Légendes du Brésil : Ronaldinho
C'est l'histoire d'un homme qui, s'il avait conservé une hygiène de vie décente, aurait pu devenir l'égal de Pelé, mais qui en a décidé autrement. Ronaldinho, présentement joueur de l'Atlético Mineiro, aimait les dribbles, les frappes enroulées, les frappes millimétrées, mais affectionnait au moins autant les sauteries endiablées et les boissons distillées. Lorsqu'il rejoint Paris en 2001, le Brésilien a 21 ans, toutes ses dents (détail important), et laisse alors son génie exploser aux yeux de l'Europe. Entre une coupe du monde en 2002, un ballon d'or en 2005 et une Ligue des Champions en 2006, le génie auriverde a remporté les trois distinctions les plus gratifiantes pour un footballeur, mais a précocement stoppé sa progression. C'est l'histoire d'un homme qui, même s'il a perdu le fil après le Mondial 2006, a gagné le droit d'être nommé parmi les légendes brésiliennes.
De 2001 à 2006, il marche sur tout le monde
Il débarque donc au PSG, au début du deuxième millénaire. Alors âgé de 21 ans, "Ronnie" fait déjà les choux gras de la presse sportive en Amérique du Sud, et ne tardera pas à faire de même sur le Vieux Continent. D'ailleurs, quelques mois avant l'arrivée du crack à Paris, Diego Maradona était déjà persuadé qu'il deviendrait le meilleur joueur du monde. Ronaldinho met quelques à mois à s'adapter à l'aprêté du championnat français, mais semaine à semaine, le prodige devient plus décisif. Ses dribbles incroyables déjà font le tour du monde, et comme les grands joueurs qui ont marqué l'histoire, fait d'un geste technique particulier - "l'élastico" - sa marque de fabrique (même si Ronaldo en était aussi friand). Et surtout, en 2002, il remporte le Mondial coréen avec la Seleçao. A 22 ans, "Ronnie" est l'un des grands artisans du sacre brésilien - son coup-franc magistral contre l'Angleterre en quarts restera ancré dans les mémoires. Ses prestations remarquées le font définitivement entrer dans une autre dimension. En 2003, il pousse la porte de la Masia, et accomplit des merveilles sur l'aile gauche du Barça. En 2005, il est sacré ballon d'or, avant de remporter la Ligue des Champions avec les Blaugrana en 2006.
2006-2014 : si le football l'aimait, Bacchus aussi
C'est donc tout fraîchement auréolé d'une victoire en C1 qu'il s'envole avec la Seleçao en 2006, pour disputer la Coupe du Monde en Allemagne. Curieusement, Ronaldinho réalise une compétition de piètre qualité, sans marquer de but et sans délivrer de passe décisive. Pire, suite à l'élimination du Brésil par la France, une statue représentant le joueur a même été détruite par le feu. Symbole d'une fracture entre le crack et son prodige, qui lui reproche déjà une hygiène indécente. Au retour du Mondial, le fêtard invétéré reste sur sa lancée et sombre complètement. Ronaldinho multiplie les sorties, ne jure plus que par Bacchus (le Dieu grec de la fête et du vin) et perd de vue son métier de footballeur. Dans une équipe qui a désormais Messi pour génie attitré, Ronaldinho n'a plus sa place. En 2008, il est cédé à l'AC Milan, où il reproduit le même schéma : le travail, le génie, puis la chute. Après deux années et demi mitigées en Lombardie, Ronnie revient aux sources, s'engage avec le club brésilien de Flamengo, avant de rallier l'Atlético Mineiro en 2012.
C'est l'histoire d'un homme qui, même s'il a perdu le fil après le Mondial 2006, a gagné le droit d'être nommé parmi les grandes légendes brésiliennes. Et les prothèses dentaires, qu'il s'est récemment payées pour la modique somme de 50000€, n'y changeront rien.
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