Cet article date de plus de quatorze ans.

Les Bleus victorieux dans la pataugeoire

Sur un terrain gorgé d'eau et sous la pluie, le XV de France a dominé les Fidji (34-12) lors de son premier test-match de l'automne. Une mêlée conquérante dans des conditions de jeu très difficiles, voilà ce qu'on retiendra de cette rencontre qui a permis de voir de nouveaux joueurs sous le maillot Bleu. L'Argentine, la semaine prochaine à Montpellier, sera un tout autre défi, comme l'ont vérifié les Italiens, battus aujourd'hui par les Pumas.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 10min
 

Les différences étaient connus. La pluie n'a fait que les amplifier. Pour le premier test-match de l'automne, l'équipe de France défiait une formation fidjienne toujours très joueuse, toujours imprévisible, mais toujours inférieure dans les zones de conquête. Le terrain gorgé d'eau, les gouttes de pluie tombant sur la Beaujoire, tout cela n'a pas permis d'aboutir à un match de haut niveau, chacun tentant d'abord de garder le ballon au près. Très loin donc des qualités innées des Fidjiens. Et si Marc Lièvremont et ses adjoints avaient décidé de procéder à quelques essais avec des inexpérimentés en match international (Schuster, Ducalcon, Estebanez, Arias, Porical), il leur est bien difficile de pouvoir faire un bilan personnalisé.

Dans un jeu forcément restreint, c'est d'abord la mêlée tricolore qui a concassé son homologue, remettant dans le sens tout le collectif. Sur une mêlée écroulée, Dimitri Yachvili égalisait à (6-6) à la 20e minute, Baï ayant donné l'avantage aux siens après deux pénalités (14e, 18e) répondant à l'ouverture du score du Biarrot (2e). Peu à peu, la France maîtrisait un peu mieux la rencontre, Yachvili tentant de trouver sur l'aile Médard grâce à un coup de pied qui filait sous le nez du Toulousain (25e). Sur une pelouse plus que glissante, le coup était osé, mais perdant, tout comme le drop mal ajusté de Traille (26e). La machine connaissait quelques ratés, comme sur cette perte de balle sur une mêlée tricolore dûe à une mauvaise communication entre Harinordoquy et Yachvili, qui renvoyait les Bleus dans leurs 22m (30e). Le tournant de la rencontre intervenait à la 33e minute, sur une pénalité ratée par le demi de mêlée du BO. A la réception, le Clermontois Nalaga n'était pas attentif et ratait la réception dans son en-but, ce dont profitait Marty pour aplatir le premier essai cocasse du match (13-6). Yachvili ajoutait une pénalité dans les arrêts de jeu pour rentrer aux vestiaires avec un net avantage (16-6).

La deuxième période débutait bien mal pour les Fidji. Le coup d'envoi raté n'était qu'un prélude à un nouvel essai tricolore, fruit d'une perte de balle dans les 22m récupérée par Yachvili qui transmettait à Estebanez dont le coup de pied trouvait cette fois Médard sur son aile. Un petit numéro de funambule pour ne pas mettre le pied en touche et le Toulousain inscrivait le deuxième essai (42e, 21-6). En essayant de jouer un peu plus, les joueurs de l'hémisphère Sud poussaient le XV de France à la faute, mais Yachvili répondait bien à Bai (24-6 à la 46e, 24-9 à la 50e, 24-12 à la 55e, 27-12 à la 57e). La mêlée française était directement récompensée par un essai de pénalité après plusieurs séquences sous les poteaux adverses (68e, 34-12). La fin de match voyait le staff tricolore effectuer de nombreux changements, et les Fidjiens imposer un peu plus leur jeu. Une dernière tentative tricolore dans les arrêts de jeu échouait sur la ligne d'en-but, pour aboutir à cette victoire (34-12).

Jamais mise en danger, l'équipe de France peut se réjouir de n'avoir jamais perdu le fil du match, d'avoir eu la confirmation que même dans ces conditions Jérôme Porical est solide sous les ballons hauts en plus d'être un bon relanceur. La semaine prochaine, ce sera un tout autre match à Montpellier contre les Argentins.

"Quand je me suis levé ce matin, je me suis dit: ce soir tu seras difficilement comblé vu les conditions météo, je me doutais qu'on allait avoir un match qui allait nous laisser sur notre faim", expliquait Marc Lièvremont après le match. "Maintenant, j'ai deux sentiments un petit peu opposés, à savoir la satisfaction d'avoir passé l'obstacle avec pas mal de jeunes joueurs, des nouveaux cappés, d'avoir été solidaires, d'avoir assuré l'essentiel. Et puis en deuxième mi-temps mi-temps avec un peu de suspense et de stress sur le sort du match, j'aurais voulu un peu plus. Je me suis rarement aussi énervé qu'à la fin de la deuxième mi-temps. J'ai commencé à m'énerver à la sortie d'Imanol", le changement n'étant pas prévu et ayant été source de mauvaise communication entre la tribune et le banc. Mais son énervement couvrait également le manque de relief de certaines performances parmi les nouveaux venus: "Même si ce sont de jeunes joueurs, même si les conditions étaient difficiles, il faut faire plus et être plus ambitieux en termes de maîtrise, de sérieux et de concentration". Quant à la charnière, il s'est déclaré "content", "même si tout n'a pas été parfait".

