Les familles du foot français se déchirent pour les droits TV
Après des semaines de débats nourris, la grande explication finale aura-t-elle lieu ? Alors qu'une assemblée générale doit débuter ce mercredi après-midi entre les 40 clubs de Ligue 1 et Ligue 2, les représentants des joueurs (UNFP), entraîneurs (Unecatef), arbitres (Safe), médecins (AMCFP), personnels administratifs (Snaaf) et de la Fédération, une nouvelle scission est apparue ce mardi.
Selon Le Parisien, les deux divisions professionnelles ne se parlent plus depuis que la Ligue 1 aurait refuser de déplafonner les droits TV de la Ligue 2 malgré une augmentation liée à l'arrivée du diffuseur Mediapro (1,217 milliard d'euros par an pour la période 2020-2024). La 2e division française perçoit 110 millions d'euros, soit 8 % environ de la somme globale, et souhaite monter à 12,4 %, ce qui leur offrirait un pactole de 162 millions d'euros. Pour la Ligue 1, ce sont 52 millions d'euros qu'il est inenvisageable de laisser filer. "Le collège de Ligue 1 a totalement méprisé la Ligue 2", s'est indigné auprès de l'AFP Claude Michy, le président de l'Union des clubs professionnels de football (UCPF), le syndicat de la grande majorité des clubs de deuxième division.
"Ils ont besoin d'argent pour leur club qui n'est pas très bien géré." (Claude Michy)
Michy dénonce un manque de solidarité de certains présidents "car ils ont besoin d'argent pour leur club qui n'est pas très bien géré". "onze clubs de L1 ont voté pour le déplafonnement, ce qui signifie qu'on a 31 clubs sur 40 (en comptant les 20 équipes de L2) qui sont d'accord pour une solidarité, une vie commune, pour développer le football de façon juste et équilibrée".
La semaine dernière, un "deal" semblait pourtant se dessiner. En échange de cette augmentation, les clubs de Ligue 2 s'engageaient à laisser plus de pouvoir aux dirigeants de la L1 dans les instances, via de futures réformes de gouvernance. Ce n'est visiblement plus la priorité des clubs après la crise du Covid-19 qui a fait valser les économies du foot français. Cette nouvelle répartition ne pourra être adoptée qu'à l'unanimité, pas une mince affaire. "Dans une situation critique où beaucoup de clubs sont énervés, l'unanimité va poser problème", relevait un dirigeant de L1 avant cet ultime rebondissement.
Le PGE menacé, Le Mans et Orléans relégués ?
Les clubs professionnels ont pourtant plusieurs sujets brûlants sur la table et auraient tout intérêt à s'entendre. Outre l'obstination de Jean-Michel Aulas a vouloir reprendre la saison pour sauver l'échec sportif de Lyon, la Ligue 1 a surtout besoin qu'on entérine le prêt de 224,5 millions d'euros garanti par l'état (PGE), contracté après le non-versement des échéances télévisuelles d'avril et juin par BeIN et Canal +. Cet argent est vital pour plusieurs clubs en grande difficulté. Huit doivent ainsi capter 75 % du prêt de la Société Générale.
La majorité des clubs de Ligue 2 souhaite elle un changement de format provisoire (à 22) pour accueillir les promus Pau et Dunkerque tout en conservant Orléans et Le Mans, lanternes rouges de L2 à l'issue d'une saison incomplète. "Tout le monde sait que, dans le football, la rétrogradation la plus violente est celle entre la L2 et le National. Près de 70% des clubs qui la subissent ne retrouveront plus jamais le professionnalisme et un club sur quatre sera amené à déposer le bilan", se justifient dans un communiqué les présidents orléanais et manceau.
L'heure de la réconciliation ?
Si l'actuelle convention liant LFP et FFF permet d'élargir la deuxième division jusqu'à "vingt-deux clubs au plus", le président de la Fédération Noël Le Graët n'a pas caché son hostilité face à un tel scénario. Et certains clubs de L2 sont réticents à partager la recette des droits TV en deux parts supplémentaires... Boulogne, 3e du National, rêve lui toujours de voir la L2 via la tenue d'un match de barrage contre Niort, 18e de L2. "Pour nous, monter est très, très important", confie à l'AFP le président Reinold Delattre, maintenant sa "confiance dans la sagesse des dirigeants" du football hexagonal.
Même son de cloche du côté d'Ajaccio, Troyes et Clermont, respectivement 3e, 4e et 5e de L2 et qui ne désespèrent pas: les maires de ces trois villes ont demandé par courrier à la Fédération l'organisation de play-offs et barrages à l'été... ce que la Ligue a d'ores et déjà exclu. Dans ce puzzle complexe, où les intérêts des uns s'accordent mal avec ceux des autres, une autre équation d'ordre financière vient compliquer la donne. Car sous l'égide de Le Graët, la Fédération a rappelé son souhait que les clubs professionnels "entérinent un accompagnement financier" en faveur du National et de la D1 féminine, deux compétitions gérées par la FFF.
Un magot à partager, des enjeux sportifs à clarifier: la réunion des familles du football français promet son lot d'intrigues et de disputes. La grande réconciliation est-elle possible ?
Avec AFP
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