Le Qatar, cible de nouvelles accusations
A huit ans du coup d'envoi de la Coupe du monde dans le richissime émirat gazier du Golfe Persique, la polémique n'en finit pas de rebondir sur les modalités d'attribution de la compétition par le comité exécutif de la FIFA, le 2 décembre 2010 à Zurich. La nouvelle salve est encore venue de la presse britannique, à la pointe sur le sujet et qui ne cesse de dénoncer un système présumé de corruption ayant abouti à la désignation du Qatar. L'Angleterre était candidate à l'organisation du Mondial-2018, confiée à la Russie.
Pots-de-vin
Le Sunday Times précise être en possession de milliers de courriels et d'autres documents attestant de présumés versements d'argent effectués par le Qatarien Mohamed Bin Hammam, alors membre du Comité exécutif de la FIFA et radié à vie en 2012 pour corruption. Ces documents tendent à démontrer que Bin Hammam, qui était également président de la Confédération asiatique, se servait de caisses noires pour verser des sommes en espèces à des personnalités éminentes du football international afin d'obtenir un soutien massif à la candidature du Qatar.
Le journal britannique ajoute que Bin Hammam a versé des pots de vin à hauteur de 200.000 dollars sur des comptes contrôlés par les présidents de 30 fédérations africaines et a organisé des soirées caritatives en Afrique au cours desquelles il a également délivré des fonds pour soutenir la candidature du Qatar. Toujours selon le journal britannique, Bin Hammam aurait aussi versé 1,6 million de dollars sur des comptes appartenant à l'ex-président de la Concacaf Jack Warner, également ex-vice président de la Fifa démissionnaire en juin 2011. 450.000 dollars lui auraient été versés avant le vote pour désigner le pays organisateur du Mondial-2022.
Le Daily Telegraph avait déjà pointé il y a deux mois le rôle trouble joué par Jack Warner, expliquant que des membres de sa famille auraient reçu environ 1,43 millions d'euros d'une entreprise du Qatar détenue par Mohamed Bin Hammam. Ces révélations interviennent à une semaine du Congrès de la Fifa, du 9 au
12 juin à Sao Paulo, où le président Joseph Blatter devrait annoncer sa candidature pour un 5e mandat. Le dirigeant suisse âgé de 78 ans, lancé dans une pré-campagne électorale, ne cesse depuis des mois d'exprimer des réserves au sujet du Qatar sans remettre en cause la tenue du tournoi dans l'émirat.
Blatter, qui avait voté en faveur de la candidature des Etats-Unis, a ainsi reconnu le 16 mai que confier l'organisation du Mondial-2022 au Qatar en été avait été une "erreur" et pointé des pressions politiques de la France et de l'Allemagne pour favoriser ce pays où les températures frôlent les 50° en juin-juillet.
Mais cette intervention reste limitée, car si Sepp Blatter s'est prononcé pour la tenue du Mondial-2022 en hiver, il a toujours indiqué que la compétition se jouerait bel et bien au Qatar. Et donc, il n'a pas remis implicitement en cause le choix du Comité exécutif, en dépit des nombreux avertissements. En août 2012 cependant, l 'ancien procureur américain Michael Garcia, à la tête de la chambre d'instruction du nouveau comité d'éthique, indépendant de la Fifa, avait annoncé qu'il allait enquêter sur l'attribution des Coupes du monde 2018 et 2022 afin de distinguer "allégations" et "informations". Depuis, il n 'y a plus eu aucune information. Sauf celles développées par les journaux britanniques et contre lesquelles, pour l'instant, ni la FIFA ni les autorités du Qatar n'ont réagi.
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