Réactions

Julien Pierre (2e ligne du XV de France): "C'était un match compliqué car les conditions climatiques étaient très, très compliquées. On avait mis en place des choses à l'entraînement qu'on n'a pas pu mettre en place car c'était du jeu au large et ce n'était pas évident dans des conditions comme ça. Maintenant on gagne, on part avec 30 points, match dans l'ensemble correct. On fait rarement tous ce qu'on souhaite faire donc l'important c'est d'avoir gagné aujourd'hui et d'avoir ce match comme il fallait, par le bon bout. Après, il y a eu beaucoup de turnover (ballons perdus) aussi, moins de repères collectifs donc il fallait s'appuyer sur des repères simples comme la touche, la mêlée et la conquête et c'est ce qu'on a fait. Et on reverra tout ça à la vidéo. Pour la suite, on a une bonne revanche à prendre la semaine prochaine contre les Argentins."

Damien Traille (ouvreur du XV de France): "On aurait aimé produire plus de jeu pour se faire plaisir nous et faire plaisir au public aussi. Mais c'est comme ça, on a dû s'adapter aux conditions nantaises, avec beaucoup de pluie et de vent depuis quelques jours déjà. C'est un match où il n'y a pas eu beaucoup d'envolées, des deux côtés mais pour nous c'était important de retrouver le chemin de la victoire après cette tournée qui a été ratée cet été. Avec un ballon difficile à manoeuvrer, on a dû rester sur les bases et jouer avec les avants et essayer de mettre de la pression au pied. L'Argentine est la bête noire de l'équipe de France depuis quelques années déjà et il faut profiter de cette victoire pour travailler dans la confiance et hausser notre niveau. Sur un plan personnel, il y a eu du bon et du moins bon. J'ai essayé de faire jouer du mieux possible les avants, les 3/4, d'alterner avec du jeu au pied mais avec des conditions comme ça, il n'y avait pas trop les moyens de trop s'exprimer".

David Marty (centre du XV de France): "Sur mon essai, il y a de la réussite et de l'opportunisme. Un peu de chance aussi ! On savait qu'il y aurait de la pluie, on a eu la maîtrise sur le match à partir du moment où on a pris le score et ça s'est plutôt bien passé. La suite va être de plus en plus dure mais on va se préparer. L'Argentine c'est un autre niveau mais on sera un peu plus dans le Sud donc normalement il devrait faire meilleur (rires)".

Fulgence Ouedraogo
(3e ligne du XV de France): "Dans ces conditions, l'équipe fidjienne était sans doute un peu avantagée. C'est un match qui pouvait se débloquer sur une erreur individuelle ou un exploit personnel. Il fallait rester sérieux et appliqué. Malgré le manque de cohésion que l'on pouvait avoir, on a fait un match sérieux et c'est ce qu'il faut retenir. Cela prouve que l'équipe de France, c'est 30 joueurs et même plus que ça, et on peut compter sur tout le monde. C'est bien pour la cohésion du groupe. On verra si je joue, j'espère y être".

Julien Arias (ailier du XV de France): "C'est dommage car les conditions font qu'on n'a pas touché le ballon mais le plus important c'était que l'équipe gagne. On a joué avec sérieux dans ce qu'on a pu faire. Après, les individualités ce n'est très grave, c'est le collectif qui prime. Il fallait surtout ne pas perdre les ballons car on connaît la qualité de contre-attaque des Fidjiens. Les ballons que j'ai eus, il n'y avait pas trop d'espace. Il fallait qu'on essaie d'être sérieux et propre pour que le collectif n'en patisse pas. On est frustré car on veut toujours faire plus pour aider le collectif. Mais il y a encore deux matches dans cette tournée, on va essayer de démontrer autre chose".

Fabrice Estebanez (centre du XV de France): "Je sors en ayant tout donné. Je suis content que ma première sélection se termine par une victoire."

Jérôme Thion (2e ligne du XV de France): "Les conditions sont tellement difficiles que c'est difficile de juger les joueurs sur un match comme ça. Et puis il y avait beaucoup de turn-over, on va pouvoir se structurer dans la semaine. C'est comme ça, il faut faire avec."

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