal à boucler la saison régulière financièrement", explique Christophe Fauvel. "Alors comment est-il possible d'imaginer financer un ou deux mois de plus ?" De manière à rassurer et venir en aide aux clubs amateurs les plus en difficulté, la FFF a également précisé dans le communiqué de vendredi qu'elle mettait en place "un fonds exceptionnel de solidarité". Une aide non négligeable, mais impossible d'en connaître le montant pour le moment. "C'est un effort très important fait par la FFF", souligne Jean-Pierre Scouarnec, président de l'USL Dunkerque. "Mais de là à dire que ce sera suffisant, on ne sait pas." "C'est un pansement, mais il restera des cicatrices", juge pour sa part François Jacob, président de Blois (N2).
Afin de préparer au mieux l'exercice suivant, ce dernier est "partisan d'une saison blanche. C'est de la faute de personne pour cette année. Et je suis pour qu'on ne fasse pas la 'connerie' de flinguer deux saisons." Une position que défend Christophe Fauvel, dont la résignation contraste avec le jusqu'au-boutisme de certains, signe de la division qui règne au sein du football amateur : "La saison sportive, ce n'est pas qu'on l'a oubliée, mais quasiment. On est passé à autre chose."
Propos recueillis par Michel Goldstein et Denis Ménétrier
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