Les Bleus de Blanc à la croisée des chemins
Peut mieux faire. Voilà l'appréciation qu'on pourrait porter sur le bilan de Laurent Blanc depuis l'été 2010 et sa prise de fonction. Ce commentaire signifie que l'ancien entraîneur des Girondins de Bordeaux a certes amélioré les choses depuis le fiasco du Mondial, tant au niveau de l'état d'esprit qu'en ce qui concerne les résultats l'un allant souvent de paire avec l'autre, mais qu'il doit maintenant passer à la vitesse supérieure afin de valider ses acquis. Un peu comme un élève doué mais qui n'a pas encore donné sa pleine mesure. Bien lancée dans son groupe malgré deux contretemps face à la Biélorussie, l'équipe de France doit valider son ticket lors de cette rentrée sans attendre le dernier match contre la Bosnie le 11 octobre. Pour avoir vécu France/Israël puis France/Bulgarie 1993 comme joueur, Blanc sait mieux que quiconque qu'il n'est jamais heureux d'attendre le dernier moment pour bien faire.
Blanc a dégagé une ossature
En une grosse année, le sélectionneur a pu jauger de nombreux joueurs et son principal mérite réside dans son choix d'un axe fort, d'une colonne vertébrale forte de titulaires en puissance même s'il refuse de le confirmer: Lloris dans la cage, Abidal derrière, M'vila au milieu et Benzema devant sont déjà des cadres du onze de départ dans l'esprit de Blanc. Pour différentes raisons d'ailleurs. Mandanda n'a jamais démérité mais il reste très difficile de faire tourner sur un poste aussi spécifique que gardien de but. Abidal évolue parfois à gauche, parfois en charnière centrale, mais il reste le taulier de la défense de par son statut. M'vila a pris une nouvelle dimension depuis l'automne dernier et il constitue la référence du sélectionneur qui aime ce subtil mélange de dissuasion physique et d'aisance technique. Quant à Benzema, Blanc a souvent loué ses efforts pour revenir à son meilleur niveau. Il sait que l'attaquant du Real n'a pas d'égal en France pour peu qu'il évolue à son meilleur niveau ce qui est le cas cette saison.
Le vrai problème de Blanc provient de l'axe défensif. L'ancien libero des Bleus pensait avoir trouvé son tandem avec Rami-Mexès mais les blessures et la suspension du premier pour le match en Albanie- sont venues contrecarrer ses plans alors que tout roulait de ce côté-là. Certes, Kaboul, Koscielny et Sakho (indisponible en ce moment) sont de bons éléments mais ils ne rassurent pas totalement Blanc qui préfère souvent décaler Abidal pour palier ce manque d'expérience. Sur les flancs, c'est un peu plus clair: Sagna devance Réveillère à droite et Evra conserve ses prérogatives à gauche quand Abidal ne peut pas y jouer. Clichy n'est plus dans les papiers.
Trop de talents peut-il nuire ?
Dans l'entrejeu, la donne a été en partie redistribuée avec des gagnants et des perdants. Alou Diarra n'est plus indiscutable alors que Blanc en avait fait un des ses hommes de base au départ de l'aventure (c'est lui qui a été le plus de fois capitaine). Son déchet technique rédhibitoire par rapport à ses concurrents le défavorise clairement. Matuidi (le nouveau Makelele) ou Cabaye (très technique) partent avec des a priori positifs, au contraire d'un Toulalan que Blanc n'a jamais appelé depuis sa prise de pouvoir. Pour les milieux offensifs, il y a pléthore de prétendants: du régulier Malouda à la révélation Marvin Martin en passant par les revenants Nasri et Ribéry, le feu-follet Menez ou le précieux Valbuena, ça ne manque pas de talent. Que deviendra le convalescent Gourcuff lorsqu'il refoulera les pelouses ?
A l'attaque enfin, le chantier reste vaste malgré les promesses affichées par certains (Benzema bien sûr mais aussi Gameiro ou Rémy). Hoarau, finalement out cette fois-ci, semble perdre des points par rapport à des valeurs sûres comme Gomis (brillant avec Lyon) ou Cissé (qui plante avec la Lazio). Mais dans le système de Blanc avec une seule pointe, les places valent chères et les deux derniers cités ont du travail pour se frayer un chemin. Dans un peu plus d'un mois, à la fin des éliminatoires, on en saura davantage sur les intentions véritables d'un sélectionneur qui progresse à son rythme, sans oublier que son véritable objectif n'est pas de se qualifier pour l'Euro polono-ukrainien mais bien de le gagner.
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