Les Bleues, nouvel étendard du foot français
Quelle bouffée d'air frais. Quel bonheur. Une équipe de France unie, développant un jeu alerte, gagnant, se qualifiant et rayonnant de francs sourires, cela faisait longtemps que le football français n'avait pas affiché un tel visage.Si cela fait du bien aux spectateurs, cela fait surtout du bien aux instances dirigeantes, bien malmenées depuis de longs mois, entre Knysna, le licenciement de Raymond Domenech, l'affaire des quotas, sans oublier une élection fédérale au couteau. Et comme souvent, ce sont les femmes qui ont amené cette pointe de légèreté, ce soupçon de pacification dans ce monde de brutes.
Certes, les plus machos rapporteront cela à la plastique. Sans doute des hommes qui n'ont jamais vu un match de l'équipe de France actuelle. Si leur beauté physique est un atout, c'est surtout leur jeu qui les fait briller. Techniques, à l'image des Necib, Abily ou Thiney, physiques, à l'image de Georges, Bussaglia ou Delie, les Françaises rayonnent sur les terrains. Sans vice, sans contestation, le football féminin est à des années lumières des hommes. Et c'est une qualité. Contre le Canada, après une entrée poussive contre le Nigéria, les Bleues ont d'abord répondu au défi physique, avant de retourner la tendance des premières minutes grâce à un positionnement tactique adapté, un engagement à la hauteur, et une belle intelligence dans le jeu. Sans oublier le talent. "C'est bien que l'équipe ait su ce soir mettre le bleu de chauffe", constatait Bruno Bini, l'heureux sélectionneur sur le site internet de la FFF. "Tout le monde a mis les mains dans le cambouis. C'est une faculté que nous n'avions pas il n'y a pas si longtemps. C'est sans doute notre projet de vie qui nous a permis ce type de progrès."
Quart de finaliste de l'Euro-2009, l'équipe de France féminine s'est qualifiée en fanfare pour les quarts de finale de la Coupe du monde, pour la première fois de son histoire. En battant le Canada (4-0), elle s'est invitée au rang des nations qui comptent. Cela était déjà un peu le cas depuis la phase de qualifications, où elles n'avaient pas perdu un seul match ni concédé un seul match nul, n'encaissant aucun but jusqu'au match de barrage contre l'Italie, qu'elles sont allées vaincre chez elles (3-2) après avoir concédé le nul à l'aller (0-0) à Besançon. Désormais leader du groupe A, elles peuvent contre-dire tous les pronostics en sortant à la première place si elles font au moins match nul contre l'Allemagne, tenante du titre et grande favorite à domicile. Face à la référence mondiale, les Françaises vont tester leur jeu fait de dédoublements, de passes courtes sans oublier quelques longes ouvertures pour Delie, auteur de 22 buts en 21 sélections, ou la fusée Thomis, remplaçante de luxe de la Montpellieraine.
Si l'équipe de France est aussi brillante, ce n'est pas un hasard. Ce groupe se connaît depuis longtemps, est menée par des joueuses d'expérience (la capitaine Soubeyrand compte 162 sélections, Sonia Bompastor 129) et de jeunes talents (Marie-Laure Delie 23 ans, Louisa Necib 24 ans, Eugenie Le Sommer 22 ans...), qui ont pu progresser et se bonifier dans un championnat de France qui monte en régime, à l'image d'un Olympique Lyonnais, d'où sont issues 10 des 21 joueuses, victorieux de la Ligue des Champions voici quelques semaines. Avec cette expérience, Bruno Bini espère bien que son équipe ne tombera pas dans le même écueil qu'en 2009, où la France s'était inclinée aux tirs au but face au Pays-Bas en quarts de finale: "Tout le monde était heureux d'une qualification historique en quarts. Peut-être cela nous a-t-il empêché de rejoindre le dernier carré", se souvient-il sur le site de la FFF. Le match contre l'Allemagne devrait maintenir tout le monde sous pression et ainsi éviter la décontraction coupable.
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