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Légendes du Brésil : Garrincha

Manoel Francisco dos Santos, plus connu sous le nom de Garrincha, est avec Pelé l'idole absolue du peuple brésilien. Mais là où son compatriote a construit patiemment sa légende, Garrincha a semblé prendre un malin plaisir à détruire la sienne. Ailier insaisissable, au dribble unique mais imparable, il a connu la gloire et deux victoires en Coupe du monde avant de sombrer dans l'alcool et de mourir ruiné. Retour sur le destin tragique du joueur le plus imprévisible de l'histoire.
Article rédigé par Julien Lamotte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
Garrincha déborde le milieu de terrain portugais Hilario lors d'un match amical datant de 1962 (ARCHIVE / AG?NCIA ESTADO)

Garrincha, c'est d'abord un dribble. Ses adversaires, les spectateurs, le monde entier le connaissaient. D'abord une feinte de départ à gauche, vers l'intérieur, puis grâce à un transfert du poids du corps réalisé à la vitesse de l'éclair, un brusque démarrage à droite de l'extérieur du pied. Le contrepied parfait. Tous les défenseurs savaient que l'ailier brésilien allait leur faire le coup et pourtant il passait à chaque fois. Car si le geste était invariablement le même, la vitesse d'execution était telle que l'adversaire se retrouvait le nez dans le gazon. Né avec les jambes arquées, qui l'aidaient dans sa propulsion et son mouvement de balancier, Garrincha a toujours assuré n'avoir jamais travaillé ce dribble. Il lui était naturel. En fait, tout, chez Garrincha, était naturel. Trop sans doute. Instinctif sur le terrain comme il l'était dans la vie, il n'a pas su déjouer les pièges de la notoriété mais il garde une place à part dans la mémoire des Brésiliens pour qui il représente, plus que Pelé lui-même, une forme de romantisme absolu. 

L'oiseau qui s'est brûlé les ailes

Né dans la pauvreté de parents amérindiens, Garrincha tire son surnom d'un oiseau très populaire au Brésil et qui préfère mourir que de se laisser attraper. Funeste présage diront certains. Refusé par les plus grands clubs brésiliens au début de sa carrière, l'oiseau va prendre son envol à Botafogo où ses prestations lui valent une première participation à la Coupe du Monde 1958 en Suède. Eclipsé par la révélation Pelé, il attendra la suivante pour éclore totalement. En 1962, au Chili, tous les espoirs auriverde reposent sur lui depuis que Pelé a dû quitter la compétition, blessé. Le fantasque Garrincha supportera la pression jusqu'au bout et conduira le Brésil vers sa 2e étoile de champion du monde. A ce moment, le dribbleur fou est au sommet de sa gloire. La chute n'en sera que plus dure. 

Rattrapé par les blessures et surtout l'alcoolisme, Garrincha sombre dans toutes les sortes d'excès (on ne compte plus le nombre  de ses enfants illégitimes). S'il fait encore partie de la campagne brésilienne de 1966, ses performances déclinent aussi vite qu'il déboulait jadis sur son aile droite. Ruiné, accumulant les expériences malheureuses dans des clubs de seconde zone, il est également impliqué dans un accident de voiture qui coûta la vie à l'une de ses maîtresses, la chanteuse Elsa Soares. Garrincha meurt d'une cirrhose liée à son alcoolisme le 20 janvier 1983. Le Brésil pleure son enfant terrible. A force de dribbler la mort Garrincha avait fini par se faire contrer. 

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