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Le sport français se conjugue un peu plus au féminin

La parité est encore loin d'être respectée dans le monde du sport, mais quelques progrès sont tout de même à noter, que ce soit dans la féminisation des postes clés, ou même dans la médiatisation des sports féminins. Petit éclairage sur la question, à l'occasion des 24H du sport féminin.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Voir une femme entraîner une équipe professionnelle aurait été impensable il y a encore peu de temps. La nomination de Corinne Diacre à la tête de l'équipe de Clermont Foot n'est d'ailleurs pas passée inaperçue, mais depuis quelques mois, tout le monde ou presque a l'air de se faire à cette idée. Ce n'est pas pour rien que l'ancienne internationale refuse désormais systématiquement les interviews sur ce sujet. En football, sport machiste par excellence, la féminisation a clairement pris une nouvelle dimension.

Les performances des clubs féminins et de l'équipe de France, mais aussi la volonté politique y sont pour beaucoup. Première femme arbitre de champ en Ligue 2 depuis cette saison, Stéphanie Frappart fait partie de ces nombreuses femmes qui ont fait bouger les mentalités. Le fait d'être une femme lui sert même peut-être plus qu'il ne la dessert, car cela met un peu plus de distances avec les joueurs, qui sont –pour le moment- plus respectueux. Elle s'est sentie "bien accueillie par l'ensemble des clubs et par les joueurs", et n'a pas eu à déplorer d'"insultes, d'intimidation, ou de pression."

Arthaud, Pérec, Manaudou et les autres

Que ce soit dans le football, ou dans bien d'autres sports, les femmes prennent de plus en plus de place dans le sport français. Ce sont d'abord des performances réalisées par des personnalités exceptionnelles qui ont permis de casser certains clichés. Première participante à la Route du Rhum en 1978 (11e place), Florence Arthaud fait incontestablement partie de ces pionnières qui ont fait taire les observateurs les plus sceptiques, et bien souvent aussi, leurs propres confrères. Même si pour celle que l'on surnomme encore 'la petite fiancée de l'Atlantique', "il y a plus de machos à terre qu’en mer…"

On pourrait citer également Suzanne Lenglen au tennis, Marielle Goitschel en ski, Michèle Mouton en sports mécaniques, Jeannie Longo en cyclisme, Marinette Pichon en football, Marie-José Pérec en athlétisme, Céline Dumerc en basket, ou Laure Manaudou en natation. Toutes ces grandes sportives ont au fil de leurs exploits, donné du crédit au sport féminin. Le cas de Manaudou est d'ailleurs assez évocateur, car c'est bien la protégée de Philippe Lucas qui a tiré tout une discipline vers le haut, femmes et hommes compris. Et elle n'est pas totalement étrangère à l'explosion sportive et médiatique de son frère Florent.

Vers la parité au sein des Fédérations

Au-delà des exploits sportifs, la place des femmes dans le sport évolue aussi dans les postes clés, grâce à la volonté des politiques. Que ce soit au sein des diverses Fédérations ou au sein même du pouvoir politique, il existe aujourd'hui une vraie volonté de donner plus de responsabilités aux femmes. Lorsque Najat Vallaud-Belkacem était encore Ministre des Droits des femmes (de mai 2012 à mars 2014), l'une de ses priorités avait été de renforcer la part des femmes au sein des instances fédérales. Elle avait fait adopter en août dernier une loi-cadre sur l'égalité hommes-femmes. Par exemple, dans le cas des Fédérations où les femmes représentent un quart des licenciés, "une proportion minimale de 40% des sièges pour les personnes de chaque sexe" doit être garantie. Jusqu'à présent, seules 12 Fédérations peuvent se targuer d'approcher de la parité hommes-femmes.

Les médias encore timides

C'est aussi grâce à ces performances que les médias ont de plus en plus braqué leurs projecteurs sur le sport féminin. Mais il reste encore quelques préjugés à effacer. Avec une part de seulement 7% des évènements sportifs, les sports féminins sont encore loin de bénéficier d'une place prépondérante dans le paysage audiovisuel français. Et la multiplication des chaînes de sport ne coïncide pas forcément avec une plus grande présence des sportives de haut niveau sur le petit écran. Il suffit de regarder le nombre de femmes parmi les journalistes sportifs pour se rendre compte qu'il y a encore une bonne marge de progression…

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