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Le Portugal de Ronaldo ressasse les occasions manquées

Le Portugal, qui affronte l’équipe de France ce samedi à Saint-Denis, possède une forte tradition footballistique. Il a sorti de grands joueurs mais ne peut être considéré comme un grand pays de foot. Cristiano Ronaldo, comme Eusebio ou Luis Figo avant lui, n’a pas réussi à installer durablement la sélection portugaise sur le devant de la scène. A 29 ans, il ne lui reste plus beaucoup d’occasions pour y parvenir.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
 

Contrairement aux cinq grands pays européens et aux Pays-Bas, le Portugal n’est pas un grand pays de football. Si ses grands clubs ont brillé sur le continent, il n’en va pas de même pour la sélection nationale qui a connu de longues périodes de disette entrecoupées de quelques grandes performances sans lendemain (demi-finale à la Coupe du monde 1966, à l’Euro 1984, à l’Euro 2000).

Un frémissement au début

L’émergence de Cristiano Ronaldo au début des années 2000 a d’abord redonné de l’envergure à la Selecçao qui semblé changer de statut (finale à l’Euro 2004 contre la Grèce, demi-finale au Mondial 2006 face à la France) avant de rentrer de nouveau dans le rang depuis –hormis une demie à l’Euro 2012 perdue aux tirs au but devant l’Espagne-.

Les Lusitaniens, éliminés dès les huitièmes de finale de la Coupe du monde 2010, n’ont même pas franchi le premier tour de la dernière édition brésilienne, certes virés d’un groupe pas évident (Allemagne, Etats-Unis, Ghana). Pire, ils ont dû passer par les barrages pour se qualifier dans les grandes compétitions, en 2009, 2011 et 2013, sortant la Bosnie à deux reprises puis la Suède.

CR7 pas décisif dans les grandes compétitions

Ronaldo, souvent décisif lors des qualifications, a parfois brillé lors des grands tournois estivaux. Mais la star du Real est trop rarement parvenue à booster son pays pour lui permettre de jouer la gagne. S’il compte 50 buts en 114 capes sous le maillot rouge depuis sa première sélection contre le Kazakhstan en août 2003, le natif des Açores a souvent déçu dans les grandes occasions. Son rendement à l’Euro (2 buts en 2004, un en 2008, 2 en 2012), comme au Mondial (un but en 2006, un en 2010, un en 2014), s’avère nettement insuffisant pour un joueur de sa trempe.

Juste avant le premier match contre l’Allemagne (0-4) en juin, Ronaldo prédisait "l’année du Portugal". Après le deuxième match contre les Etats-Unis (2-2), il se rétractait pour s’avouer vaincu avant l’heure : "Nous n’avons jamais été favoris. C’était une erreur d’entretenir l’illusion que le Portugal pourrait être champion du monde". Un constat terrifiant pour un joueur qui veut toujours tout gagner.

"Le Portugal ne peut pas être champion du monde"

Mais la différence entre le fuoriclasse du Real et le capitaine du Portugal est limpide. A Madrid, Ronaldo est entouré de grands joueurs qui contribuent à son rayonnement en l’alimentant de bons ballons (Benzema, Bale, Modric, Kroos, James Rodriguez ou même Di Maria, parti cet été). Avec l’équipe du Portugal, il ne bénéficie pas de conditions aussi avantageuses et d’un collectif rodé comme il faut. Moutinho, Tiago, Quaresma ou Nani restent des bons joueurs mais ils ne comptent pas parmi les cadors du continent. La preuve ? Sans Ronaldo, blessé début septembre, le Portugal s’était incliné à domicile face à la modeste Albanie (1-0 à Aveiro).

C’est un fait. La Selecçao ne peut se priver de sa star. Mais si CR7 est indispensable pour emmener les siens à l’Euro 2016, il ne parviendra pas à faire du Portugal un grand du football mondial, capable de remporter un grand trophée. En clair, Ronaldo est une condition nécessaire mais pas suffisante. Dommage pour les Portugais.

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