Légendes du Brésil: Tostão
En 1970, le Mexique a vu l’ouragan Jairzinho, la foudre Rivelino et le Roi Pelé réciter une partition sans fausse note. Pour faire briller cette constellation, ne manquait qu’un rouage : il s’appelait Tostão. "J'étais le point d'ancrage en attaque, je mettais sur orbite nos extra-terrestres. Ce dont la Seleção avait besoin, et je l'avais pressenti, c'était un joueur technique, intelligent, bon passeur, et pas d'une autre machine à marquer des buts", témoigne l’attaquant de Cruzeiro. Malgré son statut de meilleur buteur du championnat brésilien, le natif de Belo Horizonte accepte de rester dans l’ombre du trio Pelé, Rivelino, Jairzinho pour gagner les faveurs du sélectionneur Mario Zagallo, remplaçant de João Saldanha quelques mois avant le Mondial. "Zagallo voulait un avant-centre, mais c'est le meneur de jeu de Cruzeiro qu'il a trouvé."
L'étoile du Cruzeiro
Au Mineirão, Tostão est une idole. Sous son règne, le club du Minas Gerais gagne ses lettres de noblesse en même temps que son premier titre national (1966). Les journaux n’hésitent pas à consacrer le prolifique avant-centre "nouveau roi du football." "Je ne savais pratiquement pas frapper du droit, j'avais un jeu de tête médiocre car je fermais les yeux en sautant, j'étais lent pour prendre les espaces et j'étais incapable de tirer en dehors des 18 mètres", affirme pourtant l’intéressé, qui oublie de vanter sa formidable vision de jeu. De ses yeux viennent la lumière, puis le crépuscule. En septembre 1969, au Pacaembu de São Paulo, le violent dégagement du défenseur des Corinthians Ditão touche l’œil gauche de la star, victime d’un décollement de la rétine. Cet incident ne l’empêche pas de guider un Brésil ultra-offensif (19 buts en 6 matches) lors de la Coupe du monde 1970 mais il compromet la suite de sa carrière.
Professeur puis journaliste
Meilleur joueur sud-américain de l’année 1971, Tostão connaît ses dernières heures de gloire. Deux ans plus tard, son œil fait à nouveau des siennes et les médecins lui interdisent la pratique du football de haut niveau, à 26 ans. Petit, le joueur aux 29 buts en 53 sélections aimait se frotter aux plus grands, d’où son surnom (Tostão veut dire "centime", soit la petite pièce brésilienne). En dehors du football, il conserve cette habitude, menant à bien des études de médecine, puis une carrière de professeur d’université. Lors du Mondial 1994, il reprend contact avec le monde du ballon rond en tant que chroniqueur. Au service de sa plume, son œil aiguisé fait à nouveau merveille.
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